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Présentation de l'exposition par Anto Alquier

Exploitation pédagogique

Entretien avec les élèves

C'est à la sixième exposition de sculpture que vous convie la Galerie bleue. Après la sculpture dite de " récupération " (michel Gaubert),les oeuvres naïves et colorées de Guallino, les reliefs et totems en bois de Stoskopf, la sculpture d'assemblage métal-bois de Dall'anese, la taille directe sur bois de C.Giraud, nous abordons avec Mendizabal le bronze et la feuille de cuivre. Cette rapide énumération rappellera qu'en dix ans la Galerie bleue a eu le souci d'offrir la diversité des sensibilités dans une même discipline.

Aitor mendizabal est basque espagnol. Il est diplomé des Beaux Arts de Rome et de Carrare. Son parcours de sculpteur est jalonné de nombreux prix dont le plus récent est celui de la ville de St Sébastien pour sa sculpture en bronze et cuivre en hommage aux victimes du terrorisme et de la violence. Il partage vie et travail entre St Sébastien et Belus dans les Landes.

Dans les couloirs de la galerie, le visiteur appréciera trois sortes d'œuvres, toutes liées par le thème du mythe d'Eros et Thanatos, qui nous dit que notre vie d'homme est dominée par la pulsion de vie (Eros) qui s'oppose à la pulsion de mort (Thanatos)Une série de dessins au trait, à la plume et à l'encre de chine, fascine par leur étrange légèreté. Les traits parallèles, serrés trahissent la tension extrême de la main qui s'applique pendant que la pensée se concentre. Les entrecroisements et les changements de directions rendent les volumes cernés d'une fine ligne qui les enferme. Il n'y a pas de repentir, le tracé expire quand l'encre se tarit. Le papier absorbe le peu de matière qui lui est donné . D'une grande finesse, aériens, légers, on sent bien que ces dessins sont des projets ou tout au moins des préparations mentales aux petites pièces en bronze. On ressent là tout le chemin à parcourir qui va de l'image flottante que l'artiste entrevoit de sa création, à sa réalisation qui prend corps dans un matériau dense et pesant. Ces oeuvres en bronze que l'artiste nomme "atmosphères surréalistes" se situent dans la tradition de la sculpture classique par la noblesse du matériau et la forme qui mêle la figuration et l'abstraction. Des éléments de corps féminin essentiellement bras, pieds, jambes, dialoguent avec des formes qui les enlacent, les enserrent, les repoussent ou les bloquent au sol. Légèreté et pesanteur, douceur et agressivité se dégagent de cette suite. La série "la bête humaine" présente des éléments rectilignes, tronqués, anguleux, qui s'enchevêtrent en une sorte de combat. Complexité et foisonnement caractérisent ces pièces lisibles dans toutes les directions. Sans haut ni bas, elles peuvent se renverser , se dresser ou se coucher. Tantôt expression de la vie, tantôt images de la mort elles expriment le combat intériorisé de l'âme humaine. Le traitement de surface du métal, lissé, bosselé, scarifié, participe de cet affrontement tandis que la patine, par les notations de couleur et les irisations du métal, ajoute une sensation d'énergie contenue et maîtrisée. Une série résolument contemporaine où prime le traitement de la matière est accrochée aux murs. Ce sont des bas-reliefs consacrés à la légende d'Eros et Psyché. Celle-ci, en quête de l'amour, doit surmonter une série d'épreuves infligées par Aphrodite. Une longue errance la conduit aux portes de la mort dont elle renaîtra grâce à l’amour d'Eros. Des formes, allongées, massives, imparfaites, donnent l'image de cet être malléable à la merci de ses désirs. Emballées par des feuilles de cuivre froissées, cabossées, leur surface rutilante et légère semble contenir des forces contrariées. Une vie intérieure animée cherche à s'échapper de l'étau qui les étreint. Les oeuvres de Mendizabal, tout à la fois étranges et familières, solides et fragiles sont à l'image de notre vie psychique complexe, avec ses élans, ses contradictions et ses secrets.

Anto Alquier

       


ENTRETIEN AVEC M. MENDIZABAL ET LES ELEVES

 

Votre pays de naissance vous a-t-il inspiré certaines œuvres ?

Je suis juste né au Vénézuela par « accident ». Mon père s’était réfugié à Caracas en 1936 pour fuir le franquisme. Je suis revenu au Pays Basque à l’âge de neuf ans, j’ai appris le français en Suisse où j’ai fait ma scolarité et vers l’âge de vingt-sept ans j’ai choisi le métier de sculpteur.

 

Nous avons travaillé en troisième sur le corps morcelé en référence avec les « atmosphères surréalistes ». Que pensez-vous de ce mouvement ? A t-il influencé certaines de vos œuvres ?

J’aime beaucoup le mouvement surréaliste apparu dans les années trente. Il a influencé l’art mondial, Freud et la psychanalyse l’importance du rêve et l’acte « instinctif » avec l’étude de l’intérieur de l’être et son côté irrationnel, tout cela appliqué au monde de l’art donne un résultat extraordinaire ! Les petites pièces en bronze présentées dans l’exposition réinterprètent le surréalisme dans sa composante onirique et l’exploitation du subconscient.

 

Pouvez-vous nous parler des différentes étapes pour créer vos bas reliefs ?

Il y a deux étapes importantes : en premier le support qui est en bois recouvert de cuivre épais que l’on plie à l’aide d’une machine. On traite le cuivre avec des acides pour obtenir différentes couleurs. On fixe les couleurs et l’on recouvre avec une cire qui donne un aspect brillant. En second le volume qui est fait en aluminium appelé « nid d’abeille » qui est traité puis recouvert de deux couches de cuivre, une pliée à la machine et la seconde froissée à la main.

 

Le passage de la sculpture classique à la sculpture abstraite s’est il fait de façon brutale ?

Non… J’ai fait de la sculpture classique pendant dix ans. J’ai appris en Italie à travailler la pierre et le marbre. J’ai à cette époque été influencé entre autre par Michel-Ange. Puis en 1989 je suis revenu au Pays Basque car « l’art méditerranéen » m’étouffait un peu. ! L’art « atlantique » dont l’art basque fait partie est plus abstrait donc je me suis mis à travailler de façon non figurative.

 

J’aime beaucoup les couleurs vives. Je me suis aperçue qu’il n’y en avait aucune dans votre exposition. Est-ce volontaire ?

Sans doute… Je ne suis pas peintre mais sculpteur. Je n’emploie pas de couleur mais je trouve cela magnifique et j’ai beaucoup de respect mais je laisse la couleur aux peintres.

 

Depuis combien de temps faites-vous des dessins et des bas-reliefs ?

Je fais du dessin depuis l’âge de dix ans. Il n’y a que très peu de temps, deux ans environ, que je fais des bas-reliefs. Je fais une alternance entre mes dessins et mes bas-reliefs. Il n’y a pas de lien entre mes dessins, mes petites sculptures et mes bas-reliefs car dans ma recherche ce n’est pas toujours le même cheminement…

 

J’ai remarqué que la majorité de vos œuvres sont en cuivre et en bronze. Pouvez-vous nous expliquer votre choix ?

J’ai utilisé d’autres matières dans le passé comme par exemple le marbre qui est très lourd et difficile à travailler. J’essaie aussi de m’adapter au lieu dans lequel je travaille. Mon atelier actuellement se trouve à la campagne ce qui est bien pratique !

 

Pouvez-vous nous dire ce que contiennent les livres exposés dans le hall d’entrée ?

Ils contiennent toute une partie de ma vie artistique depuis trente ans. Ils représentent tout mon parcours. Mais ce n’est pas moi qui écrit les textes.

De quels outils avez-vous besoin pour travailler ?

Il y en a beaucoup ! Pour enlever la glaise il faut des fils de fer, pour le plâtre des moules, il faut des fers à souder, des marteaux , des ciseaux à métaux…

 

Des bras et des jambes apparaissent dans certains de vos assemblages. Quelles significations ont-ils ?

Ces éléments donnent du mouvement en dialoguant avec les formes abstraites. Ils donnent aussi un côté humain à l’œuvre.

 

Qu’avez-vous étudié aux Beaux Arts en dehors de la sculpture ?

J’ai appris entre autres choses le dessin, la gravure, la photographie, l’anatomie, la fresque, la mosaïque et aussi l’histoire de l’art.

 

Pouvez-vous nous parler de la série de dessins présentés dans l’exposition ?

Ce sont des dessins au trait. Je travaille avec de l’encre de Chine et une plume sur papier. Certains dessins représentent des sculptures, ils sont préparatoires mains ne constituent pas un projet. Je fais mes dessins de façon très minutieuse et avec beaucoup de liberté d’expression. Ils dévoilent une partie plus intime de ma personnalité !

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