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Marie - Rose LORTET

Lire la présentation de l'exposition, par Anto Alquier

Images du vernissage

Entretien des élèves avec Marie - Rose Lortet

Article du "Canard gascon" (sept - oct 2012)

 

Exploitation Pédagogique

Arts Plastiques

(Sylvie Pavlik)

Espagnol 5èmes

(Marie - Cécile Manciet)

Français 4èmes et 3èmes

(Bénédicte Granier)

Français 5èmes

(Aurélie Almeida)

Français 6èmes A et B

(Bénédicte Granier)

Présentation de l'exposition par Anto Alquier

On parle d’art textile pour qualifier le travail de Marie-Rose LORTET, dont la démarche relève de l’Art BRUT. Son enfance est marquée par les « tricotages » de sa mère et de sa grand-mère . Très jeune, elle travaille dans l’atelier de haute couture de Claude Ungaro mais ne peut se conformer à la contrainte des patrons du maître. Elle fabrique des vêtements miniatures dont « les manches sont plus adaptées aux ailes des anges qu’au bras des mannequins », puis confectionne des petits tableaux de laine et de bouts de tissu. En 1967, ses « ouvrages » sont remarqués par Jean Dubuffet qui lui achète quelques pièces. Dès 1978 son travail sera intégré dans la collection de l’Art Brut à Lausanne. Ainsi débute le cheminement de Marie-Rose LORTET à travers la laine, le fil et la maille.

« Le tricot permet à la pensée et à l’imagination de prendre le temps de voyager et de créer des images…  je ne tricote pas, je raconte seulement avec des brins de fil et de laine.» A partir de quelques mailles, un monde s’ouvre et chaque rangée de tricot entame une nouvelle aventure. L’ouvrage, d’un seul tenant, se resserre, se distend, se boursouffle, une nouvelle couleur prend le dessus et c’est un paysage vu d’avion qui se dessine, avec ses chemins et ses rivières, ses plaines et ses vallons. Difficile de dire où est le commencement, où est la fin, l’œuvre s’étire, prend de l’ampleur sans respecter la géométrie du cadre. Ces « Territoires » se développent au gré de la fantaisie, annexant les ratés, la maille qui file, l’épaisseur de la laine, la finesse du fil…On est loin de l’ouvrage de dame qui tricote utile ! Les « P’tites têtes en l’air » comme le « Théâtre de têtes »nous rassurent quant à la diversité de l’humain !

« Moi je suis fâchée avec les emmanchures », les vraies, celles des mannequins. Alors Marie-Rose LORTET imagine des « Miniatures », vêtements « pour aviateur au sol », « pour oiseaux-migrateurs », « pour souris » qui prennent la forme de petites sculptures rigides, fines, légères et délicates, tricotées au point mousse avec des épingles !

Les « Architectures de fil » occupent l’espace par leur transparence, leur évanescence. Ces maisons-courant d’air sont des pièges à rêves, des filets de papillon qui laissent la pensée vagabonder sans jamais lui barrer la route avec des frontières opaques. Dentelles, guipures, tresses de coton, s’incrustent dans des réseaux de fils noués, à l’image d’une araignée dont le programme de fabrication serait détraqué. Ces résilles captent la lumière, et projettent sur les murs des graphismes étonnants. Les « Fenêtres », assimilables à des planches de graphismes, sont plus calmes et plus sages car presque respectueuses de l’orthogonalité. On retrouve la même impression de poésie et de délicatesse dans « La Suite Incertaine » composée de 88 masques en fil blanc de la taille d’une main, tricotés au point jersey et qui grimacent de concert sur un panneau blanc. « Les Géologies » en maille et tissus fins, parfois peints ou teints offrent des personnages éclatants de couleurs douces et de finesse dans leur étui de plexiglas. « Les Attrape-Lumière » en fil canatex mêlant des fils de téléphone s’évadent vers le jardin.

Cette exposition offre un éventail large des créations de l’artiste. Son parcours est fait d’aller et retour dans les thèmes qu’elle explore ; ils ne constituent pas une chronologie, mais des activités différentes qui équilibrent ses journées. Ainsi peut-on voir dans sa maison-atelier, de nombreux ouvrages différents en cours car la pensée de Marie-Rose est « étoilée » ; elle clignote, elle scintille Marie-Rose a le pouvoir de se démultiplier et de mener plusieurs tâches de front avec une organisation et une lucidité étonnante qui reflètent une grande exigence de soi.

Tricoteuse de l’inutile, Marie-Rose LORTET transcende une activité domestique féminine et l’inscrit dans le ciel de l’imaginaire et de la création qui donne tout son sens à la vie.

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