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"En voyant les œuvres

de Dominique Fajeau

on ressent un sentiment

d’éternité et d’infini."

 


Extraits de l'entretien des élèves avec Dominique Fajeau (mai 2000)

Pourquoi avez-vous choisi la peinture abstraite ?

Dominique Fajeau : C'est vrai que ça se choisit ! Mais on ne fait pas de l'abstrait, tout d'un coup, comme ça. Je crois qu'un peintre peut tout aussi bien travailler la figuration que l'abstraction car faire de la peinture, c'est surtout d'avoir quelque chose de personnel à dire.

Progressivement, le choix de la peinture abstraite est devenu une évidence pour moi. Je me suis détaché de la figuration qui ne me permettait pas de dire ce que je voulais dire. L'abstraction me donnait beaucoup plus de liberté d'expression.

 

Pour vos tableaux, vous inspirez-vous de choses réelles ? D'un autre peintre ?

D.F. : C'est moins ce que je vois que ce que j'ai ressenti devant certains espaces ou devant certaines matières. Ma peinture, ce sont des impressions sur un environnement coloré, des matières, des odeurs même. Un tableau n'est pas seulement de la couleur, de la peinture cela peut être aussi sonore, parfumé.

Il y a toutes sortes d'influences, d'inspirations. Il y a les peintres que l'on apprécie particulièrement... Nicolas de Staël, Rothko. Olivier Debré m'a beaucoup apporté ; ça ne signifie pas qu'on va copier le peintre… Il faut des références pour pouvoir peindre.

 

Lorsque vous êtes devant une toile à commencer, comment faites-vous ?

D.F. : Le format étant défini, il faut penser à structurer un peu le tableau, construire un équilibre de formes, peut-être à partir de lignes horizontales, verticales, ou les deux… d'une surface, un rond, un carré. On va définir à partir de là un espace, donc on crée une structure. Le réel propos de peinture va être quand toutes ces couleurs sont posées, de les faire fonctionner entre elles.

On fait en sorte qu'elles s'apportent mutuellement des résonances, qu'elles créent une harmonie, une globalité.

 

Dans ce cas pourquoi juxtaposer deux toiles pour créer un seul tableau ?

D.F. : On choisit un format au départ, ici j'avais choisi un 80 x 80 et j'avais fait une toile trop dense, il s'y passait beaucoup trop de choses et en même temps, il y avait des éléments qui m'intéressaient et que je ne voulais pas effacer… J'ai rajouté un espace au dessus, ça m'a permis de rééquilibrer les densités d'éléments à l'intérieur de la toile.

 

Qu'est-ce qu'une toile trop dense ?

D.F. : On y dit trop de choses. C'est peut-être dû à trop de couleurs, il y a confusion de traits, de matière, de surfaces, et pourtant il y a des éléments qui me plaisent. Alors, soit on efface une partie de ces éléments, soit on les garde complètement mais on les simplifie. Quand il y a trop d'éléments dans l'ensemble du tableau, ils interfèrent trop et c'est très compliqué. Il faut faire des choix. C'est comme en musique, les silences sont aussi importants que les notes de musique. En rajoutant un format vers le haut à ma première toile, j'ai simplifié au maximum les deux éléments qui finalement se complétaient cela constitue un seul tableau même s'il y a deux toiles. Une sorte de diptyque.

 

Faites-vous une esquisse avant de commencer à peindre ?

D.F. : Moi, je travaille directement sur un format qui me plaît, un espace mais en revanche, je fais un croquis, c'est une question de construction du tableau, on peut parler d'une sorte de squelette.

 

Pourquoi griffez-vous la peinture ?

D.F. : C'est la nécessité de faire apparaître les couches successives qui sont dans la peinture ; ça permet d'animer un espace, de rendre plus dense une partie du tableau, de montrer que sous une couleur il y a d'autres couches de peinture. J'ai un but suggestif.

 

Où trouvez-vous votre inspiration ?

D.F. : Si on n'a pas d'inspiration, on n'a rien à dire et donc on ne peint pas. L'inspiration, c'est l'essence même du travail du peintre. Il faut du désir de dire quelque chose. Cette inspiration peut venir de partout, si on est observateur. Mon travail de peintre est nourri d'une grande part de nature même si elle n'est pas directement décrite ni suggérée. Je ne reproduis pas, mais avec le temps, ça se traduit plus ou moins clairement.

 

Comment décidez-vous qu'un tableau est terminé ?

D.F. : C'est une difficulté, car quand on peint, il faut aller le plus loin possible dans ce qu'on veut raconter, ce qu'on veut dire mais il y a le risque d'aller trop loin et du coup de perdre tout le bénéfice de ce travail. C'est quelque chose qu'on sent à partir de paramètres de couleurs, de construction.

 

Est-ce la première fois que vous répondez à des questions dans un collège ?

D.F. : Oui, je n'ai pas trop l'habitude qu'on m'interroge sur ma peinture, sur mes habitudes de peintre et c'est difficile de répondre simplement et rationnellement en même temps.

Mai 2000.

 


Autour de Dominique Fajeau par les élèves de 3ème

En Arts Plastiques

 

 

Notions abordées au cours de l’exposition :

 - transparence et opacité

 - l’espace du tableau

 - le geste du peintre

 - la matière

 - Kandinsky

 - l’abstraction en France dans les années 50 :Debré, Soulages

 - l’abstraction américaine : Pollock, Rothko

 

Les élèves de 4ème présentent  la peinture de Dominique Fajeau dans le "Coup de Pouce" 

 

La couleur

"La couleur dominante de l’exposition est le bleu, qui varie du bleu pratiquement blanc au bleu vif et très lumineux. Comme l’environnement de la galerie est très bleuté, on croirait rêver."

Dominique Fajeau utilise une palette douce et lumineuse :

 des dorés qui proviennent du mélange de jaune et de rouge

 des gris colorés

 des blancs teintés

 des gammes de verts

Cependant, il utilise par simples touches, des jaunes et des rouges purs.

Le travail pictural

Par endroits, la peinture est lisse et opaque, à d’autres elle est transparente et légère. Le peintre superpose les couleurs.

Il utilise la technique du brossage, du balayage, de l’essuyage pour donner des aspects différents à la surface. Les couches successives produisent de l’épaisseur, ou de la matière. Celle-ci est griffée, striée, scarifiée ce qui laisse affleurer les couleurs du dessous et introduit du mouvement et de l’énergie dans la peinture.

 

La matière

Selon la façon dont la couleur est travaillée, on peut imaginer différents états

de la matière : gazeux, liquide, solide.

Pour nous, ces tableaux évoquent le ciel, l’eau, la glace, les rochers. La peinture se fait claire, légère, brossée pour l’air, le ciel. L’eau est suggérée par des coups de pinceaux amples, ondulés tandis que la matière solide est évoquée par des empâtements, qui forment des matières tantôt lisses, tantôt

rugueuses.

Le geste du peintre

Dominique Fajeau a une façon particulière de peindre. La plupart de ses

tableaux sont peints d’un geste plutôt horizontal.

Par endroits, des cassures dures et énergiques coupent la continuité du

tableau. On voit bien le geste ample et lent du peintre. Deux peintures seule-

ment ont une dominante verticale.

L’espace du tableau

L’espace est créé grâce à des plages de différentes couleurs et nuances qui donnent l’impression de plusieurs plans à notre œil. Les unes viennent en avant, d’autres passent derrière. Fajeau crée un espace coloré. On dirait que les toiles sont découpées dans quelque chose de plus grand car leurs contours ne sont pas définis. La peinture pourrait s’étendre en haut, en bas, à droite, à gauche.

 

Classe de 6 ème en français : les couleurs dialoguent entre elles. Que racontent- elles ?

En Français

La conquête de l’onyx

- Moi, le rouge opéra qui bouge

je suis envoûté par mon ami le zinc.

- Moi, l’outremer Tyrrhénien

j’entame ma conquête des nuits

sombres.

Les perles laiteuses attaquent leurs

ennemis

en brandissant fièrement leur couleur

nacrée

mais le combat est inutile,

le jais est toujours invincible.

Le vermillon a tenté

de briser la croûte rocheuse de l’onyx

mais après tant d’essais,

Dominique a souhaité que le zinc

domine la palette.

Aurélien D.

 

Je suis le bleu ciel des océans qui longe les côtes

Je sais ce que font les algues mousse

dans les profondeurs du Pacifique.

Les poissons prune jouent et s’amusent

dans des vagues myosotis

qui éclatent bruyamment.

Je suis le blanc des neiges

qui se reflète sur l’eau de Provence

Je sais ce qu’elle m’apprend à chaque instant.

La couleur met de l’espoir dans le vent

et tout est enfermé sur un bout de tissu.

Caroline B.

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