photographies rencontres avec les élèves, vernissage et repas | |
Nocturne musicale | Exploitation pédagogique de l'exposition |
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Quand on pénètre dans l’immense atelier de Philippe Berthommier, on éprouve un sentiment d’humilité. On se fraie un chemin entre toiles en cours, toiles pour l’instant achevées, toiles retournées définitivement approuvées, châssis en attente, craies de couleurs, pinceaux dans leur jus, peintures au sol, dessins empilés, volumes en bois...A l’étage, un grand rayonnage d’ oeuvres rangées tandis que de grands papiers, peints ou à peindre gisent au sol ; en bas un coin plus intimiste et chaud pour les petits formats , les tiroirs à dessins, le secrétariat. Ces espaces de travail différents , intégrés dans le lieu de vie permettent au peintre de passer de l’un à l’autre dans la continuité, de telle sorte que l’état de conscience nécessaire à son travail n’est pas rompu. C’est un avantage. L’oeuvre de Berthommier est nourrie de ses souvenirs qu’il enferme soigneusement dans des carnets. Souvenirs d’enfance, souvenirs de voyages, de lectures, de rencontres. Craignant les infidélités de sa mémoire, il croque, il note une harmonie colorée, des subtilités de lumières, afin de retrouver plus tard la sensation éprouvée sur le moment. Alors que d’autres photographient, Berthommier dessine. C’est dans ces carnets qu’il puise les motifs de sa peinture. Il reprend, recadre, agrandit, épure, jusqu’à trouver le signe presqu’abstrait d’un morceau choisi de sa mémoire. Ces motifs graphiques constituent son alphabet intime. Ils sont organisés dans un jeu de plans rectangulaires unifiés par la couleur qui concourt à l’unité de la surface. On ne peut pas parler de juxtaposition, plutôt de contiguïté. Les lignes s’appellent, se répondent, s’effacent, disparaissent, résurgissent dans un autre plan comme les souvenirs qui affleurent, s’imposent et disparaissent dans le champ de la conscience. La gamme chromatique est chaleureuse, avec des dominantes chaudes ou froides en accord avec les sensations vécues et retrouvées. Les jaunes, les orangés, les ocres, les bruns semblent évoquer la terre chaude, le corps féminin, l’enfance.. Des dominantes de bleus et de gris colorés rappellent des voyages dans des pays de froid et de brume semble-t-il. Il n’y a pas de couleur pure chez Berthommier, mais des tons rabattus qui baignent la toile dans une sorte de douceur joyeuse. Mélange de pigments et de liants, elle est fluide et transparente. Elle imprègne les matières qui recouvrent le support : sable, poussière de pierre, chaux, qui donnent une texture tactile et vivante où les dessous affleurent et éveillent la curiosité du regardeur. Effacement, disparition, la surface vibre de trésors cachés. Les graphismes noirs, précis, parfois ténus, parfois affirmés sont mordillés par la couleur. On croit reconnaitre une silhouette, les éléments d’un corps, un bout de paysage, un fruit, des feuilles.... Parfois aussi on ne reconnaît rien. Et c’est peut-être mieux, car alors on se consacre seulement à la « peinture ». Le regard devient créatif, l’imagination s’embrume ou cavale, on s’invente un dialogue qui va de l’oeuvre à soi. On ne voit plus que le grain de la matière, la transparence et l’opacité de la couleur, les passages délicats d’un plan à un autre ou des ruptures osées. On suit la vibration d’une ligne, la richesse d’un graphisme. On va et vient du détail au fragment, du fragment à l’ensemble et l’unité de la toile apparaît comme un lieu d’équilibre et de plénitude dans lequel on installe son imaginaire. On pénètre par effraction dans un monde intimiste et sensible, celui de l’artiste, pour son plus grand plaisir puisqu’il le donne en partage. Anto Alquier |
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Dans l'atelier de Philippe Berthommier |
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Exploitation pédagogique de l'exposition
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Travaux d'élèves
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