"Grainée, effleurée, blessée, ou laissée vierge, la plaque de cuivre transmet la sensibilité de l’artiste."
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Extraits de l'entretien des élèves avec Claude Raimbourg |
- Quel est votre parcours artistique? Claude Raimbourg : On ne devient pas graveur comme ça en naissant.. J'ai appris à dessiner avec mon grand-père; je n'ai pas fait d'école d'art..... Les nécessités de la vie m'ont obligé à travailler très tôt, et j'ai fait plusieurs métiers. J'ai été photographe, spécialisé dans le théâtre. Puis je me suis consacré davantage au dessin en étant caricaturiste dans des journaux. Cet entraînement à la caricature m'a m 'a donné l'habitude de regarder davantage les gens et m'a donné envie de faire des portraits. Je n'ai appris à graver que fort tard, vers l'âge de trente ans, alors que je dessinais depuis l'âge de douze ans.. On a chacun un mode d'expression avec lequel on est plus à l'aise. En gravure, il n'y a pas de gomme, on ne peut pas revenir en arrière, se repentir. Il faut donc arriver à une certaine perfection du trait
- Travaillez-vous par période ou régulièrement? C. R. : Si vous pratiquez un art, vous devez travailler tous les jours. Le musicien fait ses gammes chaque jour, le dessinateur exerce sa main chaque jour, il faut qu'elle soit toujours en mouvement. Donc, chaque jour il y a la nécessité de travailler, que l'on en aie envie ou pas.. je crois beaucoup à cette vertu du travail quotidien. L'art c'est un travail, ce n'est pas une distraction ce qui ne veut pas dire qu'on ne le fait pas avec plaisir.
- Dans vos gravures vous représentez le spectacle: la tauromachie, le cirque. Faites-vous un parallèle avec votre enfance? C. R. : Il y a en effet une concordance qui est de l'ordre du spectacle. Le cirque se passe dans un lieu clos comme l'arène, il y a une convergence des regards vers un pôle d'attraction. J'aime le spectacle. Mon père était comédien, je pense que j'étais à bonne école. Le goût de la présentation et de la représentation remonte sûrement à la petite enfance.
- Pourquoi ne pas avoir choisi le monde du spectacle à la place de la gravure? C. R. : Je ne pouvais absolument pas faire le métier de mon père! Ou bien j'étais inférieur à lui et c'était insupportable pour moi; ou bien j'étais meilleur que lui et c'était insupportable pour lui ! La question ne s'est jamais posée.. je pense que c'était plus facile pour moi de me mettre en relation avec mon grand-père
- Sur certaines de vos gravures, vous gravez des personnages célèbres avec leur nom. est-ce pour vous une façon de leur dédier ces œuvres? C. R. : J'ai tellement peur que l'on ne reconnaisse pas Balzac que j'écris son nom dessous! moi, ça me sécurise. Si la personne que je dessine est vivante, je vais lui offrir la gravure. c'est un peu ma manière de lui rendre hommage, de lui dire " je vous aime", "je vous admire". Quand les personnes sont mortes , c'est aussi de l'ordre de l'hommage. C'est une façon de rester en relation
- Jorge Semprun que vous avez gravé a écrit "l'écriture ou la vie". Est-ce que vous pour9riez écrire "la gravure ou la vie" ? C. R. : J .Semprun est un monument de la littérature contemporaine. Son œuvre est basée sur une expérience politique, humaine, extrêmement forte, dans un camp de concentration.. Son expérience est celle de la mort possible quand on a dix huit ou vingt ans. moi je n'ai pas du tout cette trajectoire même si j'ai pris parti pendant la guerre d'Algérie. Moi, je n'ai pas risqué grand chose . Alors je pourrai tout juste intituler le premier tome de mes mémoires :"la gravure ET la vie".
- Que ressentez-vous lorsque vous gravez et qu'est ce qui vous attire dans la gravure? C. R. : Quand on est devant un cuivre ou un zinc tout à fait net et que vous allez commencer à faire un trait, à graver des sillons, c'est extrêmement impressionnant. C'est toujours émouvant, c'est un peu un challenge. Ce qui m'attire dans la gravure, c'est le fait qu'il n'y ait pas la possibilité de repentir , c'est une image multipliable donc accessible par un large public, et enfin on a des effets de noirs et de blancs que l'on n'a ni à l'encre de chine, ni au crayon, ni à la peinture.
- Comment distinguer à l'œil nu, un burin, une pointe sèche ou une eau-forte? C. R. : La pointe sèche est une pointe en métal plantée dans un manche en bois, comme un crayon . Elle se tient verticalement.. Le but est de creuser un sillon qui sera rempli d'encre au moment de l'impression. En tenant l'outil à la verticale, le sillon sera un V étroit qui retiendra bien l'encre au moment de l'essuyage. La pointe sèche creuse un sillon et le métal est repoussé sur le côté, comme le fait le soc de la charrue qui laboure la terre.. Au moment de l'impression, ce petit bourrelet va donner un trait un petit peu gras comparable à un trait de fusain. En revanche, l'eau-forte donnera un trait froid, incisif, , parce qu'il n'y aura pas de "chutes " de métal, puisqu'il a été dissout par l'acide. Le burin est un outil que l'on pousse, et qui produit des "copeaux" comme le menuisier quand il rabote.. Le trait est encore plus fin. Ce sont de très petites incisions extrêmement précises et fines. Cette technique servait avant l'invention de la photographie , à la reproduction des tableaux.
- Quand décidez-vous qu'une gravure est terminée? C. R. : A un certain moment on décide que c'est terminé parce que ce qu'on avait dans la tête, on le trouve sur la plaque. Alors on fait ce que l'on appelle un "état" ; on imprime une première fois pour se rendre compte et à partir de là on va rajouter des noirs, des gris , des traits…
Comment choisissez-vous le nombre de tirages? C. R. : Le nombre dépend de ce que je pense pouvoir vendre, de la solidité du trait, en fait de la qualité de la plaque. Si on choisit vingt exemplaires, il faudra vingt fois encrer la plaque et on écrira sur chaque tirage 1/20, 2/20 etc., en bas, à gauche de l'image., au crayon.… Quand vous avez décidé 20 tirages vous n'avez pas le droit d'en faire de nouveaux. C'est une question de morale professionnelle, d ' éthique
- Pourquoi certaines gravures sont-elles notées en chiffre romains? C. R. : Si l'édition d'une série de gravure est épuisée, et que cette gravure est justement demandée pour une exposition on refait un tirage de la série, numéroté en chiffres romains, qui ne sera pas commercialisable.
- Est-ce que vous détruisez le support lorsque le tirage est terminé? C. R. : La réponse est immédiatement non parce que le patrimoine du graveur c'est le support et non les tirages sur papier.. Lorsqu'on est satisfait du nombre de tirages, il y a une tradition qui veut que l'on raye la plaque. Ainsi, quand on va à la bibliothèque nationale et que vous demandez à voir un cuivre de Rembrandt ou Picasso vous verrez que la plaque est rayée. Comme cela empêche de bien voir le travail, on a décidé au comité national de la gravure, de faire deux traits propres en travers ou mieux de percer un trou au bas de la plaque.
- Qu'attendez-vous de nous qui regardons vos gravures? C. R. : Cette question est absolument fondamentale. j'attends quelque chose qui est de l'ordre du dialogue, du regard. Il est évident que j'aime bien dessiner, graver, mais en arrière pensée c'est toujours où et comment je vais montrer mon travail. C'est quelque chose qui est de l'ordre de l'exhibition.
- Est- que vous trouvez que vos œuvres sont bien mises en valeur dans la Galerie Bleue ? C. R. : Alors là c'est oui sans restriction! J'ai peut- être exposé quelque cent cinquante fois, et c'est une des expositions que je préfère. D'abord le lieu est superbe, c'est l'un des plus beau collège que je connaisse, et ensuite, les personnes qui m'ont invité ont un goût exquis et professionnel. Ils ont réalisé un encadrement et un éclairage superbe. Je suis comblé, vous avez devant vous un homme profondément heureux! Mars 2001
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Exploitation d’une photographie à la plume et à l’encre de chine, après l’étude des eaux- fortes de Van- Gogh et Morandi. |
En arts plastiques |
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Notions abordées selon les niveaux de classe l’estampe, l’œuvre originale la gravure en relief, la gravure en creux les moyens d’expression du graveur : le trait, les valeurs de gris des graveurs célèbres : Bruegel (les péchés capitaux) Dürer (Adam et Ève) et Goya Van Gogh et Morandi ; Picasso
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Claude Raimbourg a proposé un concours d’écriture à partir de quelques gravures.
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Remise des prix par Monsieur l’inspecteur d’académie du Gers, à Nelly et à Charlotte. |
Cette proposition motive fortement les élèves. Après un vote du public et un vote séparé des élèves, Claude Raimbourg a offert aux deux gagnants, une gravure originale. | |
Prix des élèves Un enfant innocent sur sa bête gris cendre Se promène dans l’ombre d’un noir infini, Un noir inquiétant et même frustrant Avec par moment des indices harmonieux Les traits imparfaits dessinés au burin Disent la main tremblante ou habile L’imperfection touchante d’un dessin d’enfant Un retour en enfance, un message, une idée Ou tout simplement le désir de nous émerveiller. Charlotte G. 3ème |
Prix du public Opposé à la lumière, ombre je dessine. Traits irréguliers, imperfections des objets avec moi apparaissent. Noir grisâtre ou gris noirâtre : couleur synonyme Sur le blanc, croquis je nais. Contraire de la journée avec nuit je vis Rides du temps striures au visage A la clarté, avec contours je rime Mais que deviendraient les artistes si je venais à mourir ? Nelly C. 3ème B |
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C ’est l’occasion en arts plastiques de travailler le noir et blanc et de s’exercer à la linogravure. C’est un formidable moment de créativité . Cette technique permet à certains enfants peu persévérants dans le domaine du dessin de produire un effort prodigieux pour aller au bout d’eux- mêmes afin d’obtenir un tirage de qualité. Depuis cette expérience, ils se sont mis à aimer les arts plastiques, s’intéressent et soignent leur travail.. |
Audrey, élève de 4ème , initie une visiteuse à la linogravure |