"Lignes souples et fragiles s'entrecroisent, matérialisant des vides qui aspirent le regardeur vers d'autres horizons..."

Il n’y a pas d’images, pas de support.

Le matériau, c’est à la fois le squelette et le corps de l’œuvre. C’est le bois déjà façonné pour d’autres usages, parfois récupéré : planchettes, baguettes, asservies à la géométrie, mesurées, étalonnées, teintées au brou de noix.

Francis Limérat c’est la rigueur, l’ordre et le rythme. Les planchettes, accolées, juxtaposées organisent une surface animée, selon le sens des fibres du bois, leur texture, leur relief, les interstices laissés entre elles. La répétition des formes ainsi crées est garante de l’ordre. En contre-point, les baguettes dessinent un espace ajouré, rythmé par une obsédante régularité. Surface-ligne, plein- vide, noir- blanc, contrastes, symétrie-asymétrie, rythmes composent le vocabulaire plastique de Limérat qui rappelle celui des constructions en bois clôtures, colombages, portes) de nos campagnes, d’Afrique ou d’ailleurs. Le " faire " est précis, soigné, la création passe par la notion de travail bien fait.

Parfois, l’accident vient troubler cette méticuleuse organisation. Alors s’ensuivent des ruptures - des chocs visuels qui dérangent l’œil - mais qui ne tardent pas à être repris en main par la répétition. La linéarité fait naître une écriture. L’espace se densifie, se resserre, s’étire. Il respire.

Le plein, le vide : étrange combat ou fructueux dialogue ?

Ou bien le plein l’emporte : la surface s’évide, des fenêtres s’ouvrent, ouvragées de lignes tendues ou brisées, les bordures s’épaississent, la couleur gagne un peu de terrain. Le plein s’apparente à la terre, au sol. Par la matière ocre rose qui recouvre le matériau, par la juxtaposition des formes quadrilatérales qui évoquent des parcelles sur une carte IGN, mais surtout par la présence d’empreintes, de marques qui jalonnent ces espaces comme des traces de trajets interrompus. Voyages inachevés, territoires encore inexplorés ? Chacun trouvera l’occasion de méditer sur ces surfaces planes accueillies par l’œil comme un sol malgré leur présentation verticale.

Ou bien le vide l’emporte. Les derniers travaux de l’artiste en témoignent. Le vide, aussi immatériel qu’un fond de ciel pur, ne doit sa réalité qu’à la présence de baguettes assemblées par bouts. Elles dessinent des droites et des courbes qui se croisent, se doublent, s’arrêtent en pleine course, s’arriment à un quadrillage discret. Elles gagnent de la longueur, de la souplesse, de la fragilité. Pourtant, une sensation de vitalité les anime, de l’énergie circule, elles se font plus légères, plus calmes, presque apaisées. Elles accrochent le regard qui se perd dans ces constructions graciles et légères. Pourquoi ne pas prendre ces ailes de papillon pour un petit voyage à l’intérieur de soi ?

Anto Alquier

Professeur d'arts plastiques au collège de Riscle

Exploitation pédagogique en Arts Plastiques

Notions abordées avec cette exposition :

droite et courbe, ligne/surface, vide/plein, rythme et répétition

Oeuvre collective réalisée par les  3èmes et placée à l'entrée du collège

Travail sur  matière à partir de la carte IGN de Riscle (6ème)

Rythme et répétition à partir d'une suite mathématique (5ème)

En classe de 5ème, travail sur la ligne et la surface, à partir des initiales du nom et du prénom

Exploitation pédagogique en Français

Simple Appareil

Les lignes se déroulent, se tissent, s'allègent, se libèrent dans une géométrie aérienne et spatiale... Les droites et les courbes se marient aux espaces vides.

Figures imaginaires, légères comme l'air, constructions immatérielles, embrouillées et abstraites...

Prodigieux enchevêtrement simple et naturel aux formes archaïques...