Site de l'artiste : http://www.sylviejaubert.com/
Quelques images du vernissage et de la rencontre avec les élèves (PDF) |
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Exploitation pédagogique (PDF) : |
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SYLVIE JAUBERT professeur agrégée d’Arts
Plastiques vit et travaille à Paris.
Son atelier est à Pantin Elle expose régulièrement son travail dans des galeries : Région parisienne, Est, Luxembourg, Bretagne, Centre Culturel Français d’Alexandrie …
« Le plaisir de la peinture doit rester ambigu, faire glisser l’œil et la pensée autour, dehors et dedans. La peinture doit aussi faire parler » Sylvie JaubertLe regardeur ne peut rester indifférent à la suite de tableaux qui composent la 37ème exposition de la galerie Bleue. Il ne peut passer sans voir, déambuler sans regarder, s’arrêter sans s’interroger. Il est happé par la peinture. La couleur est attirante, gaie, lumineuse, tout en clarté. Huit portraits, plus loin cinq autres, tous d’un même format, se serrent dans un même alignement. Mais ces portraits sont sans visage : gangster, prisonnier, blessé… chacun en fera sa propre lecture. Pourtant on ne peut s’empêcher de leur prêter des émotions, de les classer du côté du bien ou du mal. Si on ne voit pas, on imagine. On pense aux images de l’actualité, qui défilent sans qu’on leur prête beaucoup d’attention tellement on est habitué à leur flot quotidien. Ici, devant le tableau on maîtrise le temps du regard. L’absence de détails dramatise les attitudes. Les aplats de couleur, larges, imposants, prennent ces figures dans un étau et les figent dans l’espace. Face à eux, peut-on rester indifférent ? Quel habit endosser ? Celui de l’oppresseur, celui de l’opprimé ? La peinture, avec ses moyens propres, bouscule notre passivité face aux images et provoque réflexion et prise de conscience. « Je croise des motifs personnels avec ceux du monde autour. C’est aussi mon histoire et celle de ma relation à la peinture, au dessin, qui a pris forme avec les guerres, les conflits » Sylvie Jaubert« Les soldats » participent de la même interrogation. Traités dans la technique fluide du lavis, ils sont identifiés par l’uniforme et les armes et tournant le dos, ils inquiètent ou rassurent selon à qui on s’identifie. A la violence du propos répond le caractère fragile et léger du traitement pictural. Dans la série « Poses », l’artiste brouille les pistes en utilisant encore l’effet flatteur de la couleur. Des couleurs pures, des pastels, des ruptures de tons s’organisent en une sorte de composition abstraite alors qu’il s’agit de fragments d’individus armés. Il suffit de découvrir un élément de figuration pour dérouler le fil de l’énigme. Il y a là, une sorte de métonymie de la violence, qui donne plus de force au propos mais que le traitement pictural adoucit en la rendant moins immédiate. «La peinture permet de fixer(…) ce qui reste des images des autres,(…)ce qui reste dans mémoire et dans ma main. » Sylvie JaubertLes « paysages » de Sylvie Jaubert ne renvoient pas à l’idée traditionnelle du paysage. Bien qu’elle se conforme à la définition (le paysage est une étendue de pays) les éléments qu’elle choisit sont inhabituels et peu pittoresques : une porte, une épave... Ces grands objets insolites sont abandonnés, vides, sans organisation logique, dans des lieux indéfinis dans lesquels ils font corps. Ceux-ci sont plutôt des réminiscences, des évocations, ou mieux, des standards de peinture : des surfaces qui se juxtaposent, des couleurs qui s’accordent, des espaces qui s’imbriquent. Ils n’ont de la réalité que l’apparence. Dans son « journal de peinture » que l’artiste tient au quotidien comme on tient son journal intime, on retrouve la plupart des éléments qui entrent dans ses compositions. C’est dire l’implication de l’artiste dans la vie quotidienne, dans les événements sociétaux qui nous submergent. Grâce aux moyens qu’elle utilise, son travail de peinture entraîne une contemplation active et un regard distancé et critique sur l’actualité qui empêchent le regardeur de « s’abstraire du monde ».
Anto Alquier |
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Les fonds
ont-ils une grande importance dans votre peinture ?
Le fond, pour moi, a autant d’importance que la forme. Il fait partie du tableau. J’aime quand la figure rentre un peu dans le fond. J'aime que l’on puisse regarder partout sur tout le rectangle du tableau. Il faut éviter les endroits morts pour que l’on ne s’ennuie pas. Pour moi, le cinéma s’apparente à la peinture.
Dans le paysage avec l’épave, les pictogrammes rouges sont-ils peints pour marquer une interdiction, un conseil ou une mise en garde ? Non, pour moi les "pictogrammes" sont simplement des motifs, ils n’ont pas de signification précise. Ils sont là pour la profondeur du tableau et pour faire un contraste avec la couleur. J’aime les formes géométriques, elles jouent un rôle plastique. Je les peins à la main et non au pochoir. Le tableau "La porte rose" me fait penser à une porte de bateau. Est-ce cela ou sinon pouvez-vous nous expliquer ce que vous avez voulu représenter ? La porte rose pourrait être une porte d’abri anti- atomique tirée d’un bunker. C’est important que l’on ne sache pas exactement d’où cela vient. La porte est dissociée du reste et elle ne mène à rien. J’ai remarqué une absence de détails dans votre œuvre. Est-ce pour que nous allions tout de suite à l’essentiel ? Les détails ne m’intéressent pas mais j’en laisse tout de même quelques uns. Sans les détails, on rentre directement dans la peinture. Si je dessinais le nez, la bouche, on reconnaîtrait un visage. Je fais une peinture silencieuse mais le son vient des accords de couleur. Quels sentiments souhaiteriez-vous que l’on ressente en regardant la série des figures ? Je ne cherche pas à provoquer un sentiment mais plutôt un ressentir, une réflexion. J’aimerais faire réfléchir sur la forme, l’image, les couleurs… Vos œuvres sont tirées de l’actualité, mais faites-vous des œuvres tirées uniquement de votre imagination? Dans mon journal, oui .Dans mes peintures, il y a toujours une part de voulu,de conçu. Mais lorsque je peins, là je laisse place à une grande part à l’imagination et au hasard. Quelle place tient la couleur dans votre œuvre ? Elle est de première importance. Je ne pourrais pas me passer de la couleur. Je pourrais peut être me passer du dessin et ne travailler rien qu’avec des masses colorées. Vos toiles ne sont pas encadrées. Pouvez vous nous en donner la raison ? En général, je n’aime pas les cadres. Je trouve que cela enferme le tableau. J'encadre mes œuvres lors d’expositions importantes. Dans les séries, cela me permet de "jouer" avec les tableaux. Pouvez-vous nous parler du paysage avec l’épave de voiture ? Cette voiture provient d’un fragment d’image que j’ai associé à un paysage. Cette voiture est trouée, détruite et le paysage "passe au travers". Pourriez-vous dédier cette exposition à une personne ou pour une cause ? Non, ni pour une personne ni pour une cause. Je n’ai pas de message militant à faire passer. J’aimerais plutôt donner envie de réfléchir sur des idées: la guerre et pourquoi on se bat, la vie la mort… La couleur grise est présente dans la plupart de vos peintures. Pouvez vous nous en dire plus ? Le gris est très important pour moi. Il a tout d’abord un rapport avec la photographie et le gris met surtout en valeur les autres couleurs.
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