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"De toutes les expositions que j'ai vues, c'est celle qui me plaît le plus, car elle dégage de l'énergie"

 

 

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Extraits de l'entretien des élèves avec Alain Lestié

-Comment naît un tableau ?

Alain Lestié : Un tableau commence toujours par des croquis qui petit à petit prennent forme jusqu’à être un projet à peu près définitif, à partir duquel je commence un tableau.

 

-Pourquoi des éléments très réalistes alors que le tableau par lui-même ne l’est pas ?

A. L. : Je pars toujours d’images que je vois autour de moi, dans les médias et à la télévision. Le tableau est généralement une somme synthétique des différentes expériences visuelles que j’ai pu avoir. A partir d’éléments réalistes, je fais des tableaux complètement imaginaires. Les éléments réalistes font que le spectateur peut immédiatement identifier ce que j’ai mis en scène, mais ces objets sont là pour donner un sens autre à leur réalité. Quand tu regardes le tableau, c’est TON tableau, ce n’est plus le mien. Moi j’ai dirigé ton regard d’une certaine manière et avec ma méthode. Même quand il y a deux interprétations contradictoires, elles peuvent être justes toutes les deux . C’est le principe d’un travail polysémique.

 

-Pourquoi avez-vous choisi l’énigme comme atmosphère de vos tableaux ?

A. L. : Je ne sais pas si énigme est le mot qui convient. Je dirais plutôt qu’il y a un certain mystère, quelque chose qui est de l’ordre du déchiffrement. Les différents plans permettent des combinaisons de sens qui se multiplient. Ceci permet d’ouvrir la réflexion sur quelque chose qui n’est pas une image unique. Je crois qu’un tableau doit résister au regard. Il ne doit pas se lire comme une affiche, en passant. Il faut, au fil du temps, y voir quelque chose de différent, une interprétation nouvelle. Mon obsession, c’est de synthétiser. Tous mes projets vont vers la plus grande concentration de sens possible.

 

-On observe beaucoup de formes géométriques.

A. L. : Elles correspondent à une recomposition de l’espace qui permet de modifier le sens des images, donc le sens général du tableau.

 

-Présentez-vous votre vie à travers vos tableaux ?

A. L. : Il y a évidemment des choses de ma vie qui peuvent passer mais à priori ça n’a rien d’autobiographique. C’est au contraire quelque chose qui essaie de se singulariser pour ressembler le plus à ce que tout le monde a pu vivre. Le plus intéressant pour moi est de mettre en jeu ces choses ordinaires pour leur donner un sens nouveau, pour leur faire dire quelque chose de différent .

-Pourquoi une dominante plutôt triste ?

A. L. : Quand je peins mes tableaux je ne les veux pas tristes, mais suffisamment graves pour qu’on y réfléchisse. Il n’y a pas du tout d’expressionnisme dans ce travail. C’est plutôt austère, je parlerai de gravité distanciée. Le sens des choses est toujours brouillé par la couleur. Plus la couleur est vive, plus le sens s’efface derrière l’impact coloré. Comme mes tableaux sont très chargés de sens, je préfère éteindre les couleurs.

 

-Le thème du temps apparaît de différentes manières dans votre oeuvre . Est-ce quelque chose qui vous obsède ?

A. L. : C’est ce qui obsède toute la peinture. Elle se construit pour résister au temps. Il s’agit donc de nos systèmes de représentation. Un objet qui est destiné à résister au temps, parle aussi du temps

 

- J’ai remarqué que les personnages ne sont pas peints mais simplement silhouettés.

A. L. : Parce que je ne veux pas nommer une personne, représenter quelqu’un. Je veux simplement signaler la place d’un personnage, sa présence à l’intérieur d’un espace et pour qu’il ne soit pas caractérisé je le laisse indistinct.

 

-Je trouve bizarre que vous mettiez des femmes nues alors que ça n’a pas de rapport avec le reste du tableau.

A. L. : Ce n’est pas une femme nue, c’est une image de femme nue et elle fait partie de notre environnement quotidien. Dans la publicité, à la télévision, dans tous les médias, le corps féminin sert à vendre n’importe quoi. Je retranscris par là ce signe de notre époque.

 

-Sur certains tableaux on voit des photos qui sont en fait des peintures. Pourquoi ne pas avoir collé la photo plutôt que d’entretenir l’illusion de la photo ?

A. L. : La réponse est dans la question ! Je veux entretenir l’illusion. Ce qui m’intéresse justement c’est que l’illusion permet de poser le problème : qu’est-ce qu’on voit ? C’est pour cela que certaines parties sont peintes en trompe-l'œil qui est le point extrême de l’illusion. Et c’est l’extrême des possibilités de la peinture, de même que le signe est un autre extrême des possibilités de la peinture par taches. Et souvent dans mes tableaux les deux extrêmes peuvent être mêlés.

 

-Pourquoi des traces de doigts à plusieurs reprises ?

A. L. : Les traces de doigts marquent l’usure, indiquent que ça a déjà servi. J’essaie d’indiquer par là que ce que l’on voit n’est pas neuf, ce que l’on voit a déjà une histoire.

 

-Que représente l’écriture dans vos tableaux ?

A. L. : L’écrit dans un tableau vient perturber l’image. C’est un code de représentation et ce que je trouve porteur de sens, c’est de mélanger tous les codes de représentation.

 

-On a remarqué que dans vos tableaux l’horizon est souvent présent, soit sous forme de lignes soit sous forme de mot. Que représente-il pour vous ?

A. L. : L’horizon, c’est la limite de ce que l’on peut voir. Au-delà de l’horizon on ne voit pas. Le grand problème de la peinture, c’est qu’elle ne soit pas vue, qu’elle soit elle-même au-delà de l’horizon..

 

-Quels ont été vos maîtres ?

A. L. : L’un des premiers est George Braque chez lequel j’ai puisé un certain traitement de la couleur, un certain climat général du tableau.. Plus tard il y eu les peintres américains comme Jaspers Johns, Rauschenberg qui, dans les années soixante ont essayé de redonner un sens littéraire et politique à la peinture .

 

-Quand décidez-vous que votre peinture est terminée ?

A. L. :Quand j’ai le sentiment que sur ce tableau -là je ne pourrai plus faire quelque chose qui l’améliore. Cela dit, très souvent je reprends des tableaux après plusieurs années et je les modifie !Leur élaboration dure très longtemps et pour cette raison je ne les date pas.

 

-Pourquoi ne travaillez-vous que sur moyen format ?

A. L. : Il m’est apparu qu’un format unique était la meilleure solution pour mettre à égalité tous les tableaux.

 

-Vos tableaux sont lisses et votre geste invisible. Pourquoi ne voulez-vous pas le faire apparaître ?

A. L. : Pour moi, le tableau est un objet fini, et un objet fini ne garde pas trace de son travail. Ce lisse, cette surface glacée, marquent en quelque sorte que le peintre s’est retiré . Cet aspect très uniforme introduit cette espèce de distance par rapport à l’objet peint.

 

-Pourquoi avez-vous accepté d’exposer à la Galerie Bleue ?

A. L. : Parce que le projet m’a paru intéressant et que les conditions d’exposition sont bonnes. Et ça ne m’arrive pas souvent de rencontrer des jeunes comme vous.

 


Extrait du "Coup de pouce" réalisé par les élèves qui découvrent les

œuvres et expriment leur première impression :

Alain LESTIE cache beaucoup de choses qui ne se

voient pas au premier coup d’œil.

Cette peinture est difficile à comprendre, il n’y a pas de sujet

précis ; la façon de dessiner les objets est figurative, mais la

façon de les choisir et de les placer est abstraite.

La technique :

C’est la peinture léchée, car elle est lisse sans aucun relief…

C’est pour moi de l ‘hyperréalisme car on dirait des objets

réels qui se trouvent devant mes yeux, mais ce ne sont que

des coups de pinceaux sur une toile…

Je ne pouvais pas imaginer qu’on pouvait faire ça avec de la

peinture…

La couleur :

La dominante colorée : des gris violacés, des bleus et des

verts. C’est une harmonie froide.

"accident"

Le sujet :

Il y a plusieurs tableaux dans le tableau. Des portes, des murs

ferment l’horizon. L’humain prend des formes fantomatiques

qui sont seulement dessinées. On a l’impression que les pay-

sages sont des photos. Les objets prennent des dimensions

disproportionnées. On a l’impression qu’ils se trouvent dans

plusieurs réalités différentes.

Il se dégage une impression de temps écoulé, de passé,

notamment grâce aux traces de doigts sur de la poussière.

Il essaie d’un côté de nous montrer la liberté (l’horizon, la

mer, les cartes) et en même temps l’enfermement avec les

portes.

Il aime la précision : beaucoup d’instruments de mesure et

de la symétrie. Ses tableaux ne sont pas joyeux.

Cette exposition est très mystérieuse : écriture illisible,

 personnages cachés…

Conclusion :

C’est plus difficile à comprendre que je ne pensais…

 

En arts plastiques

En classe de quatrième : de l’observation  des murs en galets de l’Adour à l’imaginaire. 

Après un premier travail au crayon en valeurs de gris représentant le mur, puis un travail en peinture sur les crépis vieillissant, les élèves doivent imaginer quel monde peut se dissimuler derrière le mur en train de se fendre (technique mixte).

 

En classe de troisième :

Après avoir superposé des pages de revues classées selon

des registres différents, par déchirage ou découpage, créer

de nouvelles images en utilisant le hasard, puis les "lier" par

une intervention picturale en organisant des cadres- tableaux.

 

En classe de cinquième :

Après lecture de la carte IGN de la région de Riscle, les

enfants choisissent le morceau de carte qui les intéresse, et

continuent la carte en changeant de point de vue et de code

de représentation.

 

En classe de sixième :

Individuellement, les enfants ont écrit cinq mots aimés et cinq

mots détestés, de telle sorte que leur graphie indique leurs

sentiments. Puis, regroupés en équipes, ils doivent trouver

une présentation des mots sélectionnés qui évoquent un

tableau de Lestié.

En Français

L'arbre à idées

Il est planté dans mon jardin,

Un chêne seul au milieu des sapins.

Qu’a- t- il de différent des autres ?

Luis seul entend mes idées et les note.

Tous les soirs, au clair de lune,

Il les écoute et en retient une.

Ainsi, pour chaque idée retenue,

Dans son banchage, une ampoule

s’allume.

 

Samantha P. & Amandine F. 3 ème

 

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