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Site de l'artiste : www.helgastubernicolas.com

 

Vue partielle de l'exposition brisures de mines de crayons sur papier 14x10cm 2004

Lire la présentation de l'exposition par Anto Alquier

Lire l' entretien de l'artiste avec les élèves

Exploitation pédagogique (PDF) :

Français 6èmes

Français 5ème A

Français 5èmeB

Arts Plastiques

 

En PDF :

images   du vernissage 

 

brisures de mines de crayons sur papier 14x10cm 2004

Présentation de l'exposition (Anto Alquier)

Helga Stüber - Nicolas est née à Hanovre en Allemagne.

Elle poursuit ses études à Paris ou elle apprend le dessin et la gravure.

Après avoir pratiqué la peinture et la photographie, elle se concentre sur le dessin à la mine de plomb. Ce travail l’amène à développer un travail de plasticienne autour d’un médium exclusif, le crayon de couleur qu’elle expérimente depuis quelques années.

Elle vit et travaille à Montpellier depuis 2001.

 

Si pour la plupart d’entre nous le crayon de couleur sert au coloriage, voire au dessin, Helga STUBER l’utilise d’une manière inattendue et plutôt originale. Ici, il devient un matériau à part entière qu’elle exploite au titre de la matière et de la couleur par le biais de ce modeste outil qu’est le taille-crayon. Mine, bois, la totalité de l’objet est utilisée pour réaliser des œuvres planes, en léger relief, sur support toile ou papier, dans des formats variés présentés avec raffinement dans des caisses bois. La 3ème dimension se présente sous forme de sphères.

 

Les mines, méticuleusement aiguisées de manière régulière, sont accumulées et collées en couches successives. Du rouge au bleu, en passant par les jaunes verts et violets, les couleurs sont déclinées en tons variés dans des monochromes parfaits et denses ou en camaïeux dont les dégradés se succèdent sans rupture, sans frontières visibles. Les passages se font en douceur, par diffusion ; parfois des picotements de complémentaires émoustillent la surface mais on ne ressent jamais une rupture. Pas de violence : le geste est absent ; la matière fine, délicate et lumineuse, faite de cônes effilés est déposée en épaisseur régulière. Elle est immobilisée dans sa fragilité mais paradoxalement, elle palpite à cause du fourmillement inextricable qu’elle présente… On se trouve devant un champ coloré étincelant qui semble se dilater au-delà des limites du cadre. C’est un espace ouvert, en expansion, dilatable à l’infini qui active puissamment la vision du regardeur et le plonge dans une contemplation silencieuse. On ne peut s’empêcher d’évoquer la peinture des « colors fields » américains et plus particulièrement Rothko même si les formats des œuvres d’Helga Stüber Nicolas sont plus confidentiels !

 

Le bois des crayons habilement et minutieusement taillé donne des formes légères, aériennes, extrêmement fragiles, ourlées d’une mince bordure de couleur qui en souligne l’aspect dynamique. Les copeaux ordonnés en fines compositions horizontales, s’alignent comme une écriture, dessinent des images. Un crayon aiguisé de bout en bout  fournit une volute ininterrompue qui s’étire majestueusement en une longue spirale de quatre-vingts centimètres de haut! Une performance ! Des dentelles à bord coloré recouvrent des sphères comme des écailles et les animent d’une vie intense. Hirsutes, elles suggèrent une danse frénétique, le désordre et le chaos ; sagement collées et ordonnées on perçoit un calme relatif. Ces globes évoquent-ils une planète qui se couvre de déchets, soumise à des énergies contraires, où la force et la fragilité sont en lutte permanente ?

 

L’objet, détourné de sa fonction fait penser aux transgressions des Nouveaux Réalistes après les années 60, mais le propos est ici tout autre ! Arman cassait, brûlait, César accumulait, mettant l’accent sur la société de consommation. Ici, prime le respect et l’amour de l’objet choisi pour son usage et sa beauté (l’artiste dit ne pouvoir travailler qu’avec de « beaux » crayons). La contrainte du tout, sa mise en pièce jusqu’aux limites de son anéantissement sont des exigences qui en épuisent les ressources et confrontent sa puissance à sa fragilité.

Si l’on considère l’infinie patience et la minutie que demande un tel travail (alors que l’artiste se déclare « impatiente » !), on se trouve face à une conception du temps à l’opposé du temps social, du temps éducatif, du temps économique où il faut aller vite, fragmenter les tâches, changer souvent d’activité, cliquer, zapper, pour avoir la sensation de vivre pleinement. C’est l’éloge de la lenteur, de la persévérance qui engendrent équilibre, sérénité et poésie.

 

Anto Alquier

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Entretien avec les élèves

    Vous inspirez-vous de la réalité pour créer vos œuvres ?

Oui, mais je la transforme en abstraction. Je passe mon temps à regarder, par exemple, je regarde la couleur d’un mur et cela m’inspire pour une prochaine œuvre. 
 
 

    N’est-ce pas lassant de travailler toujours sur le même matériau ?

C’est lassant quand on n'a plus d’idées, lorsque cela arrive, je change de technique, je fais de la photographie ou autre  chose comme tailler des crayons ou faire des encadrements ! Ce qui est exposé au collège de Riscle représente une  partie de ce que je crée. Je n’ai pas fait le tour du crayon de couleur comme matériau, il y a encore beaucoup d'autres possibilités non exploitées et actuellement, je me lance dans des œuvres en trois dimensions comme par exemple des installations et des suspensions. 

         Quelle est votre notion du temps quand vous créez vos œuvres ?

Dans la vie, je cours beaucoup et je suis très impatiente ! Créer est une sorte de thérapie pour moi. Lorsque je travaille, il me faut beaucoup de temps et beaucoup de patience. J'aime cette mode du manger lentement, le «slow food» et pour les arts plastiques le «slow design» car je pense qu'à notre époque, les gens font tout trop vite. Pour moi, le temps est une notion essentielle.  
 
 

    Pour vous, vos œuvres appartiennent-elles à  un mouvement de peinture ?

Je suis catégorisée comme étant minimaliste. Mais je n’aime que l'on  mette une étiquette sur mon travail. Je laisse aux autres le choix de me classer dans un mouvement lorsqu'ils en ont envie !

Cependant, je me sens assez proche du mouvement Color field et du peintre Rothko, les couleurs de l’exposition y font d'ailleurs référence. Je me sens mieux dans les couleurs vives que dans le noir et blanc car je trouve que c’est plus facile pour faire passer mes émotions. 
 
 
 
     Comment vous organisez- vous pour pratiquer votre métier ? Avez-vous assez de place dans votre atelier ?

J’aime être très disciplinée ! Tous les matins à neuf heures, je suis dans mon atelier toute seule. Je ne peux travailler qu’avec la lumière du jour. Évidemment, je trouve mon atelier trop petit ! C’est un garage dans mon jardin que j’ai aménagé. Je me sens bien dans ce lieu car il est en dehors de la maison tout en étant très proche. 
 
 
      Sur les sphères, les copeaux sont collés de façon réfléchie. Pouvez-vous nous en expliquer la raison ?

Les deux sphères me font penser à la terre et j’ai collé les copeaux en spirales pour créer  un mouvement, comme des tourbillons et j’aime ce graphisme.

L’intérieur  des sphères est en polystyrène. Avant de coller les copeaux,  je les peins. Pour la sphère et les volutes, j’ai utilisé des crayons de très haute gamme venant du Japon. Ils sont  en bois de cèdre qui est d'une grande souplesse . 


 
     Utilisez-vous des tailles crayons spéciaux?

 

Non, j’utilise le taille crayon le plus simple, celui que vous utilisez en classe ! Par contre il me faut énormément de lames ! 
 
 
    Comment faites-vous pour avoir des bords aussi précis?

Pour avoir des bords très précis, je fixe tout autour un scotch. Je l'achète dans les magasins spécialisés. Je peux le retirer sans qu’il arrache le papier. Sauf sur l’œuvre (N° 28  ) ou la peinture a débordé malgré le scotch. Je me suis servie de cet accident pour cette œuvre et ensuite pour d'autres œuvres, je l’ai fait exprès ! 
 

    En quoi certaines expositions vous ont-elles inspirées?

Visiter des expositions me donne de l’énergie et l’envie de travailler. Je regarde les cadres, les couleurs et cela me donne des idées, de l’inspiration. J’aime le plaisir de regarder le travail des autres artistes! 
 

    Je trouve les copeaux très difficiles à manipuler. Comment vous y prenez-vous?

J’ai plusieurs outils dont le plus précieux est la pince à épiler. J’en ai de plusieurs sortes et de plusieurs grandeurs. 
 
 

    J’ai remarqué que votre signature était très discrète. Pouvez-vous nous en donner la raison  ?

Je le fais exprès ! C’est un acte militant ! J’ai horreur qu’un artiste soit plus important que son œuvre. Je n’aime pas le culte de la personnalité. 
 
 

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