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"Peggy crée sur la toile

ce qui est sa vie,

elle habite sa peinture..."

http://peggy.kluck.pagesperso-orange.fr


Lire la présentation de l'exposition (Anto Alquier)

Extraits de l'entretien des élèves avec Peggy


Exploitation pédagogique en Arts Plastiques 

A chaque jour, son menu d'une seule couleur !

Le vendredi : violet (4èmes)

Mon jardin de couleurs (6èmes)


Exploitation pédagogique en Français

Nature

 

Déchaînement de couleurs violentes et calmes

Qui m’envoûtent et me transportent dans un beau monde :

Un monde où gaieté et clarté ravivent mon âme

Loin des vieilles poubelles sales et autres choses immondes

Car c’est dans ces peintures surprenantes et magiques

Que j’éprouve intérêt, bonheur,     admiration.

Univers reposant de nature fantastique,

Tu es à la racine de toute inspiration.

Résurgence étonante de souvenirs anciens

Ai-je déjà vécu ces souvenirs perdus ?

De ta monstrueuse puissance, je ressens le lien.

Perdu, égaré, seul dans ta vaste forêt drue

Nature, sois mon refuge, garde-moi en ton sein

Puis-je rester bercé par le chant du serin ?

Adrien – 4ème

 

La vie dans un tableau

 

 

Dans un atelier, il y avait une table.

Sur cette table, il y avait un tableau.

Dans ce tableau, il y avait un paysage.

Sur ce paysage, il y avait un lac.

Dans ce lac, il y avait de l’eau.

Sur cette eau, il y avait des nénuphars.

Dans ces nénuphars il y avait des pétales.

Ce lac était bordé de champs.

Dans ces champs, il y avait des fleurs et des arbres.

Sur ces arbres, il y avait des fruits explosant de couleurs.

Ces couleurs formaient un arc en ciel sur la palette de Peggy.

Pierre-Alexandre – 6ème

 


Présentation de l'exposition, par Anto Alquier 

Peggy Kluck, d’origine hollandaise, est installée dans le Gers depuis plus de trente ans. Elle a fréquenté les Beaux-Arts d’Arnhem avant d’entreprendre une carrière artistique. Après une riche expérience d’éleveur de chèvres et un tour du monde, elle crée avec son compagnon un jardin original qu’elle consacre à la peinture et dans lequel sont accueillis des artistes plasticiens.

Lorsqu’en juin vous entendrez parler de " Rendez-vous au jardin ", allez à Cravencères aux " jardins de Bonzon ", une ancienne propriété revenue à la vie par les soins de Licinio et Peggy. Un parcours fléché vous guidera vers l’étang fleuri de nénuphars et d’ajoncs et vous traverserez les sous-bois riches en variétés de plantes que beaucoup d’entre nous qualifierions de mauvaises herbes. Un sentier esquissé vous conduira à travers un relief escarpé vers le jardin de plantes grasses, puis vers les plates-bandes de fleurs, le potager et la colline aux cactées. L’ancien hangar de la propriété est devenu une belle maison-atelier, tout en bois, accolée à la forêt.

C’est dans ce périmètre que Peggy élabore son œuvre. Elle peint sur le motif, ou bien dans l’atelier, fixant sur la toile les fruits mûrs, les variétés de légumes et les fleurs fraîchement cueillies, qu’elle a disposés sur un coin de table. Pourquoi peindre encore ainsi, alors que les impressionnistes au XIXème siècle  l’ont si bien fait ! La nature en soi n’a rien d’original, elle est toujours la même ; la fleur d’autrefois est semblable à celle d’aujourd’hui , sa forme et sa couleur n’ont pas changé au fil des siècles. Si tout artiste éprouve le besoin de s’inscrire dans la tradition, l’important est de ne pas refaire ce qui a déjà été fait. Il s’agit de peindre autrement.

Ce qui change dans le temps, c’est le regard que le peintre porte sur ce qui l’entoure. Peggy crée sur la toile ce qui est sa vie. Pour elle, l’amour, l’amitié, le travail de la terre, la proximité avec la nature et la peinture forment un tout, une harmonieuse unité, une philosophie de la vie.

Le point de vue en plongée et l’écrasement de la perspective amènent dans l’intimité de la chose peinte. Peggy habite sa peinture. Ce n’est pas un face à face mais un cœur à cœur. D’un geste vif qui ignore le repentir Peggy fige sur la toile, l’instant  d’une lumière, d’un frémissement de l’air. La spontanéité a valeur de vérité et de sincérité. La couleur est pure, joyeuse, parfois exubérante, les rapports sont justes, équilibrés. Les contrastes de complémentaires dynamisent la surface, exaltent la forme , les ombres sont douces si bien que la lumière semble surgir de l’intérieur de la peinture. L’espace est saturé, vibre par la couleur, bouge par la touche. Une vitalité joyeuse rayonne de la toile.

Peggy travaille parfois par série. La même nature morte se décline sous des angles différents, dans des décors différents. D’une toile à l’autre, le nombre de fruits a diminué, car dit-elle, "on les a mangés " ; les amis posent sur le même fauteuil, le même vase accueille les dahlias puis les zinnias sur la même table recouverte de tissus dont les motifs jouent la surenchère.

Pour Peggy, peindre est une façon de savourer le temps qui passe, d’en sentir le parfum, d’en goûter la saveur, d’en apprécier la sensualité et l’épaisseur. C’est l’ivresse de vivre la simplicité de l’existence et de faire de chaque jour, un jour de plus de bonheur.

Anto Alquier

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Extraits de l'entretien des élèves  avec Peggy Kluck

D’où vous est venue l’envie de peindre ?

Je n’aimais pas l’école, mais je dessinais beaucoup. Dès que je m ‘ennuyais, je dessinais. J’ai dû hériter cela de mon père, car j’ai découvert, il n’y a pas longtemps, que mon père biologique était peintre. Je suis allée aux Beaux-Arts, j’ai eu des cours d’Histoire de l’art. Je ne pouvais pas me payer les tableaux que j’aime, je crois que c’est ce qui m’a poussée à peindre.

 

Comment et dans quelle situation, avez-vous commencé votre carrière ?

Tu commences petit à petit, tu exposes, tu vends. Mais j’ai vraiment commencé à 50 ans.

 

Pourquoi êtes-vous partie de Hollande pour vous installer en France ?

La Hollande est un pays riche, marchand, organisé. J’étouffais dans mon milieu, je ne me sentais pas bien. A 13 ans, j’ai vu des films sur le ghetto de Varsovie. On montrait à la population ce que les Allemands avaient fait. C’était tellement terrible que j’ai décidé de toujours me tenir au courant de ce qui se passe

 

Il paraît que vous avez changé plusieurs fois de vie. Quelle était votre motivation ?

Les motivations ne sont pas toujours conscientes. Je voulais me libérer de mes parents, je me suis mariée à 18 ans. C’était pour être libre. J’ai eu très vite deux enfants. J’avais des amis qui étaient en Australie et on a découvert les premiers camping-car. On a fait le tour du monde en voiture avec nos deux enfants : Iran, Irak, Afghanistan. Je ne connaissais rien de tout cela. Arrivés en Australie, j’ai trouvé ça horrible. On y est resté deux mois, le temps de gagner un peu d’argent pour rentrer. Au retour, on a ouvert une galerie. C’était les années 70, tout était excitant. En même temps, on rêvait de retour à la nature, de vivre en communauté. C’était impossible en Hollande. On avait entendu qu’en France, il y avait des villages vides. Alors on est parti en France et on a acheté une ferme. On voulait vivre écologique, vivre honnêtement. On a acheté des chèvres.

 

Qu’est-ce que ça vous a apporté de faire le tour du monde ?

Ça m’a rendue consciente. J’ai vu comment on vit dans un monde riche et dans un monde pauvre. Pourtant les gens cherchent tous des choses simples, et on est tous pareil, et le monde est mal partagé. Ça m’a donné une conscience politique.

 

Est-ce que le fait de voyager a changé quelque chose dans votre peinture ?

Peut-être le fait d’être contente où je suis. Je rêvais de jardin méditerranéen, mon mari m’en a fait un. On est devenu des passionnés de botanique.

 

Est-ce qu’il vous arrive de ne pas peindre sur le motif ?

J’ai besoin de voir le motif pour oublier le motif.

 

Quel est l’intérêt de faire des citations dans votre peinture ?

J’aime bien. Je fais exprès de faire un tableau dans le tableau. Si je le vends, je l’aurai quand même toujours. Parfois, il remplace un tissu dans une nature morte.

 

Certains de vos tableaux semblent inachevés puisqu ’on voit le blanc de la toile. Quel est pour vous l’effet recherché ?

Ce n’est pas un effet, c’est plutôt pas envie de finir, pas envie que ça soit léché. C’est l’envie de peindre franchement. J’aime la spontanéité, le blanc fait vibrer le tableau. Je peins vite, je n’aime pas traîner. Si au bout de trois jours je n’y arrive pas, je déchire. C’est aussi l’influence de Matisse.

 

Que vous apporte le travail par série ?

C’est pour épuiser un sujet.

 

Pourquoi placez-vous des tissus dans toutes vos natures mortes ?

J’aime les tissus, ma mère était couturière et j’ai une copine qui coud ; son armoire est pleine de tissus.

 

Quel plaisir trouvez-vous dans la nature morte ?

La tranquillité. Peindre dans la nature demande beaucoup d’énergie et la lumière du jour.

 

Est-ce que les fruits abîmés n’ont pas de place dans votre peinture ?

Je n’aime pas les trucs qui meurent. Je n’aurais pas l’idée de peindre une fleur mourante !

 

Parfois vos fleurs ne sont pas figuratives. Pourquoi ne pas passer à l’abstraction ?

Je ne cherche pas à être abstraite. Je suis attachée à la figuration, au sujet. Je suis très terrienne, j’aime être simple.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à peindre ce que vous avez autour de vous ?

Je vis dans un endroit isolé. J’ai rêvé de peindre ailleurs. Pour des raisons de santé, j’ai dû rester à la maison.

 

Peignez-vous toujours dans votre jardin ?

Souvent. J’ai besoin de tranquillité. Mon mari m’a fait un très joli jardin, spécialement pour moi, avec des palmiers. Il faut que je voie un truc qui me ravit, que je tombe amoureuse d’un endroit. Je plante exprès des fleurs pour les peindre.

 

Quel moment de la journée préférez-vous pour peindre sur le motif ?

Le plus beau moment c’est le soir. Je commence plus tôt, mais je laisse une ouverture dans le tableau pour saisir la lumière du soir.

 

Dans vos paysages il ne pleut jamais. Pourquoi ?

Parce qu’on ne peint pas dehors quand il pleut !

 

Peignez-vous directement ou faites-vous des croquis ?

D’abord il faut regarder. Puis je fais d’abord un léger dessin pour placer les différents éléments. Après je passe à la peinture : sombre au début et petit à petit, je vais vers les lumières.

 

Vous inspirez-vous de David Hockney ?

Vous le connaissez ? J’ai été impressionnée par son exposition que j’ai vue à Londres. Il a toujours peint figuratif et il a dit : " laisse-toi surtout influencer ! ". En plus, il a mon âge et il est rond comme moi. Il est un peu comme un frère.

 

Faites-vous des portraits sur commande ?

De temps en temps. Je préfère peindre les amis. En commande, les gens sont en attente, mais je ne fais pas de concessions. Ce qui est important c’est l’ambiance du tableau, les couleurs que je mets autour du sujet. Je fais parfois d’après photo lorsqu’il s’agit d’attitude instantanée.

 

Comment vous y prenez-vous pour faire un portrait ressemblant ?

J’oublie que je fais un portrait. C’est d’abord une conversation parce qu’on se parle pendant que je peins. Je laisse travailler l’inconscient. En oubliant le sujet, on laisse venir les choses.

 

Pourquoi utilisez-vous tant de couleurs ?

J’aime la couleur. Je suis éblouie par les Fauves et les Expressionnistes. Ça m’a influencée. Les couleurs pures sont franches. J’aime exagérer les couleurs. Je n ‘ai pas de théorie. Je peins. Ça correspond à la joie, au bonheur. La peinture est un plaisir.

 

Pourquoi ne peignez-vous pas sur toile libre ?

J’aime que la toile soit ferme car je travaille violemment.

 

Pourquoi faites-vous des empâtements ?

Je commence simple et dans le feu du travail…

 

Quel sentiment ressentez-vous quand vous peignez ?

Je peux être calme, réfléchie ou énervée. Tu oublies le temps quand tu peins ! On cherche l’harmonie dans la vie, la peinture rend sereine.

 

Peignez-vous pour l’argent ou pour le plaisir ?

Pour le plaisir. Quand l’argent s’ajoute, c’est bien, je suis contente quand quelqu’un achète. La peinture équivaut à un petit salaire. Quand on n’a pas d’argent, mon mari va travailler au dehors.

 

Qu’est ce que ça vous apporte d’exposer ici ?

J’ai vu des expositions de qualité ici. J’espérais être choisie. C’est fatigant, mais j’aime surtout le travail avec vous. Heureusement que je ne suis pas prof  ! C’est un merveilleux moment de montrer son travail !

Riscle mars 2005.

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