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Pour cette 19ème exposition,

à la demande des élèves,

un retour très apprécié 

à la photographie


Lire le texte de présentation de l'artiste

Extraits de l'entretien des élèves avec Roland Laboye


Exploitation pédagogique en Arts Plastiques

Traduction en peinture 

des photographies 

de Roland Laboye

Linogravure

Papiers déchirés 

  

Exploitation pédagogique en Français

Insécurité

les enfants sont surveillés à tout moment de la journée.

Papi ! T'attrapes ?

Céline et Hugo – 4ème

 

Un professionnel de la photo sur le trottoir de notre ville.

 

 

Attention ! Le petit oiseau va sortir !

 

 

Julien et Magali – 4ème

 

 


Roland Laboye - Photographies

Pour cette 19ème exposition, à la demande des élèves du collège, la Galerie Bleue fait un retour à la photographie.

 

 

 

 

Roland Laboye est né en 1944. Il devient photographe professionnel en 1969 et exerce son métier dans sa ville natale de Castres jusqu'à son départ pour Montpellier où il est appelé pour prendre la direction de la Galerie Photo de la ville. Prix Niepce en 1977, son parcours artistique le conduit dans de nombreuses expositions à l'étranger surtout. En 1999, il publie un livre sur sa ville : "Montpellier m'amuse".

 

 

Cet homme aime les gens.

Non pas qu'il s'intéresse à leur attrait physique, à leurs qualités ou à leurs défauts, mais plutôt à leur faculté de s'inscrire dans l'environnement qu'ils habitent. Les "gens" de Laboye sont intimement liés à l'espace construit dans lequel ils évoluent avec aisance. La rue semble leur chez- soi, un lieu intime juste fait à leur mesure, pour leur bien-être et leur confort. Pas de gros plans ; pas d'effet spectaculaire d'angle de vue ; non, une photo à hauteur d'homme, une vision de promeneur, à portée de regard. Son Leica M armé d'un grand angle autorise une proximité semblable à une main tendue. Le déclic sur l'appareil, c'est son bonjour discret et amical, mais aussi caustique et souriant.

Tout se joue dans la malice du cadrage. Le regard de Laboye n'est pas ordinaire, l'humour lui tient lieu de visée, et le sourire de point de vue. Son œil est un compas qui compose le champ visuel en une géométrie instinctive : il saisit une symétrie, traque une opposition, souligne une perspective, découvre une suite arithmétique. Les gens semblent se fondre avec l'architecture et jouer avec le décor. Chacun prend possession de l'espace avec bonheur et simplicité, sans aucune gêne ni désagrément : madame promène ses cinq chiens en laisse, la rue est à elle. Une sorte de mimétisme s'installe avec le décor urbain : le joueur de pétanque tend son bras à la manière de l’Héraclès placé en arrière plan ; le passant tient son menton comme la femme peinte sur le mur derrière lui. Même la publicité est involontairement parodiée par ces passants qui deviennent pour l'éternité d'anonymes acteurs d'un théâtre de l'instant .

La rue est une scène, et l'œil de Laboye, son directeur artistique. Avec la rapidité de l'éclair, il saisit la drôlerie d'une situation, et stoppe son déroulement à l'instant crucial. Une fraction de seconde plus tôt, c'était trop tôt, une fraction de seconde plus tard, c'était trop tard ! Il a cette faculté d'anticiper l'événement, de pressentir l'inattendu, dans tout ce qu'il a de malicieux et de drôle. Son œil toujours en éveil transfigure le banal avec un sourire moqueur et subtil qui comble le regardeur.

 

Anto Alquier

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Extraits de l'entretien des élèves avec Roland LABOYE

Pour quelles raisons avez-vous choisi la photo ?

C’est par confrontation avec mon père qui était peintre. J’ai été immergé dans un milieu où l’art visuel était important. J’ai fréquenté les expositions, les galeries,, les peintres. J’ai même rencontré Picasso. Sans m’en rendre compte, j’ai été imprégné. Ceci a éveillé mes sens. Pour ne pas faire comme mon père, j’ai choisi la photographie.

 

A quel âge avez-vous commencé ?

J’ai eu mon premier appareil photo à onze ans. Il est important de commencer tôt, dès que l’on a envie. N’attendez pas que l’on vous dise de faire, c’est vous qui devez agir.

 

D’où vous est venue l’idée de photographier les gens ? 

Petit, j’ai souvent déménagé. J’ai été obligé de nouer constamment de nouvelles relations, de me faire accepter par des personnes différentes. Je n’avais pas d’intention bien définie au départ. Chacun est confronté à une réalité et si je produis ce type d’images c’est qu’elles sont le résultat de ce que mon milieu m’a permis de percevoir et d’assimiler.

 

Pourquoi ne photographiez-vous que dans des lieux publics ?

Les lieux publics sont à tout le monde. C’est le théâtre de la vie à portée de l’œil. Tout le monde peut en bénéficier. La ville est le lieu où les échanges se produisent

 

Faites-vous des photos dans un autre décor que celui de la rue ?

Le terme décor s’applique au cinéma et au théâtre. C’est quelque chose que l’on construit pour imiter la réalité. Moi, je suis dans la réalité de la cité.

 

Faites-vous de la photo de paysage ?

Je fais du paysage humain !

 

Attendez-vous dans la rue que quelque chose se passe?

Je vais dans la rue pour aller d'un point à un autre et pas pour faire des images. je ne peux pas être à l'affût. Je suis en translation, je chemine, je marche. En passant, je rencontre des choses, je suis au milieu des images. Si je restais au même endroit, je n'aurais qu'un point de vue. Ce serait réducteur. C'est à vous de bouger, d'être mobile, vivant. Si vous voulez que quelque chose vous arrive, c'est à vous à aller vers…et non pas attendre… C'est à vous d'aller chercher plusieurs points de vue pour vous ouvrir au monde. Le point de vue, c'est ce qui fait la valeur de l' homme!

 

Comment apprend-on à avoir l'œil?

L'œil est une surface sensible, il voit tout le temps. Les images se forment dans le cerveau, il faut donc l'éduquer, développer ses compétences.

 

Comment faites-vous pour anticiper les moments précis?

Le bon moment, c'est l'addition de perceptions antérieures. C'est comme une phase de jeu. Si on marque le but, c'est à cause de ce qui s'est passé avant L'anticipation est basée sur la perception. Si vous pensez à vos soucis, vous ne voyez pas ce qui est en face. Si vous vous détachez du quotidien et si vous orientez votre regard, vous voyez. Il faut s'entraîner à avoir conscience de l'acte à produire jusqu'à ce que ça devienne instinctif..

 

Qu'est ce qu'une bonne photo?

C'est celle qui satisfait l'auteur et qui rencontre le public. En fait, c'est un mystère. C'est l'alchimie entre présence, point de vue et équilibre ; entre le temps, l'espace et la géométrie.

 

Quelles règles suivre pour faire une bonne photo?

D'abord, ne pas vouloir faire une bonne photo. Il faut faire le vide à l'intérieur de soi pour être réceptif, ne pas se laisser surprendre par ce qui se passe; il faut avoir le regard tout azimut, être tendu, prêt à agir.

 

Pourquoi les axes de symétrie sont-ils si souvent présents?

Toute chose est construite autour d'un axe porteur. L'homme a une colonne vertébrale qui structure l'ensemble du corps. Pour un bâtiment, une ossature soutient l'ensemble. Une photo, c'est pareil. Il lui faut une structure, un rythme, un équilibre.

 

Que vous apporte la photo?

C'est une ouverture sur la perception du monde. Je m'exprime à partir de la captation d'instants. J'emmagasine des impressions et je me nourris de cela pour faire des images. J'aime regarder, croiser les regards. Il n'y a rien de plus embêtants que les gens qui ne vous regardent pas. Par le regard, on sait qui est quoi. On se situe par rapport au monde. On l'analyse, on le comprend, on l'accepte. C'est le premier des sens.

 

Quelles émotions voulez-vous faire passer?

Le fait de découvrir que dans un instant il se passe quelque chose. Le petit théâtre de la rue est celui de la comédie humaine. C'est à la fois tragique, comique, tendre et humoristique. C'est un réceptacle qui servira aux archéologues du futur.

 

Est-ce que vous photographiez tous les jours?

J'essaie. Il est nécessaire de s'y tenir, d'avoir cela toujours présent à l'esprit. Pour faire des choses dans sa vie, il faut s'orienter, se donner un but, ne pas se laisser enfermer dans un petit univers.

 

Quand avez-vous su que vos photos étaient intéressantes?

Ce sont les autres qui me l'ont dit. Dès que l'on montre, on a un retour. Le créateur donne à voir.

 

Quelle a été votre plus belle photo?

Celle que je vais faire demain!

 

Pouvez-vous faire deux photos identiques?

Impossible. Tout bouge, tout change. La lumière est importante en photo et varie d'un instant à l'autre.

 

On a l'impression que certaines photos sont scénarisées.
La scénarisation c'est pour le cinéma et le théâtre. La photo, c'est l'instant et il est magique parce qu'il est fugace. La réalité est fantastique.

 

Montrez-vous vos photos aux gens que vous photographiez?

Non, je ne les connais pas. Ils ne s'en aperçoivent pas car je suis un passant discret. Mon appareil est petit, ne fait pas de bruit, et je le porte sous mon bras;

 

Vous est-il arrivé d'avoir un problème de droit à l'image?

C'est un droit stupide. On m'empêcherait de produire des images? Je ne gêne personne. Je fais de la poésie en images, une œuvre sur l'humanité. Je fais exister les gens. C'est un acte social. La photo, c'est une trace, une pierre qui marque le temps.

 

Faites-vous de la photo pour le plaisir ou pour l'argent?

Si on veut être créateur, il ne faut pas vouloir vivre de sa création. Je fais de la photographie d'auteur, pour donner à voir. Je m'adresse à mes contemporains. C'est un plaisir, une attitude face à la société. Tout acte de création est basé sur l'échange.

 

Pourquoi préférez-vous le noir et blanc à la couleur?

Le noir et blanc est graphique, il épure. La couleur est plus difficile à maîtriser et perturbe la vision.

 

Combien d'expos avez-vous eu l'occasion de faire?

Des expos, j'en ai fait des quantités, en France et à l'étranger. Ce qui compte, ce n'est pas le nombre, c'est de les faire dans des lieux où il y a de la vie comme ici. Ici, le lieu est vitalisé par les professeurs, par les artistes qui sont déjà venus, et par vous!

 

 

Riscle le 4 juin 2004

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