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Sylvie Deparis

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Lire la présentation de l'exposition par Anto Alquier

Lire l' entretien de l'artiste avec les élèves

Lire le témoignage de l'artiste

Exploitation pédagogique (PDF) :

 

 

Français 6a (Bénédicte Granier)

Français 6b (Aurélie Almeida)

Français 5a et 5b (Bénédicte Granier)

Français 3a (Aurélie Almeida)

Français 3b (Bénédicte Granier)

Calligrammes 6a et 6b (B. Granier et A. Almeida)

Arts plastiques (Sylvie Pavlik)

 

 

voir aussi, en PDF, 

des images du vernissage

des images de la rencontre avec les élèves


Présentation de l'exposition par Anto Alquier

Sylvie Deparis née en 1965 vit et travaille à Domazan dans l’Hérault. Après une formation aux Beaux-Arts de Toulouse, un diplôme de restauratrice d’œuvres peintes aux Beaux-Arts d’Avignon, et plusieurs missions de restauration en Egypte (Temple de Karnak 1988-89, Vallée des Reines 1989-1990, etc), elle décide de se consacrer exclusivement à la peinture. En 2010, elle effectue un séjour-résidence dans le delta du Mékong, au Vietnam.

Outre son œuvre peint, son travail se développe également à travers les livres d’artistes pour lesquels elle intervient directement par des œuvres originales et uniques, dans un esprit de connivence et de confrontation avec les poètes et l’écriture poétique, d’abord en tant que plasticienne, puis en tant qu’éditrice (SD Editions, créées en 2009).

 

 

Au premier regard, les œuvres de Sylvie Deparis semblent abstraites. Mais rapidement on identifie des branches, des rameaux, des feuilles. A peine lisibles, certes, comme si un souffle léger les avait basculés dans le vide. En effet, les peintures et dessins de Sylvie Deparis sont essentiellement graphiques. Des fonds gris, noirs ou rouges, légers, à peine nuancés, transparents, projettent le regardeur dans un monde vaste, une sorte d’infini qui laisse le terrain libre à l’imagination. Un enchevêtrement de lignes plus ou moins appuyées, plus ou moins épaisses, réalisées au pinceau, au crayon, ou à la craie, à la peinture, à l’encre de chine ou au lavis, ne dessinent pas la branche, n’imitent pas le bois, mais elles transcrivent l’énergie vitale qui la traverse. La contemplation s’appuie sur ce  plein  pour se propulser dans le vide.

La recherche de Sylvie Deparis, inspirée de la philosophie orientale, est fondée sur l’unicité de l’homme et du cosmos. L’Univers étant constitué de souffles, sources du vivant, recréer ces souffles dans une image c’est établir un lien entre l’homme et l’univers donc retrouver l’Unité.  « Toute ma démarche artistique consiste en cet itinéraire qui m’amène à l’expérience graduelle de l’Unité et tente d’en témoigner ». On comprend alors que cette démarche nécessite une très grande proximité avec la nature. Elle s’appuie sur la pratique de la respiration, de l’attention sensorielle, d’un au-delà du regard : « Je travaille dans la nature, ou en ramenant des végétaux à l’atelier, dans un contact intime avec l’arbre, la branche, l’entrelacement des lianes ». Cette posture demande humilité et réceptivité. Se défaire de ce que l’on sait, s’abandonner jusqu’à l’imprégnation dans le corps des rythmes et des pulsations du vivant. L’artiste s’identifie à la branche, le regard suit son mouvement, le prolonge et dicte à la main qui dessine. Le tracé se déprend de l‛ imitation mais se charge de l‛ énergie qui irrigue le végétal. La ligne vibre, frémit, tremble et respire. Elle bifurque, se courbe, s’élance, se brise...Le geste est fulgurant, précis et fluide ou bien doux, hésitant et retenu. Tout un jeu d’oppositions exprime la recherche de l’équilibre et de l’harmonie entre l’être et le végétal.

« C’est principalement par la ligne que je cherche à exprimer cette vibration impalpable » dit S. Deparis et Rémi Labrusse ajoute « La ligne est la vie…..elle se déploie dans l’inconnu tout en maintenant sa cohérence intérieure ; elle se nourrit de la vision sans lui être fidèle ; elle est parcourue de manques, de soubresauts, d’accidents, et produit pourtant une forme complète ; elle hésite en inventant, invente en hésitant. Et surtout, elle induit toujours, dans sa ténuité, le sentiment de la précarité : fragile et fugace (comme la plante) elle n’apparaît que sur le fond d’un effacement imminent. »

Sylvie Deparis travaille par séries portant chacune un titre : feuilles, lianes, pins, branches… Fragments de sa perception sensorielle, à la fois semblables et différents ils offrent une suite d’instants qui relient l’être à l’univers par le biais de la création. Intimité, finesse et poésie permettent ici de partager une connivence avec la nature, et d’en ressentir la part invisible.

Anto Alquier

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Entretien avec les élèves

 

-Aimez-vous travailler dans le calme ?

Je fuis l’agitation humaine et le bruit. La pratique de la méditation m’aide à être moi- même calme. Je vis à la campagne et suis très souvent à l’extérieur. Mais vous savez, la nature, elle, n’est pas toujours calme, il ne faut pas oublier les orages, les tempêtes, la grêle…

-Quand vous créez vos œuvres, gardez-vous les yeux ouverts ou les fermez-vous ?

Par exemple lorsque je dessine une liane j’ai les yeux ouverts mais je ne regarde pas le support, je regarde la liane et je laisse la sensation guidée ma main, je ne réfléchis pas...

-J’ai l’impression que vos œuvres sont rapidement faites car les traits ne sont pas appuyés. Est-ce une fausse impression ?

Non ! C’est une impression fondée. Lorsque je commence à peindre, il n’y a pas de recouvrement donc quand je rate, je jette. Pour les « kakémonos » je mets environ trois heures pour en faire un, par contre derrière ce travail, il y a plusieurs semaines de recherche.

-Quel rôle joue la signature pour vous ?

Souvent c’est le public qui demande une signature pour mieux identifier l'œuvre à artiste. Cela peut devenir aussi un élément graphique comme un dessin mais je trouve que sur une œuvre c’est souvent un élément gênant donc la plupart du temps, je signe au dos de la toile.

-J’ai remarqué que vos couleurs sont très souvent rabattues. Pouvez- vous nous expliquer pourquoi ?

Je suis dans le registre de la ligne et du graphisme et non dans celui de la couleur. La couleur est là pour donner de la vie à la ligne, pour la mettre en valeur. Plus il y a de lignes moins il y a de couleurs. Je ne cherche pas à faire de la peinture réaliste, je ne cherche pas à représenter. J'utilise beaucoup de gris colorés car dans mes œuvres, la couleur donne juste une ambiance et ne doit pas être envahissante.

-Considérez-vous vos œuvres comme figuratives ou abstraites ?

Je ne fais pas de différence entre les deux. Pour moi, cela n’a pas d’importance mais malgré tout, je pense qu’elles sont plutôt figuratives.

-Quelles sortes de végétaux représentez-vous le plus dans vos œuvres ?

Je représente essentiellement et par périodes, des lianes, du lierre, du salsepareille, des branches de pins, des feuilles de vigne rouge…

-Quels sont les avantages de l’intissé ?

L'intissé est un nom générique qui veut dire non tissé. Il y a en a de toutes sortes avec différents grammages, il est souvent vendu par rouleaux de trois mètres de long sur un mètre de large. J’aime le rapport avec le tissu et le papier qui est de la fibre tressée et pressée . L’intissé supporte mieux l’humidité que le papier qui gondole, il ne coute pas très cher et je peux l'utiliser en abondance. Je n’aime pas la matière de la toile et son tissage octogonal trop rectiligne pour moi.

-Est-ce que votre mode de vie influe sur votre travail ?

Oui, je suis très inspirée par la philosophie orientale. Pour moi, la peinture est une démarche intérieure, mon état au moment de créer compte énormément car j’ai besoin d’être calme et très concentrée.

-Quelle est la signification du vide dans vos œuvres ?

Le vide ne peut être représenté mais le «vivant» a besoin du vide pour se déployer. Le vide, c'est le potentiel à exploiter.

-Pouvez-vous nous parler de vos œuvres composées de trois parties ?

Je pars d'un sujet choisi, par exemple des lianes et je fais une première «bande » d'un mètre sur un mètre, puis j'en commence une autre. Lorsque j'en ai créées plusieurs, je les mets côte à côte et je m'aperçois que parfois les lignes se complètent, se poursuivent d'une œuvre à une autre alors je les assemble et les maroufle sur une toile.

-Réfléchissez-vous pour créer une œuvre ou est-ce spontané ?

La plupart du temps, il n'y a pas de réflexion. Je me laisse guider par mon ressenti qui me guide dans mon travail.

Cependant pour certaines œuvres, par exemple celles qui ont un fond rouge, il y a un travail de recherche, de réflexion en amont.

-Que représentent pour vous les kakémonos ?

Pour moi ce mot « kakémono »fait simplement référence à leur présentation verticale et à la façon de les fixer au mur. Pour créer ce genre d'œuvre, je travaille à plat sur une table ou par terre et je commence à peindre le bas pour remonter progressivement vers le haut. L'intissé dans ce cas n'est pas marouflé sur de la toile.

-Dans certaines de vos œuvres, comment faites-vous pour réaliser les fonds en dégradé ?

Grâce à l'intissé qui ne se déforme pas à l'eau, je peux réaliser ce genre de dégradés. Effectivement, je travaille dans l'humide et je passe en premier une couche de peinture acrylique sur toute la surface puis je rajoute sur certaines parties une autre couche que j'estompe petit à petit avec un gros pinceau brosse.

-Pouvez- vous nous parler de votre travail d'éditeur et de votre collaboration avec les livres d'artistes?

J'ai créé ma propre maison d'édition en 2009 mais auparavant j'ai collaboré en temps que plasticienne avec plusieurs éditeurs comme Rivière, Sables, Le renard Pâle. Pour moi, le livre est un réservoir poétique qui me permet d'exprimer des sensations, des sentiments et beaucoup de joie créatrice. Je ne fais pas de l'illustration mais j'essaie de transmettre des émotions en connivence avec les textes. Chacune de mes œuvres est unique d'où le coût assez élevé d'un livre !

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Témoignage de l'artiste

 

Après mon exposition à la Galerie Bleue de Riscle et les journées passées au collège Val d’Adour, j’ai plaisir à témoigner de l’émotion que m’a procurée cette expérience. J’ai pu apprécier l’enthousiasme dont font preuve les différents acteurs de cette initiative, depuis les organisateurs jusqu’aux élèves, en passant par l’ensemble des personnes du collège : proviseur, équipe enseignante et tout le personnel de l’établissement.

J’ai été très touchée par l’attention et l’intérêt des élèves, les plus petits du primaire comme les plus grands du collège. Après un important travail en amont avec leurs enseignants, ils ont pu s’interroger et poser au sujet de ma démarche des questions à la fois sensibles et pertinentes, qui dénotaient parfois d’une implication vraiment personnelle et d’une maturité étonnante chez des jeunes de cet âge, signe que la fréquentation de démarches artistiques différentes et variées leur procure un regard en dehors de tout conformisme. Le compte-rendu d'entretien avec les élèves témoigne d’une compréhension profonde de nos échanges. Et c’est également avec étonnement que j’ai découvert les travaux réalisés avec leurs enseignants, en arts plastiques, mais aussi en français où poèmes, textes, acrostiches et calligrammes dialoguent avec mes peintures et dessins.

La rencontre avec la classe de Segpa m’a aussi particulièrement émue, et il m’a semblé que ces jeunes en difficulté dans le parcours scolaire classique révélaient une grande dimension de sensibilité et pour certains un regard véritablement poétique dès lors qu’ils abordaient l’univers sensible que constitue l’approche artistique. Avec eux la séance était trop courte et n’a pas suffi à épuiser leurs questions.

Enfin la rencontre avec le public adulte, impliqué et initié (ce qui est bien rare lors des expositions !), s’est révélée riche de vraies rencontres.

Dans le sillage d’Anto et Alain Alquier, la synergie des engagements passionnés de tous donne à cette initiative une dimension rare et précieuse.

 

Sylvie Deparis

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