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"...Éternité de l'éphémère, 

force de la fragilité, 

noblesse de l'usure..."

(Joëlle Pagès-Pindon)

 

Voir le site de Jean - Pierre Dall'Anese

 


Lire le texte de présentation de l'artiste Témoignage de l'artiste
Extraits de l'entretien des élèves avec Jean - Pierre Dall'anese

Exploitation pédagogique en Arts Plastiques

En 6ème : je range artistiquement mon bois pour l'hiver 

En 5ème : réalisation d'un volume en polystyrène (en attachant de l'importance aux vides) En 4ème : donner une forme au mou

En 3ème : réaliser un volume en carton à partir d'un carré et d'un disque En 5ème : pots détournés


Exploitation pédagogique en Français

 

L’expression de soi

Ecrire un autoportrait, une autobiographie ou un début de récit de vie à la manière de Pagnol, Yourcenar, Chateaubriand, …

Autobiographie

 

Ulysse, Athéna, Marianne, quel est mon nom ?

Trente neuf, Dall’anese n’avait sûrement pas d’inspiration !

Perroquet ou tête de guerrier,

Sur un piquet, je me suis fait empaler.

Cul-de-jatte, Dall’anese l’a exigé.

Mon corps de bois m’empêche de sortir mes bras.

Ma dynastie s’achève là.

Nez rouillé, bouche embrasée

Vieux guerrier, mon visage est défiguré.

Les araignées, quant à elles, ne se sont pas faites prier,

Dans mes yeux, elles ont tissé toute la journée.

Mon bec me fait rabâcher toutes mes erreurs du passé.

Peu importe mon identité, elle est à jamais déshonorée.

 

Loïc  et Thibaut (3ème)

 

" Voyage dans le temps " 

Imaginer qu’une sculpture était un objet, un instrument du Moyen Age. Ecrire sa carte d’identité puis un paragraphe explicatif qui donnera des renseignements sur son utilité à cette époque et dire ce qu’elle est devenue aujourd’hui.

 

Nom : Bélier

Créateur : Jean Pierre Dall’anese

Longueur : 2 à 2,5 mètres

Largeur : 30 centimètres

Age : 10 siècles

Matière : bois – métal (laiton)

Forme : rectangulaire

Couleur : marron clair et foncé

Assemblage : encastrement

 

Au 11ème siècle, le bélier servait à défoncer les portes au cours des batailles. Le bélier avait une dimension de 2 à 2,5 mètres, ce qui les obligeait à le porter à 8.

Il fallait plusieurs coups pour enfoncer une porte verrouillée.

A ce jour, le bélier ne sert plus à rien, on ne défonce plus de portes avec ce genre d’outil même si parfois on se sert de choses dérivées pour les ouvrir. Le bélier est donc devenu un objet du passé, qui fut à l’origine d’objets contemporains, de nos jours, il est obsolète.

Clément  et Aymeric (5ème)

 


Jean - Pierre Dall'anese - sculptures

La 18ème exposition de la Galerie Bleue présente les œuvres de Jean-Pierre Dall'anese, qui se consacre à la sculpture dans le charmant village de Loubès-Bernac en Lot et Garonne où il est né en 1943. Son riche itinéraire artistique le conduit de galeries en musées à travers la France, et d'expositions personnelles en salons. La ville de Marmande a retenu son projet de porte monumentale pour fêter l'an 2000.

Jean-Pierre Dall'anese célèbre les noces immémoriales du métal et du bois. Humbles matériaux voués à l'abandon, témoins d'un passé irrémédiablement révolu, ils imposent leur présence chargée d'une vitalité toute neuve. La verticalité leur confère noblesse et éternité.

 

Ragaillardi par le feu de la forge, remis en forme par la cisaille et le marteau, le métal oppose sa force à l'apparente fragilité du vieux bois ouvragé qui porte encore les stigmates d'une main laborieuse ou d'une parure défaite. Ce sont des pièces de charpente orphelines qui s'unissent à des pentures, des planches rescapées et rapiécées qui se marient à des ferrures rouillées… Des ferrailles, plates ou rondes, portent la marque du feu qui les a courbées, tordues pour les assujettir au bois qui les reçoit. Elles s'ouvrent comme une fleur, s'agglutinent, se serrent, se lovent, s'insèrent dans une fente, s'ajustent à la découpe.

 

Parfois, le laiton offre un écrin coloré à ce jeu de construction. Laminé par les assauts du marteau, patiné dans les bleus ou les verts, ses bords effrangés font écho aux effilochures des planches vermoulues ; il recouvre, enserre, découvre la matière ; il exalte la blondeur du bois, la rouille du métal ou l'ocre de la terre cuite.

 

Dall'anese fait dialoguer les contraires : à l'unicité du bas (un élément) il offre la multiplicité du haut (plusieurs éléments) ; à la froideur du métal répond la chaleur du bois ; à la résistance, le périssable ; au durable, l'éphémère. Aux surfaces usinées lisses et mates s' opposent les brillances de leur section tranchée à vif. Leurs fines ciselures serrées et régulières contrastent avec le graphisme naturel du bois dont le fil a été mis à nu à force de brossage jusqu'à la plus pure expression de son essence.

 

Dall'anese accumule, assemble, déploie des rythmes dans l'espace, avec ordre et précision. Toutes les faces sont travaillées avec une égale importance. Il range, ordonne, sculpte le temps, dans une forme épurée, débarrassée de tout artifice racoleur. C'est la matière qui se fait parole émouvante et qui confère à sa sculpture une présence intemporelle.

 

Anto Alquier

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Témoignage de l'artiste

C’est en découvrant les cartons d’invitation que j’ai réalisé le sérieux et le professionnalisme de la Galerie Bleue. Cartons d’une rare qualité, tant de l’image que du texte. En visitant l’exposition quelques jours plus tard, la première impression ne s’est pas démentie : disposition excellente des œuvres, éclairages subtils … bien des responsables d’expositions gagneraient à fréquenter la Galerie Bleue. J’ai été très sensible à l’accueil. Mais nous sommes dans le Sud-Ouest et cette qualité que beaucoup nous envie, n’est-elle pas ancrée dans notre culture ? Les entretiens avec les classes d’élèves étaient très bien préparés et là, je rends hommage à Anto Alquier pour le travail effectué en amont : observation attentive des œuvres dans les formes, les matières, la technique, la symbolique, la philosophie de la démarche artistique …Travail critique très approfondi et transmis aux élèves de façon remarquable, le nombre et la pertinence des questions posées par les élèves en témoignent. L’atmosphère des entretiens s’est avérée très chaleureuse et détendue et s’il y a eu enrichissement, il fut partagé. Je garderai un très bon souvenir du vernissage avec ce somptueux repas de clôture … Mais là encore, ne sommes-nous pas dans le Sud-Ouest ? Si cette exposition fut un succès, comme cela m’a été rapporté plusieurs fois, je réalise à quel point l’équipe toute entière qui constitue la Galerie Bleue y a été pour beaucoup, et ce succès la concerne autant qu’il peut concerner l’artiste.

Jean Pierre DALL’ANESE

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Extraits de l'entretien des élèves avec Jean - Pierre Dall'anese

 

Avez-vous toujours sculpté ?

J'étais musicien, batteur dans des orchestres. Mais j'ai un tempérament physique. J'aime les conflits avec moi-même. La sculpture permet de se lancer des défis. C'est un combat avec la matière. Le fer résiste, il faut le dominer. Il y a un rapprochement avec la musique par les rythmes. La sculpture est statique, mais toute la dynamique est intériorisée.

 

Pourquoi avoir assemblé le bois et le fer alors que ce sont des matériaux qui s'opposent ?

C'est le mariage du dur et du tendre où chacun atténue la qualité de l'autre. Je crée ainsi une dualité. C'est la métaphore de l'homme. Le bois, c'est la fragilité de l'être, il est périssable comme nous, alors que le fer, c'est la persistance de la mémoire. Je cherche des matériaux ravinés, marqués par le temps. Chaque matériau a son écriture propre. Je brosse le bois pour accentuer ses stries qui sont son "écriture " naturelle.

 

Quelles qualités reconnaissez-vous au laiton ?

Le laiton est un alliage de cuivre et de zinc. C'est l'équivalent du bronze mais il possède l'avantage de se présenter en feuilles de deux mètres sur un, en différentes épaisseurs, et de se travailler selon les techniques de la chaudronnerie. Je peux donc le travailler moi-même sans passer par l'intermédiaire d'un fondeur (le bronze se coule dans un moule). Le laiton brut est lisse comme un miroir. Mon problème a été de trouver son écriture et de l'amener au niveau de celles du fer et du bois, c'est à dire de travailler cette matière en aspérités. J'ai cherché pendant des années. Mais un jour, alors que je le travaillais au chalumeau, "je n'étais pas là" (comprendre : "j'étais dans la lune !"), le laiton s'est mis à bouillonner en faisant des petits cratères. C'était ce que je voulais ! En fait, mon chalumeau était déréglé, j'avais la solution ! Comme quoi, il faut laisser fonctionner la rêverie. Dans ces moments là, c'est l'inconscient qui travaille l'esprit poétique. De ce jour, j'ai pu accorder le bois, le fer et le laiton.

 

 

 

Mais la couleur du laiton ?

Elle peut varier selon le nitrate que l'on utilise pour l'oxyder. Le bleu est fait avec du nitrate de cuivre.

 

D'après nous, le laiton s'apparente à une sorte de coffre qui enserre les autres matériaux de la sculpture. Est-ce son rôle premier ?

Le laiton est la première peau de la sculpture, le fer est la deuxième et le bois, la troisième. Ces couches successives évoquent le temps : le bois pour l'apparition de l'homme, puis l'âge du fer, puis l'âge du bronze.

 

Pourquoi tant de formes verticales ou rondes ?

La verticalité débouche sur la symbolique. En architecture, la colonne, associée à l'arbre, soutient l'édifice physique et spirituel. Elle est le lien entre la matière et l'esprit : les pieds au sol, la tête dans les étoiles ! Le cercle est l'image du cosmos. Il symbolise la perfection : chaque point de la périphérie est à égale distance du centre. Il compense la rigueur géométrique de la verticale.

 

Pourquoi avez-vous choisi ces matériaux ?

C'est une question philosophique. Le bois, c'est l'ancrage dans le religieux, le laiton dans le classicisme (puisqu'il s'apparente au bronze, matériau de la sculpture traditionnelle) et le fer à la modernité.

 

Pourquoi avez-vous choisi l'abstrait ?

Ma sculpture n'est pas purement abstraite. Il y a toujours des notations figuratives. Certaines évoquent des portes, d'autres des galets.

 

Vos œuvres ressemblent à des jeux de construction. Etes-vous nostalgique des legos ?

Les legos n'existaient pas dans mon enfance. Mais il y a deux sortes de sculpteurs : les tailleurs (taille directe dans le bois et la pierre) et les assembleurs qui sont des bâtisseurs et des constructeurs. Je fais partie de ceux-là.

 

Comment réalisez-vous vos œuvres et quelle organisation avez-vous ?

On peut distinguer trois étapes. D'abord l'idée, puis sa mise en forme par un croquis. C'est la partie spontanée de la création. Puis vient l'exécution méthodique et rationnelle et le terme organisation est très important pour ne pas aboutir à une impasse. Il est nécessaire d'être rationnel, d'observer un certain ordre, une chronologie des actions.

Au départ, il y a le choix des dimensions de la sculpture et donc un croquis grandeur nature avec les différentes pièces qui serviront de patron pour la "découpe" des pièces. Elles seront assemblées à partir de l'intérieur, de telle sorte qu'elles puissent être démontées au cas où…

Excepté le bois, la patine se fait à part.

 

Est-ce difficile d'imaginer une sculpture ?

C'est toujours difficile, car la sculpture occupe l'espace dans toutes les directions. Il y a donc une infinité d'angles de vue. La sculpture c'est LA FORME AVEC SA MATIERE, SA TEXTURE ET SA COULEUR, et l'OMBRE ET LA LUMIERE. La lumière dessine les contours, et l'ombre dessine les valeurs. Cela fait beaucoup de problèmes à régler.

 

Vous inspirez-vous d'autres artistes ?

On a toujours des influences surtout quand on est jeune. Pour moi, c'est BRANCUSI et surtout MOORE qui fut un inventeur de formes. Il y a aussi GONZALES qui était ferronnier et auquel Picasso a donné des dessins pour qu'il les transforme en sculpture.

En travaillant, l'œuvre s'épure, les influences s'atténuent. Au bout du compte, ce que vous faites, c'est vous. Mes sculptures, c'est moi. Elles sont la projection de ma personnalité dans la matière. On ne peut pas se dissocier de ce que l'on fait.

 

Le temps apparaît comme un thème omniprésent. Quel rapport entretenez-vous avec lui?

Le temps est au centre de mes préoccupations artistiques. D'où venons-nous ?… : le passé. Que sommes-nous ?… : le présent. Où allons-nous ?… : l'avenir.

 

Comment jugez-vous qu'une sculpture est réussie ?

La sculpture se fait dans un élan. Je n'aime pas faire deux travaux à la fois. Il y a des sculptures "loupées". Faire des "merdes" est une condition nécessaire. On ne voit pas tout de suite si une sculpture est réussie. C'est quand on la revoit, quand l'œil s'est reposé. Alors ça devient évident. C'est difficile à expliquer.

 

Qu'est-ce que vous aimez dans votre travail ?

Tout, car ce qui est intéressant, c'est la création.

 

Pourquoi avez-vous travaillé sur le thème de la blessure ?

Parce qu'elle est inhérente à la nature humaine. Je me souviens de mon fils qui a été aveuglé par la lumière à sa naissance. C'était sa première blessure. Mais la blessure est nécessaire car elle vous oblige à réagir.

 

Qu'est-ce que l'inspiration ?

Je ne sais pas trop. Baudelaire disait : "c'est de travailler tous les jours". C'est d'être dans l'action.

 

RISCLE, Janvier 2004.

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