Jean-charles Quillin utilise une matière somptueuse pour faire surgir, du noir, la lumière... |
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ENTRETIEN AVEC JEAN CHARLES QUILLIN (extraits)
Pourquoi avez-vous choisi le noir alors que ce n'est pas une couleur? Le noir, c'est l'association de toutes les couleurs. C'est quand même une couleur! Ce choix est le fruit du hasard. Un jour, j'ai fait un fond noir sur ma toile car je n'avais plus de blanc. J'ai découvert que c'était intéressant. Au départ, c'était un jeu, j'ajoutais des matières, par exemple du white spirit. Il y avait là des nuances à exploiter. Alors j'ai commencé à travailler autour du noir. A cette époque je préparais un voyage en Inde. Là- bas j'ai découvert que le noir était la couleur de la joie, du bonheur, de ce qui est positif. J'ai commencé à réfléchir sur le noir. Quand on ferme les yeux, on voit noir, mais aussi plein de lumière… Ca m'intéressait de matérialiser cette lumière intérieure. Mon but a été de travailler avec des matières pour les faire apparaître car les nuances se modifient en fonction de la matière selon que la peinture est fluide ou épaisse.
N'avez-vous jamais utilisé que le noir? Tout peintre commence à travailler avec toutes les couleurs. Mais j'avais une insatisfaction. Par exemple pour figurer la mer, on utilise des nuances de bleu, c'est facile. J'ai voulu ne pas figurer, mais suggérer rien qu'avec du noir.
Qu'est-ce que le noir représente pour vous ? C'est simplement une couleur comme une autre. Mais j'en ai fait un support pour la méditation. Le noir, c'est quelque chose d'intérieur, c'est quand on ne pense à rien, on ferme les yeux, on fait le vide dans sa tête et des choses commencent à apparaître. C'est une pratique spirituelle. Le noir ne me sert pas à revendiquer quelque chose.
Généralement, le noir représente le deuil, la tristesse. Et pour vous? C'est subjectif. Ca dépend des civilisations. Le noir n'est pas plus triste que le blanc, le bleu ou le rouge. Ce genre d'argument ne repose sur rien, simplement on est dans un état de tristesse ou de joie et c'est cela que l'on projette sur la couleur. qui devient un prétexte pour affirmer son état.
Pourquoi avoir choisi une couleur sombre pour travailler la lumière ? Dire qu'une couleur est sombre est une vue de l'esprit, pas une réalité. Quand on ferme les yeux, on fait le noir, et on voit de la lumière. Les mots " sombre ", " clair ", sont des raccourcis. On manque de mots justes pour dire les choses. Le noir reste une couleur, un support. On peut l'utiliser de différentes manières. La lumière vient du travail de la matière.
Alors comment faites-vous pour travailler la lumière ? Je travaille avec la matière. Ce que j'appelle matière est de la peinture en couche très épaisse. Et je dois la traiter de façon que la lumière extérieure puisse s'y accrocher et pour cela il ne faut pas qu ma surface soit lisse.. Il me faut des grains, des accrocs. Je travaille sur une toile posée au sol . Je prépare ma peinture., ce sont des pigments que je mélange avec de l'huile de lin et que je fais cuire. Je prépare deux sortes de peinture: une fluide et une épaisse qui sera la matière. Je verse la plus fluide sur la toile pour la préparer. Elle va l'imbiber, la pénétrer, et accrocher la matière que j'étale en couche très épaisse. Je ne fais pas de couches successives. Je travaille avec mes mains, je n'utilise ni brosse ni pinceau. Je travaille par soustraction, j'enlève, j'épure,. J'incruste des empreintes pour faire du relief qui accrochera la lumière. Les effets de matité ou de brillance dépendent de ce que je rajoute dans la pâte :de la cire, des oxydes, de la poudre de graphite qui donne des reflets argentés.
En fonction de quoi choisissez-vous le relief? C'est en fonction de ce que je ressens, de ce que je veux évoquer. Par exemple, si je veux évoquer une peau qui vieillit je peux choisir une poche de plastique froissée que j'imprime sur la peinture; pour l'idée de quelque chose qui se dégrade, j'observerai d'abord un vieux mur et je chercherai le matériau qui me permettra d'évoquer cela. Il faut d'abord apprendre à observer pour comprendre le phénomène de la matière.
Pourquoi n'y a t-il pas de marques de doigts alors que vous peignez avec la main? Je ne veux pas laisser de marques. Travailler une toile c'est comme caresser un corps. Si je travaille avec les mains, c'est pour ne pas qu'il y ait d'intermédiaire entre la peinture et moi
Faites-vous plusieurs tableaux en même temps ? Non ,parce que j'ai une façon de travailler un peu particulière. Je commence vers 9heures le matin. Je pose ma toile vierge sur le sol, et je reste une heure à une heure trente assis devant la toile. Il faut que je me concentre que je fasse le vide en moi pour laisser venir des sensations profondes, être à l'écoute. Je ne dois pas être préoccupé par autre chose que cette peinture. Donc je ne peux travailler que sur une toile à la fois.
Combien de temps vous faut-il pour réaliser un moyen format ? Je commence à 9 heures du matin et j'arrête le lendemain matin vers 4 ou 5 heures sans coupure. La notion de temps n'existe plus à ce moment là. La notion de temps n'existe que dans l'urgence lorsqu'il y a des délais, des dates à respecter. Le calcul du temps ne m'intéresse pas, ce qui est important c'est: comment rester en état d'éveil, être concentré sur ce que je fais. Il faut être concentré sur ce que l'on fait pour éviter de le faire superficiellement.
Dans quelle ambiance travaillez-vous ? Quand je travaille il faut que je ressente toute l'énergie qu'il y a autour de moi pour qu'elle fasse partie intégrante de mon travail. Alors, même s'il y a de la musique ou le moteur d'un tracteur, ça ne me dérange pas.
Quand vous commencez, avez-vous déjà l'idée du tableau fini ? Je ne fais pas de projet. La manière de travailler dont je vous ai parlé m'empêche de faire tout projet.
Cela vous arrive-t-il de, ne plus avoir d'inspiration?. Quand je suis fatigué. L'inspiration, c'est l'énergie.
Sur certains tableaux on voit des points rouges ou bleus. Ne seriez-vous pas tenté par la couleur ? C'est une expérience qui n'a pas duré longtemps. Avec ces taches je voulais exprimer une température sur la toile: le chaud, le froid. Ca devenait anecdotique et répétitif et ça n'apportait pas grand chose au travail pictural lui-même.
Pourquoi des toiles sont-elles " sans titre" ? Le titre c'est une commodité pour ranger, classer. Quand il y en a , ce n'est pas moi qui l'ai choisi; souvent ce sont les personnes qui m'entourent. Je préfère qu'il n'y ait pas de titre. Donner un titre, c'est imposer une vision au spectateur, je n'aime pas cela.
Que feriez-vous si vous arrêtiez la peinture? Si j'avais la possibilité de refaire un parcours, avant d'être peintre, j'aurais fait l'expérience d'être instituteur. Mais je n'envisage pas de faire autre chose. Ca ne m'amène que du positif, je n'ai aucune raison d'arrêter. L'essentiel, c'est de vivre passionnément ce que l'on fait.
Quel est votre peintre préféré ? Les peintres que j'aime, ce n'est pas pour leur travail, mais pour l'individu lui-même.. je suis sensible à leur démarche dans la vie. Par exemple, Bacon, Tapiès. Je les aime pour leur façon de concevoir la vie.
Est-ce que le goût de la peinture vous vient de votre famille ? Pas directement. Je n'ai jamais entendu prononcer le mot " peinture" dans ma famille. Mais c'est plus le contexte dans lequel j'ai grandi qui m'a préparé à pouvoir faire de la peinture.. Ma famille ne m'a pas initié à l'art, mais elle m'a indirectement donné les moyens de pouvoir l'exploiter.
Que retirez-vous de votre rencontre avec nous? C'est la première fois que j'expose dans un collège .Le lieu est très agréable, très beau, mais ce n'est pas ça qui m'intéresse le plus. Ce qui me fascine, et qui m'enrichit, c'est d'être confronté à votre regard sur mon propre travail, regard qui est très différent de celui qu'on trouve dans une galerie ordinaire.
RISCLE Mai 2002
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En Arts Plastiques |
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COMMENT ONT TRAVAILLE LES ÉLÈVES ?
Les travaux d’expression plastiques seront orientés vers les moyens d’expression du peintre :
pour les 6èmes réalisation d’une page monochrome avec des aplats, des touches, des aquarellés , des gouachés et des matières . pour les 5èmes imiter un tableau de Quillin en n’utilisant que des matières végétales évoquant la texture des matériaux inventer un tableau monochrome en empruntant des personnages et des compositions de peintres connus pour les 4èmes imiter un tableau de Quillin en lui accordant des couleurs pour les 3èmes imiter un tableau de Quillin en n’utilisant qu’un matériau : du papier Canson noir ou gris composer la peinture monochrome de son choix |
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En français | |||
LE NOIR ET SES CONTRAIRES Je viens de visiter la galerie bleue où sont exposés les tableaux Monochromes, symphonie de noir de Jean-Charles Quillin J’ai éprouvé une sensation de tristesse devant tout ce noir Et pourtant… Les notes de musique noires d’une partition peuvent apporter A nos oreilles une jolie mélodie ; Le bois d’ébène travaillé fait de très beaux meubles ; La fonte de l’âtre nous réchauffe ; Le café nous apaise ; Le soleil levant nous fait oublier la peur de la nuit et du noir ; Le cafard nous fait apprécier les moments de joie Que nous pouvons passer avec notre famille Autour de grillades cuites au charbon de bois ; Les laves des volcans si noires n’apportent-elles pas la fertilité Au sol qui les reçoit ? Et le crayon noir ? N’embellit-il pas les yeux des femmes ? Après réflexion les œuvres de ce peintre par leurs jeux d’ombres Et de contrastes apportent dans la galerie L’impression d’une certaine vie.
Raphaëlle N. (4ème B) |