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Site de l'artiste : http://www.barbaraschroeder.com/

 

 

Présentation de l'exposition

Exploitation pédagogique (PDF)

français : 6èmes  4èmes 3èmes

 Arts Plastiques 

Espagnol 4èmes

Entretien avec les élèves


Présentation de l'exposition

Barbara Schroeder est née en 1965 à KLeve en Allemagne.

Elle s’installe à Bordeaux en 1984 et suit des études à l’Université de Bordeaux III et à l’Ecole des Beaux Arts avec une formation en gravure. Elle obtient son DEA de Communication Art et Spectacle sur le thème des Peintures du Mur de Berlin en 1989.

 

" Pour moi, l’art, c’est créer, toucher, raconter. L’art doit être au service des hommes et non à la disposition des musées. J’imagine sans peine que les gens puissent accrocher mes toiles dans leur salon, leur chambre ou leur cuisine, qu’ils fassent connaissance avec elles, avec moi, et éprouvent un sentiment de bien-être en leur compagnie, comme si elles leur racontaient une histoire ; la leur peut-être. "

 

 

Dès l’entrée dans la galerie, ce qui saisit le regard c’est la palette colorée, cette dominante de couleurs d’arrière saison, chaudes et fraiches à la fois. Barbara Schroeder joue en virtuose avec toute la gamme des couleurs rabattues. Ici, pas de couleurs pures qui accrochent mais une infinité de bruns allant du rouge vineux au rouille éclatant, des ocres rosés au vert de gris en passant par des déclinaisons de bleus et de verts avec, dans la majeure partie des toiles le noir qui dessine. C’est avec ces moyens que l’artiste qui vit sur les bords de la Gironde nous convie à la table du pauvre. Choux, pommes de terre, fenouil, fèves, châtaignes, grenades…ces humbles végétaux, en affirmant leur présence, célèbrent la peinture.

On devine la préparation d’un fond qui recouvre rapidement la toile de couleurs et de matières. C’est une façon énergique de prendre possession de l’espace pictural et de " l’habiter ". Puis la forme s’élabore, à partir de taches sauvages, dans des tonalités voisines telles que les rouges, les ocres et les bruns sur lesquelles se superposent des jus transparents qui laissent affleurer les dessous. Une ligne noire, rapide vive et souple en dessine les contours et lui imprime une vitalité joyeuse. Plus ou moins précise, elle évoque plus qu’elle ne figure, tantôt mordue par un nouveau fond qui vient par contraste la magnifier.

Ici, pas de concession à l’exotisme, à l’attrait du végétal rare, ni à la ressemblance. Il n’y a pas de soumission à la couleur locale ni à la taille du fruit, pas de concession au pittoresque mais une certaine délectation à saisir l’enveloppe, le contenant plutôt que le contenu, et à lui dédier tout l’espace de la toile quel que soit le format, du petit carré au rectangle de deux mètres de haut. Car c’est bien ce qui retient l’attention : cette effronterie de grossir démesurément le sujet, de lui donner toute la place, si bien qu’il n’est plus le " sujet " du tableau mais seulement un prétexte à peinture, une danse furtive du pinceau selon une musique intérieure qui commande le geste et la couleur. On est loin de la tradition de la " nature morte ", composition d’objets choisis et figés dans leur immobilité, qui nous parle de la condition humaine et de sa vanité. Ici, ces modestes fruits et légumes, images d’une certaine rusticité campagnarde, sont " les vanités " du cœur et les pulsations de la vie. Les peaux sont tendues jusqu’à l’éclatement, fond et forme s’appellent, couleurs et matières se mêlent et la ligne qui dessine n’est plus qu’un trait d’union entre l’une et l’autre. Ce que l’on lit aisément dans les œuvres sur papier. " Les champs froids " dernières peintures récentes, prouvent justement ce désir de quitter le dessin. La ligne noire se fait discrète, disparaît, seules subsistent des traces de contours, le souvenir d’une forme, que recouvrent de larges surfaces rugueuses et irisées, aux éclats métalliques. Les titres d’ailleurs invitent à quitter le réel pour basculer vers des territoires imaginaires qui se superposent à la poésie muette des objets. Transfigurer le banal c’est déjà découvrir la richesse du monde.

Anto Alquier

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Entretien avec les élèves

 

Quelles autres techniques avez-vous utilisé en dehors de la peinture?

J’ai fait de la gravure sur zinc et sur bois. Étant d’origine allemande, c’est un pays ou la gravure a toujours eu une place importante d’Albert Dürer jusqu à Käthe Kollwitz .Ce qui me gêne, c’est qu’une gravure est reproduite en plusieurs exemplaires et j’aime ce qui est unique. Je fais aussi de la photographie argentique. J’ai pu aussi réaliser une fresque murale de trente cinq mètres de long et réalisé, entre autre, 3 mosaïques à Libourne.

En quoi la nature morte attire votre attention?

Je suis loin de la nature morte traditionnelle, composition figée et immobile .Je veux, au contraire, lui donner de la vitalité et de l’énergie. J’aime y mettre de l’humour et donner à ces végétaux toute leur noblesse.

Les titres de vos peintures ne parlent pas de végétaux .Pourquoi?

J’ai toujours eu un problème avec les titres car ils sont restrictifs. En fait, je préférerais ne pas en mettre ! C’est un casse tête pour moi ! Je ne vois pas l’intérêt d’appeler les choses par leur nom .Je ne veux pas que l’on soit influencé par eux .J’aimerais que les spectateurs puissent voyager dans les tableaux et ne s’arrêtent pas à voir un chou parce que c’est le titre du tableau! Il faut pénétrer dans l’œuvre et partir en voyage …

Vos premières œuvres de gravure sur bois sont appelées «hommage au Mur de Berlin» Pouvez vous nous en parler?

Des artistes ont peint sur ce mur au péril de leur vie «une peinture sans fin, une fresque gigantesque d’artistes innombrables de toutes nationalités»

J’ai consacré mon Diplôme de fin d’Etudes Approfondies sur le thème des peintures du mur de Berlin. J’ai présenté à L’Université de Bordeaux III le résultat de mon étude, treize jours avant la chute du mur en novembre 1989.

Le régime nazi a persécuté les artistes de son époque dont les expressionnistes qui travaillaient beaucoup la gravure sur bois J’ai été très marquée par cette période et j’ai eu envie de travailler cette technique en noir et blanc. Le mur de Berlin symbolise pour moi une cicatrice palpable de cette tragédie de ma patrie.

Avez-vous déjà utilisé la technique de la peinture à l’huile?

Je n’apprécie pas cette technique. Il y a l’odeur du solvant et puis cela est très long à sécher. Je préfère l’acrylique. J’achète la couleur à l’état de poudre que je mélange ensuite à l’acrylique qui ressemble à de la colle blanche liquide, puis je rajoute des métaux en poudre. Une fois le tableau sec, j’accélère l’oxydation en passant de l’acide. Puis je termine en passant un vernis.

J’ai remarqué que dans vos œuvres vous utilisez des formes arrondies. Pouvez vous nous expliquer ce choix?

C’est tout à fait intuitif .Le cercle n’est jamais fermé, il est symbole d’opulence et de générosité. Il est représenté sur mes toiles comme des hublots où le regard pénètre dans un autre monde. Dans la nature, il n’y pas de forme anguleuse….

Pouvez vous nous expliquer pour quelles raisons la majorité des contours sont en noir.

Le contour en noir est un vestige de mon travail sur la peinture sur bois. Je souhaite délimiter l’espace, la forme et le fond qui est très anarchique. Je commence toujours par le fond et par rapport à celui-ci je cherche ensuite à extraire la forme. Plus mon travail avance plus le contour disparaît.

Votre évolution va-t-elle vers l’abstraction?

Non, c’est plutôt le chemin inverse! J’ai commencé par l’abstraction pour arriver vers la figuration. J’ai été très influencée par un artiste allemand Kurt Schwitters, et j’ai commencé par des collages qui étaient une superposition de plaques de couleurs. Petit à petit ces plaques ont donné des formes qui sont devenues ensuite des végétaux. L’œuvre doit inviter au voyage qui dépasse la reconnaissance de la forme pour y voir autre chose.

En tant qu’artiste comment vivez vous la crise économique?

Cette crise à un effet terrible pour les artistes. Peu de gens achètent des œuvres. Dans la vie quotidienne, la culture est choisie en dernier, même par les collectivités locales .Pour ma part je ne tiens pas à devenir une valeur spéculative et je préfère voir mes œuvres chez les gens plutôt que dans un coffre fort!

De plus, il est difficile d’exposer car les galeries ont beaucoup de demandes d’artistes .Il faut correspondre à leur style et que l’on soit rentable pour elles car elles ont beaucoup de frais elles aussi! J’ai la chance d’avoir une galerie «le Troisième Œil»à Bordeaux qui suit mon travail depuis bientôt vingt ans.

Vous appelez deux de vos tableaux «champs froids». Est ce par rapport à un voyage?

Oui, beaucoup de mes œuvres sont issues de voyages. «Champs froids», précisément, relate un souvenir d’enfance.

Avec quels outils plastiques travaillez vous?

Je ne suis pas très «outil». Je peux par exemple peindre à l’aide d’une serpillière, je ne me sers pas d’outils traditionnels et j’enduis moi-même mes toiles. La plus part du temps, pour les grandes toiles, je travaille en les mettant par terre!

Le titre de l’exposition est «tendresse végétale» Pouvez vous nous expliquer ce choix?

Pour moi le mot tendresse évoque l’enfance ; celà correspond aussi avec le monde de la campagne et de la vie quotidienne. Tout a une beauté même les végétaux les plus communs !

Pouvez vous nous expliquer le titre suivant «choux de glace»?

Ce titre, je le dois à un écrivain, poète, essayiste,  Monsieur Michel Butor. En 2004, nous avons fait ensemble un livre appelé Art-i-show puis un autre livre a été crée en 2009 «La valse des choux». Quelques extraits de «La Mare au Diable» de Georges Sand ont été le fil d’Ariane entre Michel Butor pour les textes et moi-même, pour les peintures.

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