ENTRETIEN AVEC Mme BARRUOL
ET LES ELEVES
- Votre métier d’architecte vous a-t-il
influencé dans votre création actuelle ?
Oui, « tout ce qu’on a vécu nous
sert » ! Cela m’a donné une vision de l’espace en
trois dimensions, m’a apporté un sens de la composition, de la
lumière, du dessin et la connaissance des matériaux.
-Pour vous les entrelacs ont-ils un rapport avec la
dentelle ?
Oui, j’aime faire de la couture ! Je pense
effectivement qu’il peut y avoir un rapport avec la dentelle mais
moi, je fais de la dentelle à grande échelle et je crée de la
dentelle végétale !
-Qu’évoque pour vous le travail d’empreintes ?
Cela me fait penser à l’imprimerie. Depuis
longtemps je voulais faire des empreintes de paille et des empreintes
d’arbres qui me font penser aux empreintes digitales.
-Lorsque vous faites des empreintes d’écorce d’arbres,
s’il vous arrive de faire un trou dans le support que faites-
vous ?
Si c’est juste un petit trou, je colle une
rustine derrière ! Si le trou est trop large, je jette la toile
et je recommence !
-Je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations
sur vous, pourquoi ?
Il y a eu un petit film sur moi sur Internet mais
vous savez, c’est ce que je crée qui compte et non pas des
informations sur ma vie personnelle !
-Quel thème aimeriez-vous traiter autre que la
nature ?
J’aimerais travailler entre autres, sur le thème
de l’eau, du feu mais pour l’instant la nature est tellement
variée que je n’ai pas encore fini d’exploiter toutes les
possibilités qu’elle m’offre !
-La forêt est-elle à proximité de chez
vous ?
Non, j’habite à Toulouse mais je vais souvent en
Ariège où j’ai une maison de famille, la forêt y est toute
proche. Je travaille aussi en Provence là où étant enfant, j’allais
passer mes vacances pendant deux mois et demi; cela m’a laissé
plein de sensations qui m’ont inspiré plus tard. Mon travail est
la « mémoire de ces sensations »
-Je pense que vous êtes proche de la nature si
oui, que pensez-vous de la déforestation en Amazonie ?
Il faudrait arrêter cela car on va droit dans le
mur. Il faut y être sensible et en tenir compte mais nous n’avons
pas besoin de travailler, comme moi, avec la nature pour se sentir
concerné.
-Comment choisissez-vous les arbres sur lesquels
vous voulez travailler ?
En fait, je travaille souvent avec les mêmes. J’aime
qu’ils soient grands et droits avec un côté protecteur solide et
que leur vie transparaisse à travers le vécu de leurs écorces. Les
arbres ont chacun leur propre écriture, leur identité. Ce sont
souvent de gros arbres de plus de deux mètres de diamètre et d’au
moins quinze à vingt mètres de hauteur. Mon choix reste tout de
même très intuitif.
-Le cube situé au premier étage m’étonne par
sa réalisation et sa place parmi les autres œuvres de l’exposition.
Pouvez–vous nous en dire plus ?
Dans ce style, c’est la seule œuvre que j’ai
créée. Il est construit uniquement d’un assemblage de fruits de
xanthium. En fait, il est atypique. Je l’ai exposé pour montrer que
je faisais aussi des créations en volume. De plus, il est de petites
dimensions, ce qui m’a permis de le transporter facilement !
-Quel lien y-a-t-il pour vous, entre les entrelacs
et les empreintes ?
Pour moi, le lien tient dans le rythme, l’arabesque
et l’écriture végétale: c’est la même harmonie.
-Pourquoi vous n’avez signé qu’une œuvre ?
Effectivement, dans cette exposition n’apparait
qu’une œuvre signée (pyrogravée) Cela m’a été demandé par
une galerie. En général, je signe au dos de mes créations. Souvent
les acheteurs demandent que l’on signe l’œuvre qu’ils achètent.
-En regardant vos entrelacs, je pense au métier de
vannier. Quelle est pour vous la relation entre ce métier et vos
entrelacs ?
Le point commun est l’artisanat. Créer avec ses
mains est très technique et j’adore bricoler mais je ne cherche pas
à faire un tressage régulier, je me laisse guider par le hasard. J’ai
une façon très libre quand je tresse mes entrelacs contrairement au
vannier qui est beaucoup plus technique et qui a un travail plus
régulier.
-Techniquement comment avez-vous créé l’œuvre
avec les feuilles de ginkgo ?
Au début, ce n’était qu’un essai et c’est d’ailleurs
la seule œuvre avec cette technique que j’ai faite. J’ai d’abord
peint le fond en noir puis j’ai fait la composition avec les
feuilles de ginkgo que j’ai posées sur ce support et j’ai bombé
en blanc. C’est surtout un travail de recherche entre le vide et le
plein.
-Qualifieriez-vous vos œuvres d’abstraites ou de
figuratives ?
La peinture est déjà une abstraction du réel.
Mes couleurs ne sont pas réalistes. L’échelle 1 est, elle,
réaliste. Je ne me sens pas concernée par les courants actuels mais
celui dont je serais encore la plus proche serait le Land-art.
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