<= retour

"Pas de personnages à reconnaître, pas de ressemblance avec des modèles qui posent, mais des êtres de pure invention qui nous sont dévoilés par leur intériorité dans l’angoisse et la tourmente". 

Anto. Alquier

 


Extraits de l'entretien des élèves avec Ben Ami Koller (Novembre 1999)

 Pourquoi vous limitez-vous au thème du corps ?

Ben-Ami Koller: En général, les peintres professionnels qui vivent de leur travail se spécialisent sur des directions précises. On peut tout peindre, mais on est attiré vers des choses qui sont plus proches de soi. Moi, j'adore les expressions des gens, j'aime essayer de comprendre ce qu'ils pensent. Tous les personnages de mes tableaux sont inventés. Tout ce qui tourne autour de l'être humain me passionne.

 

Pourquoi principalement des visages d'hommes?

B. A. K. : L' une des choses les plus extraordinaires sur terre, c'est l'être humain.  Pourquoi des visages d'hommes? Ceux des femmes sont trop lisses. Dans ces visages d'hommes il y a ce côté de vécu, d'histoire. Moi je n'ai pas connu mes grands-parents, ni d'un côté, ni de l'autre et j'ai perdu ma mère très jeune. Alors j'ai cette nostalgie. On dit qu'on apprend par expérience mais on apprend aussi de l ' expérience des autres. C'est en écoutant les vieux. J'ai énormément voyagé en auto-stop en Europe de l'Est: Bulgarie, Tchécoslovaquie, Hongrie…Je partais pendant deux mois avec mon sac à dos, en faisant des petits boulots. Dans ces pays communistes il y avait des bistrots où les gens venaient boire et manger. Je m'installais, je faisais le portrait des gens et en échange ils m'invitaient à passer la nuit et ainsi j'ai rencontré énormément de monde. 

Sur certains de vos tableaux on voit peu la bouche, pourquoi?

B. A. K. : J' ai fait des milliers de visages, j'ai toujours commencé par les yeux. Le regard est extrêmement important, c'est le premier contact qu'on a avec une personne. Je ne sais pas ce que ça va donner. Il y a certains regards que j'aime tellement que je ne continue plus, le reste est sans importance. 

 

 Pourquoi les nus sont-ils de dos 

B. A. K. : Le dos, quand il est musclé, c'est quelque chose de très beau. On sent une force, une puissance particulière.

Tous les artistes qui choisissent le corps travaillent avec des modèles. Des filles et des garçons posent nus. Ils se placent sur une table et au dessus d'eux on place des spots qui font ressortir les formes du corps . C' est le seul moyen d'apprendre. Vous pensez qu'on fantasme par rapport à la nudité, mais ce n'est pas différent de la plage où les gens sont nus. Le métier fait qu'on regarde le corps de la même façon qu'on observerait une chaise. C'est quelque chose de quotidien, donc de banal.

Aux Beaux - Arts, on apprend toujours à dessiner les corps nus. Après on peut toujours habiller un corps. Les professionnels peuvent dire si un corps représenté habillé est juste. Le savoir du peintre ressort. On ne peut pas cacher ce qu'on ne sait pas faire.

 

 A quel moment décidez-vous que le tableau est fini ?

B. A. K. : Ce n'est pas facile de décider du moment, car le tableau vit. J'ai en face de moi un être qui est vivant. Alors on a tendance à continuer et ça peut alourdir le tableau. Pour ne pas tomber dans ce piège, on tourne le tableau contre le mur et on en commence un autre. Que se passe-t-il? Je l'oublie et quand je le retourne, mon œil qui est nettoyé, voit ce qui ne va pas. Alors je modifie, je rajoute. Tant que le dessin n'est pas fixé, c'est possible d'intervenir. Sur le moment, on est top pris, on l'aime et on ne voit pas ses défauts.

 

 Pourquoi le cadrage est-il si important pour vous ?

B. A. K. : Il faut concentrer l'attention de celui qui regarde. Et cela dépend du cadrage. C'est comme la photo. Pour attirer l'attention je vais placer le visage plus ou moins à droite, couper le haut, couper le bas…Il s'agit d'attirer le regard.

 

 Pourquoi y- a- t- il des lignes si insistantes 

B. A. K. : Quand on trace une ligne on voit exactement le parcours de la main. C'est une décision que tu ne peux pas reprendre. C'est complètement différent de la peinture où ce sont des couches qui se superposent pour obtenir des transparences, des vibrations de la couleur; on peut toujours corriger. Le dessin à la pierre noire c'est comme si je prenais un rasoir tellement c'est incisif, tellement c'est fort; j'aime ça! Si je me trompe, je n'ai pas la possibilité de corriger. Ca donne de la force, une présence au dessin. C'est un jeu un peu dangereux, si tu n'es pas attentif, tu perds ton temps. C'est ce côté là qui apporte une certaine tension.

Une ligne a une vie. Quand on touche le papier avec l'outil, elle naît. C'est comme notre naissance. Puis elle suit son chemin, sa vie, et à un moment donné, tu décides d'arrêter, tu t'éloignes du papier: ta ligne meurt lentement. Dès que tu as levé l'outil c'est la mort de la ligne. Quand on dessine sans aucun intérêt, la ligne ne vibre pas, ne vit pas. On sent quand la personne n'a pas envie de dessiner, quand elle s'ennuie ou pense à autre chose. La personne qui tient l'outil transmet la vie à la ligne. C'est pourquoi certaines œuvres sont extraordinaires! La gomme intervient pour obtenir des effets et non pour supprimer. Elle fait vibrer les surfaces.

Comprenez qu'une chanson ou une symphonie ne peut s'écouter d'un seul coup, il faut le temps d'écouter du début à la fin; comme un livre qu'on découvre page après page. Que se passe-t-il avec une peinture ou un dessin? En quelques secondes on peut tout découvrir, on voit tout! Tu n'as pas besoin du temps pour saisir la totalité comme en musique ou en lecture. Mais alors? si quelqu'un voit d'un coup, il peut s'ennuyer très vite. Alors le peintre essaie de tisser dans la toile ou le dessin des parties plus ou moins lisibles, visibles. En gommant par exemple, en créant un fond et en dessinant par dessus, pour qu'on ne voit pas tout du premier coup d'œil. Alors lentement on découvre l'œuvre comme un roman, avec le temps.

 

 Pourquoi vos tableaux sont-ils toujours aussi sombres

B. A. K. : Je suis tellement gai dans la vie qu'il ne me reste plus que la tristesse sur les tableaux!


 

En classe de 5ème :

 

Présenter Ben- Ami Koller en travaillant le cadrage d’une photo et ses marges.

 

En classe de 4ème :

 

Continuer le dessin à partir d’un morceau emprunté à Ben- Ami Koller… travail au fusain.

En classe de 4ème : 

 

Portraits en fil de fer après une recherche sur une ligne continue.

 

En Arts Plastiques

 

Audrey T. Bénédicte G.

Notions abordées au cours de l’exposition

 les outils du dessin

 les techniques du dessin

 comment parler du dessin

 l’histoire du dessin

 l’histoire du nu

 le portrait : le cadrage

 la ressemblance ; l’écart

 le portrait psychologique

 le fini - le non fini

 


 

En classe de 4ème :

 

Trouver, dans la liste des oeuvres fantastiques étudiées, des extraits qui pourraient illustrer chaque tableau de l'artiste

En classe de 6ème :

 

Portraits littéraires à la manière de Ben Ami Koller

En Français

Je crois que c’était son œil ! Oui, c’était cela ! Un

de ses yeux ressemblait à celui d’un vautour, un œil

bleu pâle, avec une taie dessus. Chaque fois que

cet œil tombait sur moi, mon sang se glaçait ; et

ainsi, lentement, par degrés, je me mis en tête d’arracher la vie du vieillard, et par ce moyen de me délivrer de l’œil à tout jamais.

Edgar Allan Poe, Le cœur révélateur

Je regarde le tableau

Je le regarde en détail

et je vois un homme brave

Courageux, gentil mais traumatisé

De verts douteux et d’émotions particulières.

Sur sa joue une longue traînée rouge

Coule comme du sang d’éternité.

Manon 6ème

 

J’entre dans le tableau

Son regard se baisse vers moi,

Son nez bouge comme s’il me sentait

Sa bouche me sourit

Ses yeux lui donnent un air triste

Sa joue droite est comme brûlée

Enfin je sors du tableau

Et tous mes sentiments

S’en vont avec moi.

Thibault 6ème

Haut de page