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"Espace, couleur, lumière, signes, c'est une peinture instinctive et énergique, dans la lignée de l'expressionnisme abstrait..."


Lire la présentation de l'exposition (Anto Alquier)

Extraits de l'entretien des élèves avec Rob Van Veggel

Exploitation pédagogique en arts plastiques

Exploitation pédagogique  en français   


        

Exploitation pédagogique en Arts Plastiques 

En arts plastiques, les élèves ont travaillé sur la texture, la matière, la lumière, la couleur, la forme, la profondeur et les conséquences de  leur intéraction
les 6èmes : couleur...

Les 5èmes : profondeur

      

Les 4èmes :  figuration

Les 3èmes : répétition et rythme

  


Exploitation pédagogique en Français

 

Un tableau a été volé à la galerie bleue. Vous êtes détective et vous menez l’enquête.

Racontez en employant le vocabulaire du genre policier.

Présentation du vol / Déclencher l’enquête / Vérifier ses hypothèses /

Trouver la solution

 

 

Un tableau a été volé lors de l’exposition de Rob Van Veggel au collège Val d’Adour de Riscle durant la nuit du 12 octobre 2006.

Ont été retrouvées des empreintes de pas (du 42) provenant sûrement d’une chaussure de femme.

Moi, Hercule Poirot, j’ai été appelé pour enquêter sur l’affaire…

Je suis arrivé sur les lieux deux jours après le vol. Anto Alquier m’a tout expliqué.

En enquêtant, je me suis rendu compte que le malfaiteur, en voulant sectionner le fil qui retenait le tableau, n’avait pas pris soin de mettre des gants. Il avait donc laissé des empreintes.

Le jour suivant, je m’aperçus qu’il y avait un bout de tissu orangé accroché sur l’étiquette du tableau volé. Le voleur est probablement un débutant en la matière !

Quelques jours après le vol, nous avons eu des témoignages de plusieurs personnes, rentrant d’un spectacle de cirque, ayant vu une camionnette vers une heure du matin sortant du collège les feux éteints. La camionnette est passée sous un lampadaire, révélant ainsi sa plaque d’immatriculation, me raconta un couple.

" Avez-vous vu sa couleur ? demandai-je

- Oui, elle était vert foncé.

- Pouvez-vous me dire le numéro de sa plaque d’immatriculation ?

- Oui, c’était LW9382B32

- Avez-vous vu la personne qui conduisait la camionnette ?

- Oui, elle avait les cheveux longs et foncés

- Le conducteur était-il pressé ?

- Oui, et il semblait nerveux. Il est parti en direction du stade ; nous l’avons suivi. Là, trois personnes l’attendaient, probablement des complices. La camionnette a traversé l’Adour pour s’arrêter plus loin dans un bois.

- Merci pour votre collaboration ! "

Le soir venu, la secrétaire de la galerie bleue m’appelait pour me dire qu’ils avaient reçu un coup de téléphone des malfaiteurs demandant une rançon de 20000 €. Le coup de fil provenait d’un portable.

Nous nous sommes rendus dans le bois et nous avons trouvé la camionnette, la voleuse, ses complices et le tableau volé ! Les indications données par les témoins s’avéraient justes !

Rita et Marion (5ème)


 

J’envoie un message à un tableau en langage familier, courant, soutenu.

1 Je suis l’émetteur et il est le récepteur ; 2 Il est l’émetteur et je suis le récepteur.

 

Salut, moi j’suis Bernard le r’nard.

J’kiffe causer aux gars que j’connais pas. R’gardes mes neuneuyes et mes fringues m’rron aux c’leurs de l’tomne.

Mon blème: mon oreille fichue qui est cassée.

Bonjour, je suis Bernard le renard.

J’adore parler aux gens que je ne connais pas.

Regardez mes beaux yeux bleus et mes vêtements aux couleurs de l’automne.

Mon seul problème est mon oreille pliée, qui est cassée.

Bonjour, je me nomme Bernard le renard.

Ce qui me plaît le plus, c’est de m’adresser aux personnes que je ne connais point.

Admirez mes beaux habits de l’automne et mes beaux yeux bleus. Mon seul défaut c’est mon oreille pliée qui est désormais cassée!

Cindy et Mélanie (6èmes)


Présentation de l'exposition, par Anto Alquier

ROB VAN VEGGEL, né à Herleen aux Pays Bas, arrive en France en 1978.Après une formation en menuiserie, il s’installe dans le Gers en 1983. A la suite d’un accident de la route, et après de multiples petits boulots, il s’engage sur la voie de la peinture, en autodidacte, à partir de 1988. Dès 1990 , il expose son travail.

 

Son atelier tout en bois, protégé par un grand chêne, couronne la colline. De là, son regard s’imprègne de l’étendue des forêts et des champs de la campagne gersoise. Ce ne sont pas les hommes qui dérangent son paysage mais la nature qui s’impose. Au premier regard, Rob est un peintre dit "abstrait ". En effet, des images identifiables ne sautent pas aux yeux. Il dit lui-même : "depuis longtemps, je me demande ce que je peins, la peinture dépasse mes pensées". Pourtant, par la composition même de la toile et les signes dessinés ou gravés, on ne peut s’empêcher de voir, d’imaginer des paysages, ou des natures mortes. Composition centrée, valeurs claires en haut, plages sombres et horizontales en bas, éléments verticaux : arbres ? constructions ? vases ? croix ? Paysages mentaux certes, qui n’empruntent du réel qu’un dessin simplifié, un signe évocateur, parfois répété comme un leitmotiv.

Sa préoccupation de l’écologie qu’il partage avec sa femme Isabelle au travers de la culture biologique et de la lutte contre les OGM, semble affleurer dans son oeuvre. Graines, feuilles, sont des motifs récurrents, répétés, ordonnés, qui s’apparentent à la plantation du jardinier, comme si la nature se régénérait dans sa peinture.

La palette est gaie, lumineuse, rythmée par une écriture noire qui s’immisce entre des plages colorées passées d’un geste rapide et nerveux. La gamme des bruns, joue avec des orangés agressifs, des rouges lumineux, des verts profonds et des bleus sombres. La couleur et le signe semblent en conflit : le noir initial, premier geste du peintre sur la surface blanche du papier, effacé, recouvert, resurgit en surface avec force.

Rob travaille à la gouache sur du papier, soit présenté sous-verre, soit marouflé sur toile. Cette technique l’oblige à une certaine rapidité pour que les couleurs ne se mélangent pas, mais aussi à une certaine lenteur puisqu’il faut que la couleur soit sèche avant de passer la suivante. Ainsi s’élabore couche après couche une peinture vivante, gestuelle, gardant en mémoire les dessous, jouant sur les transparences.

L’intrusion de gribouillis et de collages produit une rupture dans la matière lisse de la peinture par leur opacité et leur texture. Des écrits, feuilles arrachées à des missels, articles de presse, renvoient aux interrogations de l’artiste. "J’ai toujours eu un problème avec l’idolâtrie" dit-il.

La peinture de Rob, réalisée avec des moyens simples : papier, gouache, fonctionne par indices. Espace, couleur, lumière, signes, c’est une peinture instinctive et mouvante dans la lignée de l’expressionnisme abstrait qui éveille en chacun une interrogation sur le monde qui nous entoure.

Anto Alquier

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Extraits de l'entretien des élèves avec Rob Van Veggel

 

Comment vous est venue l’idée de peindre ?

Enfant, je peignais un peu, mais j’ai réellement commencé à la suite d’un accident de voiture, vers l’age de 30-31 ans. Pendant cette lourde convalescence j’ai peint pour m’occuper et pour le plaisir, jusqu’à ce que je me rende compte que ça prenait beaucoup plus de place et d’importance que je ne le croyais.

 

Travaillez-vous toujours avec les mêmes matériaux pauvres, tel que le papier ou la gouache ?

Absolument, parfois à l’huile. J’utilise régulièrement des encres, des crayons, des collages, de la gouache. Certains papiers sont légèrement teintés à l’acrylique ou sont encore le résultat d’un effacement à l’éponge d’un travail précédent.

 

Quelles sont les différentes étapes dans la réalisation de vos tableaux ?

Je commence par maroufler (c'est-à-dire coller une feuille sur une toile), puis je place quelques formes à l’encre, afin d’avoir une composition sur la toile, puis intervient la couleur. Il y a plusieurs couches d’encre, de gouache, j’utilise des crayons, des craies et je fais des collages. Enfin, je termine en utilisant des vernis.

 

Qu’est-ce qui vous intéresse lorsque vous mixez vos techniques?

Je recherche à créer des textures différentes et le rythme qu’elles engendrent. Les couleurs ne sont pas les mêmes selon les matériaux utilisés, les papiers, plus ou moins absorbants, de textures variées.

 

Lorsque nous regardons votre peinture, nous avons l’impression qu’il y a de la profondeur. S’agit-il de paysages ?

Il y a des références au paysage. La forme du tableau, grand rectangle horizontal, me l’impose. C’est important car je vis à la campagne, où l'on vit en relation directe avec les changements de saisons. La peinture est proche de la vie mais il n’y a pas que cela, les paysages sont des prétextes pour peindre.

 

Dans certains de vos tableaux les derniers plans sont flous, on dirait qu’ils sont cachés dans le brouillard, comment donnez-vous cette impression ? Le flou, c’est une histoire de couches de peinture superposées. En laissant apparaître à travers, cela donne une impression de flou. L’intérêt, c’est de mettre en valeur les couleurs plus vives en créant ainsi du contraste avec le fond. La peinture, c’est un peu de l’archéologie car je recherche à créer différentes strates.

 

 

Comment faites-vous pour donner un effet de profondeur ?

La profondeur, c’est une histoire de contrastes de valeurs. J’aime, pour cela, rechercher la transparence. Souvent, je mets quelque chose de fortement coloré au premier plan, un peu comme on peindrait un paysage avec une ligne d’horizon. L’arrière plan est plus flou que ce qui nous semble plus proche.

 

Pourquoi ne pas introduire davantage de relief dans vos oeuvres ?

Dans le temps j’ai essayé, comme le sable mélangé à la peinture, pour donner une texture plus épaisse, mais ce qui m’intéresse, c’est de rechercher la transparence, pour me permettre de voir les différentes étapes de mon travail se succéder.

 

Comment vous est venue l’idée de coller des papiers sur vos toiles ?

Je suis loin d’être le premier, Picasso est celui qui a commencé à introduire des collages dans sa peinture au début du XXème siècle. Les collages font partie de mes débuts. J’aime mettre différentes matières, aussi bien de l’encre, qu’une peinture plus épaisse. Toutes les sortes de papier m’intéressent.

 

Est-ce que les papiers que vous introduisez dans vos peintures ont une signification particulière ?

Une utilisation particulière mais pas pour une signification particulière. Je les utilise pour leurs textures et le graphisme des lettres, non pour leur sens. Par contre, j’ai délibérément choisi d’utiliser le missel comme moyen de dire que la religion est la base de notre culture. Ce que j’introduis dans mes peintures peut vous donner une indication de lecture mais je fais souvent les choses inconsciemment, comme découvrir un crucifie dans une forme par exemple.

 

Avez-vous commencé par la peinture abstraite ou l’avez-vous progressivement atteinte ?

Non, j’ai commencé par le figuratif, mais le passage à la peinture abstraite s’est fait en douceur. Les personnages sont devenus de plus en plus flous et ont fini par disparaître. Ce sera peut-être le cas pour les dernières traces figuratives, dans quelques temps.

 

Pourquoi ne titrez-vous pas la plupart de vos tableaux ?

Je peins de manière instinctive. S’il me vient un titre, de manière tout aussi instinctive, j’en attribue un. Si cela ne se produit pas, je n’en donne pas et laisse ainsi le spectateur voyager dans mon tableau.

Certains de vos tableaux expriment une impression de symétrie, est-ce volontaire ?

C’est parce que je fais souvent des compositions centrales. C’est une conséquence des quelques restes de portraits que je faisais auparavant qui partage le tableau en deux parties et parvient parfois, à cette heureuse coïncidence.

 

Ces motifs qui se répètent, comme la feuille, ont-ils une signification pour vous ?

Oui, il y a une signification plus ou moins cachée, un reste d’une figuration évoquant la nature. Il y a la croix, le couteau, mais aussi le poisson et la feuille qui sont des symboles de régénérescence.

 

 

On distingue beaucoup de feuilles dans vos tableaux mais on dirait que dans certains il y a des croix. Pourquoi sont-elles présentes ?

Les croix sont des formes géométriques très archaïques utilisées dans de nombreuses cultures anciennes. C’est un questionnement sur la religion en tant qu’idolâtrie. Ancrée dans notre culture, les questions existentielles qu’elle soulève se rapportent à la vie, à la mort. Ces questions m’intéressent plus que les réponses. Au fond, la peinture pose davantage de questions qu’elle n’y répond.

 

Pourquoi tant d’hésitation dans vos tableaux, alors que le geste semble nerveux et rapide ?

Entre les gestes, il y a des moments d’hésitation car je suis en état de recherche, mais l’acte de peindre est franc, rapide, en pensant le moins possible, pour éviter de voir ces mêmes hésitations dans les traces laissées sur le support.

 

Quand estimez-vous votre travail achevé ?

C’est compliqué de décider qu’un tableau est achevé. Le problème, c’est qu’il arrive un moment où lorsque j’ajoute trop d’éléments, je peux changer le sens du tableau. Il faut savoir s’arrêter au bon moment. Il ne faut jamais en faire trop. Je préfère ne pas en faire assez pour laisser plus de liberté au spectateur.

 

Vous inspirez-vous d’un autre artiste ?

Ca fait partie de mon apprentissage. Ils sont très nombreux : de la Renaissance avec De Vinci à l’actuel Gérard Garouste, (trait d’union entre cette peinture des siècles passés et une démarche plus contemporaine), en passant par les peintres romantiques du XIXème siècle comme Delacroix en France, et Turner en Angleterre.

 

 

 

 

Quelle expérience retirez-vous de cette rencontre avec des collégiens ?

C’est la première fois et l’expérience est très intéressante. Peu de peintres ont l’occasion d’échanger comme nous le faisons, surtout pas lors d’un vernissage.

 

 

Face aux œuvres les élèves questionnent spontanément Rob :

 

 

Pourquoi employez-vous souvent des couleurs brunes ?

Le marron est lié à la terre, comme le noir, et les bruns sont aussi des couleurs neutres qui en mettent d’autres en valeur, comme ici le vert.

 

Je vois dans l’arrière plan, un cimetière, que vouliez-vous représenter ?

Rien. Je débute à l’encre de chine pour placer vaguement des formes ; la couleur intervient seulement après. Elle laisse apparaître parfois, par transparence, les traces de ces premiers gestes.

 

Nous voyons un poisson ou une cruche, cette forme était-elle volontaire ?

Au départ, cette forme était involontaire, puis elle m’a fait penser à un poisson, j’ai donc ajouté une deuxième forme en pensant Poisson. C’est une association d’idées liée au hasard.

 

Que recherchez-vous lorsque vous collez des papiers ?

Parfois je recherche le relief ou lorsque je suis coincé dans une composition, je balade un bout de papier pour la rechercher et avancer.

Riscle, le 22 décembre 2006

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