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Jean  Marie TORQUE

Vue partielle de l'exposition


Lire la présentation de l'exposition (par Anto Alquier)

Images du vernissage et articles de presse

Entretien avec Jean Marie Torque

Nocturne musicale du 23 mars (Ensemble Bassons - Contrebasson)


Exploitation pédagogique

 

Arts Plastiques 

(Sylvie Pavlik) 

Espagnol classes de 6emes bilingue 

(Marie - Cécile Manciet)

Français 3éme A  

(Bénédicte Granier)

Français 6èmes A et B 

(Bénédicte Granier)

 

Présentation de l'exposition par Anto Alquier

 

Jean-Marie Torque
Né en 1954
Formation : École d’architecture de Rouen, architecte DPLG

Vit et travaille à SOTTEVILLE les ROUEN

Tant qu’on souffle, on vit !

Au premier regard on n’échappera pas à la question du « faire ».Quel outil peut produire tant de légèreté, de finesse et de subtilité dans la matière et la couleur. Disons tout de suite qu’il s’agit ici d’une peinture sans outil, sans la main, et d’une pure abstraction. Jean-Marie Torque souffle sur la goutte de peinture plus ou moins fluide qu’il dépose sur la toile. Sa bouche presque collée sur le support, dirige, contrôle, étale, disperse la matière selon une composition décidée à l’avance. Les couleurs sont pures, lumineuses, et éclatantes. Il n’y a pas d’improvisation, de hasard, une intention précède l’action. Pour ce « souffleur » invétéré, peindre c’est d’abord penser, et prendre une succession de décisions pour que l’idée devienne forme.

L’unité picturale de Torque c’est la tache de peinture que chaque souffle révèle et anime. Plus ou moins long, plus ou moins fort, il produit une forme de base, une sorte de motif répété à l’infini, presque semblable, jamais le même. Et l’imagination gamberge. Les uns croient voir des feuilles ou des fleurs, les autres des formes anatomiques ou des unités cellulaires. A chacun

Dans la série « Collections » les taches sont ordonnées en lignes et en colonnes selon le rythme d’une respiration régulière : une tache pour l’expir, un blanc pour l’inspir ; parfois celui-ci se fait plus long, la tache s’échappe, virevolte. Distraction ? Temps de repos ?  Le souffle se fait signe, souffle régulier, contrôlé, calme, comme celui du marcheur qui fixe sa destination et arpente les chemins à longueur de jour. Car J-M Torque est un marcheur solitaire qui trouve dans cet exercice sa dose de paix. Ces « Collections » semblent imager la dépense d’énergie nécessaire au parcours du marcheur- la tache posée, mesurée - compensée par le gain du plaisir qu’elle procure- la beauté de la tache, sa finesse, sa lumière irradiante.-

La série « Fluides » est plus animée : les taches s’étirent, s’attirent et se repoussent, dans une course contrôlée, comme des corps en mouvement formant une fraternité en marche vers un centre à conquérir. Car dans la peinture de Torque, ça bouge, ça danse, ça frémit, sa vit, ça bruisse, c’est léger, ça s’envole, c’est aérien et apaisant.

Regardons avec attention une forme de base : le souffle l’étale, l’arrondit en ondes concentriques qui piègent la lumière, dessinant des halos nébuleux et transparents. Tantôt le point le plus lumineux se trouve au centre, tantôt la lumière illumine les bords. Ainsi des volumes en creux ou en bosses crèvent la surface en une série de boursouflures qui s’ouvrent comme une corolle ; tantôt, à l’inverse ce sont des sphères fermées qui s’assemblent en amas vaporeux glissant dans une sorte de liquide amniotique. Tout ici semble parler de procréation, de gestation, d’éclosion. Chaque signe est l’expression de la vie. Chaque souffle est un instant de vie, du temps qui s’inscrit sur la toile en un signe mille fois répété, mille fois différent. C’est le temps de la vie, l’image de notre existence dans sa durée jusqu’au… dernier souffle !

« Temps qu’on souffle, on vit ! »

Anto Alquier

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ENTRETIEN DES ÉLÈVES AVEC M. TORQUE

 

Le fait de souffler représente pour vous une « présence de vie » pouvez-vous nous en dire plus ?

 

Pour moi c'est magique, cela représente la fascination de la vie. Le dernier souffle reste encore un souffle: l'instinct vital et ce qui est vital aussi, c'est d'inspirer. Il y a beaucoup de textes dans la Bible sur le souffle.

 

N'avez-vous pas peur d'attraper des maladies à force d'inspirer des produits nocifs ?

 

C'est sûr, il y a un certain risque. Mon atelier, chez moi, se situe dans la cave que j'ai repeinte en blanc. Il y a de la ventilation mais malheureusement je n'ai pas de fenêtre et cela me manque beaucoup. Je prends des risques, je le sais, mais cela ne me fait pas peur !

 

Avez-vous été inspiré par un courant artistique ? Si oui lequel ?

 

Oui, j'ai été influencé par le mouvement expressionniste et par la peinture gestuelle « action painting » Ce que je crée actuellement pourrait se rapprocher de la peinture gestuelle minimaliste.

 

Dans quel état d'esprit êtes-vous lorsque vous commencez une création ?

 

Au début, j'étais très naïf, je ne savais pas où j'allais, je partais à l'aventure... Maintenant je travaille sur une trame régulière. Je mets en avant une forme qui peut varier. Il me faut être concentré et j'aime avoir du temps devant moi car je travaille à présent en faisant plus de préparations.

 

Préférez-vous les petits ou les grands formats ?

 

Je n'ai pas trop de préférence. Les grands formats demandent plus de préparation mais il y a un rapport physique avec la toile qui est plus intéressant. On m'en demande pour les expositions car ils sont plus spectaculaires mais d'un autre côté, ils sont difficiles à vendre ! Pour les petits formats, je les aime bien car cela mfoblige à aller à l'essentiel. De plus, ils sont plus faciles à transporter et se vendent mieux !

 

Dans les séries, quelle est l'importance pour vous des fonds blancs ?

 

J'aime ces taches noires sur fonds blancs, elles me rappellent le dessin, la marque, la trace sur le papier, l'écriture sur une feuille. Le contraste est le plus grand entre le noir et le blanc. Le blanc est neutre, il fait appel à l'imaginaire et met en valeur les formes...donc il est très important pour moi.

 

Faites-vous une réelle démarcation entre votre vie de professeur et votre vie d'artiste ?

 

Complétement ! Il y a très peu d'échanges entre les deux. Je trouve que le monde de l'enseignement est assez imperméable. C'est un métier qui demande de la régularité, ce que je trouve lassant et de plus, il ne m'apporte rien du point de vue de la création !

 

Le thème de vos ?uvres est-il sur le souffle ou utilisez-vous celui-ci simplement pour les créer ?

 

Je peins avec le souffle mais je n'ai pas envie de peindre le souffle ! Mon souffle est simplement un outil. Pour moi, c'est un geste minimaliste, vital, léger et j'aime créer des ?uvres avec. Je ne veux pas représenter le réel, je reste dans l'abstrait et laisse toute liberté au public de laisser vagabonder son imagination.

 

J'ai appris que vous aviez fait des performances en public. Pouvez-vous nous en parler ?

 

J'ai fait une performance dans une chapelle pour la lutte contre la mucoviscidose, je compte en faire d'autres dans l'avenir car j'aime le combiné exposition/performance. Pour la performance que j'ai faite dans votre collège, j'ai été subjugué par le silence des élèves qui m'entouraient car ce n'est pas toujours le cas !

 

Vos oeuvres antérieures ne ressemblent pas du tout à celles que vous exposez actuellement. Pouvez-vous nous expliquer ce changement ?

 

Il n'y a pas vraiment de changement. Je ne peins plus avec un pinceau mais avec mon souffle. C'est toujours une peinture gestuelle et physique et la constance dans toute mon ?uvre, c'est le geste. 

 

Parmi vos créations, laquelle a été la plus grande point de vue format ?

 

C'est celle que j'ai créée au cours d'une performance. C'est le format d'un rouleau de toile de 10 mètres de long sur deux mètres de large !

 

D'où vous est venue l'idée de créer avec votre souffle ?

 

C'est complétement dû au hasard ! J'étais dans mon atelier et j'ai fait une tache avec de la peinture et en soufflant dessus, j'ai été surpris et très excité car un volume a surgi. L'alkyde aussi m'a intéressé par sa consistance gélatineuse et puis, cela tombait à une époque où j'avais envie de peindre des nuages et cette technique m'a tout à fait convenu.

 

Une partie d'une de vos toiles dans la série « Naissance de Vénus » est restée blanche; pouvez-vous nous en donner la raison ?

 

Le blanc, pour moi, laisse un côté inachevé, donne de la légèreté et permet de mieux se concentrer sur la partie colorée. Il nous laisse aussi la liberté d'imaginer comment aurait pu être finie cette ?uvre !

 

Vous avez commencé votre carrière par de l'abstrait puis du figuratif pour ensuite revenir à l'abstrait. Pouvez-vous nous expliquer cette évolution ?

 

Cela reste très compliqué pour moi. Je n'arrive pas à me situer vraiment en tant qu'artiste figuratif ou abstrait, j'ai toujours hésité ! Actuellement,  ma peinture est très subjective et cela me convient très bien. En même temps, lorsque je pars en vacances, je dessine beaucoup surtout sur des enveloppes et c'est figuratif !

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