<= retour

 

C’est inquiétant, 

ça fait réfléchir.

Son monde me dérange.

Laure B. 4ème


Extraits de l'entretien des élèves avec Marc Giai - Miniet

D'où vous vient l'idée d'un tableau ?

Giai-Miniet : Un tableau n'illustre pas une idée précise, il n'est qu'un maillon dans une chaîne de tableaux, que j'ai commencée il y a trente ans et qui va s'achever le plus tard possible j'espère. Dans l'œuvre d'un artiste, quand vous voyez un tableau, il faut le situer dans son œuvre pour pouvoir l'apprécier et il faut avoir un peu de connaissances artistiques. Pour moi, l'idée du tableau, c'est faire une espèce de scène de théâtre, avec des personnages qui se cherchent, qui passent l'un devant l'autre, qui s'ignorent, qui se saisissent, qui se pompent le cerveau, qui s'agressent ; c'est ça mon idée. Moi, je m'intéresse beaucoup aux autres, je veux partager des émotions, je veux militer à travers ma peinture… Tout artiste doit parler de son époque… Il doit mettre son talent au service de l'humanité pour faire avancer ses idées, provoquer, pour déranger. L'un des grands peintres du XXè siècle qui a mis son nom au service de la bonne cause, c'est Picasso….

On dit que tout tableau est le portrait de son auteur. Même s'il ne me représente pas physiquement, il me représente moralement.

D'où vous est venue l'idée de faire des boîtes ?

G-M. : La galerie où j'expose fait une exposition à thème chaque année ; ça a été celui de la fête ! J'étais très ennuyé pour traiter le sujet. Alors, j'ai changé de support. Je me suis dit "je vais créer une boîte avec des petits personnages, je vais sortir les personnages du tableau". Quelques semaines plus tard, j'ai eu un accident cardiaque qui m'avait diminué. Alors, pour ne pas rester sans rien faire, j'ai continué les boîtes.

 

Pourquoi ne faites-vous pas autant de détails dans vos tableaux que dans vos boîtes ?

G-M. : C'est justement parce qu'on ne regarde pas du tout la peinture comme les boîtes devant lesquelles on peut s'arrêter pendant des heures à regarder tous les détails. Un tableau, il faut que ça soit reçu et ressenti immédiatement.

 

Dans vos tableaux, les personnages sont écrasés sur le fond. Est-ce que l'on peut parler de frontalité ?

G-M. : Mes peintures sont comme mes boîtes, ce sont des espaces clos, des morceaux de souterrains, de caves, d'usines, et il y a une petite scène, un petit jeu, un petit théâtre qui se déroule là. On est tout de suite présent dans le tableau. S'il y a une relation entre mes boîtes et ma peinture, c'est justement cette absence de perspective, cette frontalité.

 

Dans certaines de vos boîtes, on part du noir et on arrive au blanc. Est-ce qu'on peut parler d'une montée aux cieux ou quelque chose comme ça ?

G-M. : Il y a toujours chez moi cet affrontement de la spiritualité et de l'animalité. Tout ce qui touche le ciel, c'est le blanc, c'est la spiritualité. Plus on descend, plus on va vers l'homme, vers l'animalité, vers les choses impures et les égouts. Les bibliothèques sont mises en haut, elles sont les choses intellectuelles, spirituelles. Et puis on descend par les escaliers, et on va vers le matériel, vers la mort.

 

Vous dites que les tableaux sont le reflet de votre personnalité. Est-ce que ça veut dire que vous êtes pessimiste, que vous voyez le mal partout ?

G-M. : Je suis plutôt bon vivant, j'ai un tel amour de la vie, des choses, des êtres, du paysage, de l'art, que je ne peux pas être fondamentalement pessimiste. Je trouve que la vie est incroyablement belle, que les hommes sont incroyablement géniaux. Malgré tout, j'ai une certaine fascination pour certains côtés un peu sordides, effrayants, pour conjurer mes propres peurs. Je me soigne quand je fais ça. L'art peut aider à guérir.

J'aborde aussi un peu le corps humain, l'écologie, avec ces espèces de masques à gaz. En fait, le grand thème, c'est la métamorphose ; comment reconnaître un homme ? Est-ce qu'il suffit d'avoir des yeux, un nez, une bouche pour être un homme ? Tout ça, c'est ma recherche plastique.

 

Avez-vous un peintre qui vous a aidé à avancer dans votre style ?

G-M. : On peut dire que toute l'histoire de l'art aide l'artiste. Pour moi, un artiste est une éponge. Il se fabrique avec les autres, les autres font partie de vous-même. Tout seul, on n'est rien. Il y a pour moi deux ou trois influences incontournables. Évidemment, l'art égyptien, cet art complètement cohérent, tourné vers le spirituel. Puis il y a Rembrandt qui a beaucoup travaillé la lumière. A l'opposé, il y a Matisse : c'est la couleur pure. Pour la plupart des peintres, Bacon est un contemporain incontournable, j'apprécie chez lui sa compassion pour l'homme. Picasso est aussi très important. Ce qui m'intéresse chez lui, c'est son enthousiasme et sa capacité de travail. Moi, mon matériau, c'est l'homme, c'est la pensée. Ainsi, j'aime beaucoup les abbayes cisterciennes, ces grands espaces vides… Le vide peut être plein, plein de spiritualité, plein de choses essentielles.

Quand on fait de la peinture, c'est pour se retrouver soi-même… mieux se connaître, et quand on se connaît mieux, on connaît mieux les autres.

 

Pourquoi vos personnages sont-ils sans visage et sans pieds ?

G-M. : Je ne parle pas d'un personnage en particulier, parce qu'aussitôt, j'introduirais une anecdote qui changerait le discours de mon tableau. J'ai le souci de faire simple de façon que le tableau soit reçu immédiatement. C'est pour ça que mes fonds sont relativement neutres, je ne situe pas trop dans le temps.

 

Est-ce que vous auriez envie de changer de style, de faire des tableaux plus réalistes, plus colorés ?

G-M. : On m'avait catalogué dans le domaine de la peinture fantastique ; je faisais une peinture très léchée, sans coups de pinceau visibles. C'est pour cela que je suis parti en Égypte en 1984, j'étais demandeur de changement. Je suis parti sans toile, ni pinceau, ni peinture à l'huile. Je les ai remplacés par de la peinture en bâtiment, des poudres, de la colle, et j'ai peint sur du papier, du carton. Je me suis mis à travailler de façon plus aléatoire. Au retour, pendant deux ans, j'avais l'impression de ne plus savoir peindre, puis, petit à petit, j'ai simplifié mes peintures On a toujours le désir de changer et de pouvoir maîtriser ces changements, mais on ne le peut pas car c'est le travail qui fabrique les peintres.

 

Quand est-ce que vous considérez que le tableau est fini ?

G-M. : Ca se sent plus que ça ne se détermine. Quand il est équilibré du point de vue forme, matière, couleur, lumière, on peut dire que le tableau est terminé.

 

Quelle impression cela vous fait-il d'être venu exposer au collège ?

G-M. : D'habitude, on expose dans des grands salons ou dans des galeries ou dans des centres culturels. C'est la deuxième fois que j'expose dans un collège, mais c'est la première fois qu'il y a un travail de fond. Je peux voir comment vous regardez et ce que vous ressentez face à mon travail. Est-ce que j'arrive à provoquer des émotions ? Avec vos travaux, je vérifie mon travail dans votre regard.


En classe de 3 ème :

Moi et les autres…

En classe de 5 ème :

Qui suis- je ? mon autoportrait en volume

En Arts Plastiques

Notions abordées au cours de l’exposition

 Le geste pictural

 la frontalité du tableau

 les dominantes colorées

 la ressemblance

 le surréalisme

 les mouvements en peinture de 1900 à 1940

 

En Français

Classe de 6 ème en français :

Un personnage choisi dans un tableau habite dans une boite. Racontez

sa vie à la manière des surréalistes.

 

Boîte : Les mouches

Tableau : Le ballet de décervelage

Classe de 3ème en français :

 

 

 

A l’évidence, cette boîte parle de moi…

 

 

Le décerveleur s’est retrouvé dans un hôtel avec des mouches. A leur

rencontre, ils avaient l’air de bien s’entendre. Mais à cause d'une mouche qui avait du caractère et qui

cherchait la bagarre, le décerveleur s’énerva. Pour la peine, il enleva le cer-

veau des trois mouches, et sa vie redevint normale. Le lendemain, il mangea les mouches et leurs

cerveaux.

Gaétan M. 6ème

 

 

…Car dès ma naissance, j’ai été embarqué dans une nouvelle vie. Je transporte des

informations de mes ancêtres. La momie à l’avant de la barque me guide vers une nouvelle société qui me tendra les bras.

Nicolas D.

 

Haut de page