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Frédéric Jaulmes

http://www.fredericjaulmes.net/

 

Boule de vie 2010


Lire la présentation de l'exposition par Anto Alquier

Entretien avec Frédéric Jaulmes

Nocturne musicale   

Images du vernissage  (en PDF)

Exploitation pédagogique (PDF) :

 

Français 6èmes (Bénédicte Granier)

Français 4a (Aurélie Almeida)

Français 3a (Bénédicte Granier)

Espagnol 5èmes (Marie - Cécile Manciet)

Physique 4èmes (M. Chataigner)

Arts plastiques (Sylvie Pavlik)

 


Présentation de l'exposition par Anto Alquier

Frédéric JAULMES vit et travaille à Montpellier . Photographe, il travaille pour des agences, des artistes et des galeristes pour qui il réalise affiches et catalogues. Il approche dans son travail la sculpture du verre ce qui va l’influencer énormément dans ses recherches personnelles qui vont le conduire à l’univers de la glace.

On dirait une grosse bulle de savon capturée dans le ciel, ou posée dans l’herbe, ou coincée contre un rocher. Mais elle est si grosse qu’on se pince pour y croire ! Alors, plutôt boule ? Bulle, boule, voilà des homonymes presque homophones ! A leur seul énoncé, on entend que l’un respire la légèreté et l’autre la lourdeur. En effet, ce n’est pas une bulle, légère, miroitante, mais une boule, pleine, pesante, transparente. C’est une boule de glace. Nous voilà donc en train de disséquer un leurre : ce que je vois n’est pas ce que je crois, ce que mon expérience visuelle me dit. Cette forme sphérique aérienne, fragile, qui devient le miroir du paysage est de pure fabrication. Frédéric JAULMES la réalise patiemment par couches successives d’eau pure congelée. Il la place dans un lieu choisi, dans une lumière solaire recherchée et la photographie selon un cadrage précis. Rien ne transparaît de cette  installation, dans l’image grand-format tirée selon le procédé de la digigraphie*. La mise en espace savamment étudiée, accrédite l’idée de la bulle de savon qui nous renvoie au monde merveilleux du rêve où tout est lumière, transparence et beauté. Un contraste troublant s’établit entre ce qui semble être et ce qui est ; la photo n’est plus le témoin objectif de la réalité mais un leurre qui permet d’accéder à une autre perception du monde. Ceci, à travers une double image : l’image du paysage réel qui se présente sous l’objectif, avec son étendue, sa ligne d’horizon, et celle de son image, renversée, emprisonnée dans une sphère où le ciel et la terre jouent à la culbute. Le paysage se referme sur lui-même et fonctionne comme une petite planète en lévitation. Pourtant, tout est faux. Ce que l’on croit léger est lourd, ce que l’on pense vide est plein ; ce qui semble figé pour l’éternité ne dure qu’un instant. La glace sous l’effet de la température ambiante, de l’air et du vent, fond rapidement et emporte l’image. Sa surface transpire, trouble les formes, le paysage se défait, une goutte se détache. Le titre de chaque photographie qui précise exactement le lieu et l’heure de la prise de vue, à la seconde près, souligne combien ce temps suspendu fixe ce qui ne sera plus. On se prend à contempler ce monde figé dans une beauté sereine et colorée comme si c’était une boule de cristal dans laquelle on cherche notre avenir.

A l’étage de la galerie, d’autres boules… ! Trois installations présentent des sphères recouvertes d’une fine couche de terre prélevée sur le lieu même de l’exposition. Elles sont " irriguées " au goutte à goutte depuis un " ballon " d’eau de pluie recueillie à Riscle ! L’eau s’immisce par capillarité dans les interstices de la terre, et peu à peu des milliers de points verts éclosent en fragiles feuilles, mousses, fougères. Un tapis de verdure plus ou moins épais s’empare de la terre au gré de la seule énergie conjuguée de l’eau, de la lumière et de la température. Nous voilà revenus aux origines du monde, à la naissance de la première plante, à sa multiplication. On est interloqué par cette manifestation rudimentaire de la vie sur cette planète en miniature qui évoque l’abondance et la fécondité, le ventre de la mère et la terre nourricière.

Frédéric JAULMES nous émerveille. Il nous promène dans un rêve éveillé, à la rencontre des éléments aux sources de la vie. Il révèle l’insolente beauté naturelle et la pureté de ce qui nous entoure. Le dépouillement de ses images et la simplicité de ses installations renforcent le caractère fragile et éphémère de toute existence. En fait, il donne le désir de regarder la nature avec un œil attentif afin qu’elle soit pour chacun, un espace harmonieux de méditation et de paix.

A.Alquier

 

*Les photographies tirées en Digigraphie ont par définition un nombre d'exemplaires limité ; les tirages numérotés sont limités à 7 exemplaires et signés de la main de l artiste. Elles sont imprimées sur un papier d'art haut de gamme avec des encres pigmentées qui garantissent la pérennité de l’œuvre.

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ENTRETIEN AVEC MR. FREDERIC JAULMES

 

- La notion du temps a-t-elle de l'importance pour vous ? Existe-t-il des périodes où vous travaillez plus que d'autres ?

Oui, j'aime prendre mon temps même si cela n'est pas toujours facile ! J'apprécie ce qu'il y a autour de moi. J'aime observer et contempler la nature, c'est primordial pour moi ! J'ai des périodes de repos mais lorsque mon activité professionnelle me laisse du temps, je reprends mon travail et je ne pense plus qu'à cela, cela devient presque obsessionnel...

- Le mouvement écologique vous intéresse t-il ? En êtes-vous proche ?

Oui, c'est une de mes préoccupations principales actuellement. Je suis attiré par tous ceux qui travaillent avec la nature. Je pense être le seul à travailler sur les sphères en glace et en terre où il ne rentre aucune composition chimique, ce n'est que de la matière naturelle.

- Que pensez-vous du Land Art ? Comment choisissez-vous le lieu où vous prenez vos photographies ?

En effet, je me sens assez proche du Land Art. C'est assez similaire avec le travail que je fais.

Quant aux lieux où je prends mes photographies, cela est souvent dû au hasard de mes promenades.

- Travaillez-vous seul ou en équipe ?

Je travaille seul mais il m'est arrivé d'avoir besoin de l'aide d'un ami pour tenir la boule de glace pendant que je photographiais.

- Je trouve cette exposition très colorée. Avez-vous songé à travailler en noir et blanc ?

J'ai déjà dans le passé fait deux triptyques en noir et blanc. Je songe à l'avenir en faire d'autres car j'aime ce contraste de noir et de blanc. J'envisage aussi de faire des photographies de nuit.

- Pouvez-vous nous parler du support de vos photographies ? Comment sont-elles collées dessus?

Le support est en aluminium , le papier photographique mat et velouté est à base de coton. Un scotch double face de grande largeur fait le joint entre le support et le papier. J'ai désiré ne pas mettre de cadre que je trouve restrictif ni de vitre à cause des reflets.

- Le côté éphémère de votre œuvre est-il un atout, un signe de préciosité ou plutôt une contrainte?

C'est un peu tout à la fois ! J'aime cependant photographier ce qui est en mouvement, ce qui est vivant. Il est plus intéressant pour moi de prendre en photographie une boule de glace qui est en train de fondre (préciosité du temps) qu'une boule de terre où il ne se passe rien. La contrainte est dans le stress de prendre de bonnes photographies en un temps restreint.

- Pouvez-vous nous expliquer la technique pour faire vos boules de glace ?

J'utilise deux moules à pâtisserie qui constituent les deux demi-sphères. Je les relie entre elles par un joint en caoutchouc puis je perce un des moules sur le dessus pour remplir le tout d'eau déminéralisée et je les mets au congélateur pendant une dizaine de jours. Ensuite je les sors, j'enlève le joint et chauffe les moules pour que la glace se détache. Elles font en général vingt centimètres de diamètre et elles pèsent environ huit kilogrammes. Il me faut une dizaine de jours pour les fabriquer et je n'en crée que deux ou trois en même temps.

- Quel est le principe de la digigraphie ?

La digigraphie est un label créé par Epson. Ce procédé numérique garantit une durée d'une centaine d'années grâce à son papier d'art haute gamme et ses encres pigmentées.

- Avez-vous déjà pensé à faire vos boules avec d'autres matières ?

Non, pas pour l'instant, mais un élève d'ici m'a donné l'idée d'un mélange terre et glace : pourquoi pas ? Je vais y réfléchir …

 - Je me suis demandé si les rochers sont vrais sur certaines de vos photographies ?

Ce ne sont pas des rochers mais des blocs de béton qui servent de brises lames pour les vagues à Sète. Ils font à peu prés deux mètres sur deux mètres et pèsent dix à quinze tonnes. J'aime leurs arêtes précises et rectilignes, l'opposition entre leur coté lourd et la rondeur mais aussi la fragilité de la boule de glace.

- Pour les installations, vous avez choisi la sobriété. Pourquoi ne pas travailler plus leur présentation ?

C'est un choix personnel, la sobriété est une recherche particulière. Il est plus difficile de supprimer que d'ajouter ! Je veux supprimer le superflu car en montrant peu de choses, on voit l'essentiel.

- Est-ce que vous essayez de représenter la légèreté dans vos œuvres ? Si oui, pourquoi avoir choisi ce matériau: la glace ?

Je suis fasciné par la glace qui fond. Pour moi, elle évoque la légèreté. J'aimerais être libéré de l'apesanteur et pouvoir voler !

- Votre art a-t-il des répercussions sur votre humeur ?

Oui, beaucoup ! Je suis très énervé avant de faire des expositions. Je suis tracassé quand certaines choses ne fonctionnent pas et pendant le temps de la création, je suis obsédé par mon travail. Mais par contre, je peux être très heureux quand j'ai réussi ce que je voulais faire !

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