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"Le tressage est un retour aux origines, c’est le geste le plus primitif qui a permis à l’homme de construire ses abris, ses vêtements, et les récipients.." (Odon)

 

Site internet de l'artiste :  

http://www.odon.fr

 


Lire la présentation de l'exposition (Anto Alquier)

Extraits de l'entretien des élèves avec Odon

Tricotinons...


Exploitation pédagogique en Arts Plastiques 

Tresser librement

                                    
William L.5ème                                            Jules P. 5ème                                                     Kévin P. 5ème                                                            Pierre - Alexandre D.6ème 

                                                                                           

...et on tresse...

Quand on sait avec 4 brins, on trouve comment faire avec  5, 6, 7, 9...

on a appris :

 

une lanière

une vrille

une torsade avec 2 vrilles

une tresse avec 3 vrilles

une tresse avec 3 lanières

etc...


Exploitation pédagogique en Français

 Classes de 4ème et de 3ème

Classes de 6ème et de 5ème

Dans le cadre d'un travail sur la presse, les élèves ont crée la "une" d'un journal, et rédigé un article présentant l'exposition de Odon, ou un paragraphe argumentatif répondant à la question suivante : le tressage est-il une oeuvre d'art ?

 


Présentation de l'exposition, par Anto Alquier

Guy Houdoin est né au Mans en 1940.

Diplômé de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris.

Autour des années 70, il s’adonne à une peinture expressionniste où s’entremêlent des personnages tentaculaires;

Dans les années 76-77, il travaille sur des feuilles qu’il peint recto verso et qu’il découpe et plie en lamelles. Le tressage apparaît qui va devenir essentiel dans son oeuvre

De 78 à 85,c’est la période des roues d’ou naissent et rayonnent les tresses.

En 85, un grave accident de santé le prive de sa dextérité. Il travaille des "étoiles" des "soleils" à partir de 7 feuilles de Canson colorées.

A partir de 87, il change de matière et utilise désormais le Kraft qu’il peint recto verso et qu’il découpe en bandes puis vrille et enfin tresse.

En 97, Houdoin devient Odon, s’identifiant à Saint Odon de Cluny, manceau comme lui et auquel il se réfère quand il parle de méditation et de pratique spirituelle.

 

Les œuvres de Odon font la roue sous le plafond de la Galerie bleue. Ce sont de longs rubans de papier préalablement peint, qui, patiemment tressés, se déploient dans l’espace plan.

Les années 80 donnent naissance à la série des "Patak" du nom d’un personnage imaginaire auquel l’artiste s’identifie. Ce sont des œuvres circulaires, tressées avec de très fines lanières dans des coloris pastels, qui s’ordonnent autour d’un centre étoilé, et se déploient en une série de cercles concentriques dont le passage de l’un à l’autre se fait par un carré à peine mis en valeur par son harmonie colorée. La rigueur d’une savante géométrie se dissipe sous le tressage des couleurs douces. Les effilochures des bords cassent le sage travail du vannier, et lui insufflent cette part de mystère et de poésie qui en fait une œuvre d’art.

A ces œuvres planes, pleines, succèdent "les étincelles", des tressages de papiers colorés et vrillés qui se déploient en spirales. Une mathématique compliquée semble présider à leur naissance. D’ailleurs les "dessins" présentés témoignent de cette préoccupation. A ces exercices quotidiens de tressage au stylo bille, Odon mêle des opérations insolites, des calculs hermétiques mais aussi des anecdotes, des numéros de téléphone,ou même la liste des courses ! Ce sont des notes plutôt que des dessins où sans souci de présentation, il entrelace sur la page, le travail, le rêve et la vie.

La surface s’allège et s’étire en un jeu de lignes qui s’enroulent sur elles-mêmes, s’unissent et se séparent, se croisent et se dédoublent. L’oeuvre part d’un centre, comme l’œil d’un cyclone qui enfle et se déploie dans l’espace en tournoyant dans le plan. De longs tentacules s’allongent et progressent, reliés par des "barreaux" qui les retiennent, et assurent l’ordre et la cohérence de cet univers en expansion où le vide l’emporte sur le plein. Et soudain, l’ordre cède au chaos, la force à la fragilité. Les tresses s’abandonnent, les fils s’individualisent, errent dans l’espace et se terminent par des sortes d’ailes de papillons qui aspirent à la liberté. Interrompues mais jamais terminées, ces immenses spirales, minutieusement tissées jour après jour comme une toile d’araignée portent en elles les promesses d’un ailleurs exaltant, joyeux et lumineux. C’est l’image d’un infini en rotation, avec ses étoiles filantes, sa dynamique, son étrangeté, sa force et sa lumière.

Ces tresses de papier, sans endroit, sans envers, sans cadre et sans support, dont l’humble matériau est à la fois le squelette et le corps de l’œuvre, nous parlent de l’homme qui tisse patiemment et avec obstination sa destinée dans la roue du temps.

Anto Alquier

 

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Extraits de l'entretien des élèves avec Odon 

 

Pourquoi avez-vous changé votre nom alors qu’il comporte sept lettres ?

Cette remarque est astucieuse ! mais mon nom :Houdoin plus mon prénom : Guy, ça faisait onze lettres. Tandis que Odon plus Guy, ça fait sept lettres !

 

Votre désir était il de raccourcir votre nom ou de vous appeler Odon ?

Je voulais simplifier mon nom car tout le monde l’écrivait ou le prononçait .de façon différente.

 

On a remarqué le chiffre sept dans la plupart de vos œuvres : 7 lanières, 7 branches…. Que signifie-t-il pour vous ?

Le chiffre 7 est entre 6 et 8. Or, l’étoile juive a 6 branches, l’étoile musulmane 8. Le christianisme , entre les deux, c’est l’étoile à 7 branches. C’est une étoile qui se continue sans arrêt. En partant d’une pointe, on revient sur la même pointe, tandis que les étoiles à 6 ou 8 branches sont faites de deux figures indépendantes. L’étoile à 7 branches donne en elle- même l’idée de l’infini.

 

On dirait que vos œuvres peuvent se continuer. Avez-vous voulu donner l’idée de l’infini ?

Absolument. En partant du centre vers l’extérieur on va vers l’infini. J’ai pris modèle sur les arbres. Seules les araignées travaillent de l’extérieur vers l’intérieur.

 

Est-ce que l’activité de tressage vous procure des émotions ?

Oui, très fortes.. Plutôt des réflexions, des méditations. Quand je tresse, c’est comme si je faisais une prière, comme si je rendais grâce au créateur qui a fait les arbres, les couleurs…Je pense au monde entier, à tous ceux qui tressent. Par exemple aux vannières de Nouméa qui sont venues travailler avec moi.

 

Pourquoi avez-vous inventé un personnage imaginaire ?

Je ne suis jamais allé au Pérou. Patak est un nom qui fait penser à ce pays et je voulais rendre hommage aux femmes Péruviennes qui tressent. C’est un personnage imaginaire à qui j’ai inventé une civilisation, des costumes, une parure. En fait il est venu tout seul à la suite de recherches. Je faisais des visages avec des barbes et des cheveux tressés. Patak sonne bien. Tous les titres commencent par PA…pa comme " Patak à PA ris ", la " patience de Patak "

 

Pourquoi avez-vous utilisé la technique du tressage ?

Le tressage est un retour aux origines,. C’est le geste le plus primitif qui a permis à l’homme de construire ses abris, ses vêtements, et les récipients.. On retrouve des vanneries dans des bas-reliefs très anciens.

 

Comment avez-vous trouvé le tressage à 7 brins ?

J’ai appris tout seul. J’en ai même fait à 9 brins !. le plus difficile est de passer de 3 à 4.

 

Pourquoi avez-vous choisi le papier comme matériau ?

Je ne crois pas que je l’ai choisi. C’est venu simplement.. C’est un matériau riche : il est souple, il se coupe, il se peint. C’est aussi un matériau ancien d’origine végétale.

 

Est-ce que pour vous le tressage est une activité très sage ?

C’est une activité de méditation . Le geste n’est pas agressif. Je n’ai jamais vu un vannier en colère. Le matériau est fragile, il faut le prendre avec souplesse. C’est un travail lent qui amène à la sagesse. Ce n’est pas une activité pénible. C’est une suite d’actions simples qui ne demandent pas de force. De là à dire que je ne suis pas fatigué le soir…

 

On a remarqué que vous n’utilisez pas le noir. Est-ce un choix. ?

Mondrian est arrivé à peindre avec les 3 primaires. Moi je suis parti de là et en mélangeant les 3 couleurs on n’arrive pas au noir mais à un gris très foncé. J’ai éliminé le vert.

 

Comment est arrivé le travail sur les " étincelles " ?

Les " étincelles " sont des petites œuvres par rapport à d’autres qui ont de grandes dimensions, jusqu’à 5 mètres d’envergure. Je voulais vérifier si avec le même matériau je pouvais faire plus petit. C’est comme si j’avais fait un nain après un géant pour vérifier si les tressages avaient autant de puissance.

 

Pourquoi dans les " étincelles " les tresses n’ont que 4 brins ?

C’est pour réduire le format. En supprimant le nombre de brins je fais des œuvres plus petites.

 

Est-ce que vous vous faites aider pour tresser ?

Ah !non ! pas du tout. Je suis tout seul dans mon atelier.

 

Comment décidez-vous qu’une œuvre est terminée ?

C’est une bonne question. Quand j’ai envie d’en commencer une autre car celle-là m’a donné des idées et comme je ne travaille qu’une œuvre à la fois…

 

Reprenez-vous des tressages anciens pour les continuer ?

Il m’arrive souvent de reprendre un tressage qui revient d’une exposition. Le gros risque est de ne jamais s’arrêter et de n’avoir qu’une seule œuvre en chantier.

 

Est-ce qu’il vous arrive de rater une œuvre ?

Oui, mais je la continue. Il m’arrive de détresser si ce n’est pas assez serré ou si je me suis trompé. Parfois je coupe au ciseau et je reprends le morceau.

 

Vos dessins sont-ils aussi des pense-bête ? Vous y écrivez dans tous les sens.

En effet. Mon papier n’a pas de sens, je travaille dans tous les sens. Quand il me vient une idée, je la note sur l’instant bien qu’elle n’ait rien à voir avec le dessin. J’écris tout ce que je pense, je fais des calculs en prévision des tressages, je note ce que j’entends à la radio.

 

Pourquoi collez-vous des petits bouts de papier ?

Quand je me trompe je ne peux pas effacer le stylo à bille. Parfois je gratte, mais je préfère coller un papier par dessus. C’est comme une gomme.

 

Pourquoi utilisez-vous le stylo à bille plutôt que le crayon ?

Le crayon est trop dur, il marque le papier. Le 2B est trop mou. Comme j’ai été graveur, j’aime le trait incisif et puis j’utilise les couleurs. Y a pas besoin d’aiguiser, y a pas besoin d’encre et on peut travailler n’importe où.

 

Est-ce que vous faites la page de dessin d’un trait ?

Je la reprends plusieurs fois. Je ne dessine que le soir de 20 heures à minuit. C’est comme la suite de mes réflexions de la journée. Ca demande moins de tension que le tressage, c’est un temps de repos. Je ne regarde jamais la télé et le dimanche je ne tresse jamais. Je range, je dessine, je sors.

 

Qu’est-ce qui prend le plus de temps, le dessin ou l’estampe ?

Ce n’est pas moi qui fait l’estampe. Je fais la matrice et le taille-doucier exécute l’empreinte. Il en tire une par demi –heure.

 

Avant votre accident, votre œuvre était-elle différente ?

Oui. Toutes les roues tournent dans le sens des aiguilles d’une montre. Avant elles tournaient dans les deux sens. Je ne peux plus le penser dans ma tête. Mon cerveau droit m’en empêche. Je confonds droite et gauche. Ce que je fais maintenant est beaucoup plus brut. J’ai arrêté l’enseignement, les courses, le téléphone. Je ne fais que tresser.

 

Est-ce que votre travail reflète votre personnalité ?

C’est à vous de voir. Je suis en même temps d’un orgueil et d’une humilité terribles. Pour moi, c’est le travail qui rend heureux. Je vis en travaillant, je suis présent dans mon travail, je ne raconte rien.

 

 

Riscle, mai 2005

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En écho aux tressages de Odon…
...dès qu’on entre dans le hall du collège, on fait un tour de tricotin !

TRICOTIN à 6 mailles, fabriqué par M . Frulin, pour réaliser une " PERFORMANCE " artistique.

Toute œuvre artistique relève d’une intention qui n’est pas économique ou utilitaire . L’intention ici, est de susciter un questionnement sur la notion d’ INFINI et de LIMITE En effet, ce travail répétitif, agréable, qui ne demande aucune compétence particulière du point de vue du savoir-faire, possède un début, mais peut ne pas avoir de fin , si on le décide ainsi. Son achèvement repose sur une décision préalable : fin de la première ou deuxième ou énième bobine de sisal ? ou celle d’une date fixée à l’avance ? ou tout simplement par abandon de la main d’œuvre.

La production s’accumulant, se pose la question de sa destination . L’œuvre devient objet d’interrogation : envahira-t-elle l’intérieur du collège jusqu’à expulsion de ses habitants ? ou bien quel parcours lui ferons –nous suivre et pourquoi tel ou tel trajet ? quelle sera la signification de ce trajet ?

 

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