photographies rencontres et vernissage | |
Nocturne musicale : les sages voleuses | Exploitation pédagogique de l'exposition |
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Daniel CHOMPRÉ partage sa vie entre
Paris en début de semaine et son atelier de Neuilly en Sancerre. C’est
une ancienne école de la république encore habitée par ses cartes des
départements et régions de France. Elève des Beaux arts de Paris et d’Helsinski,
il se dirige vers la création de tapis, de tapisseries, puis s’oriente
vers le décor et les costumes de théâtre pour les grands établissements
d’Europe. Tout cela, sans cesser d’exercer son travail personnel de
peintre.
« La peinture de Daniel Chompré est souple et voyageuse » écrit Gilbert Lascault. Ses lieux d’exposition sont habituellement des lieux chargés d’histoire pour lesquels il réalise des mises en espace Chompré aime les vieux tissus, ceux qui ont déja servi, qui portent l’empreinte d’une autre vie, d’un autre usage . Il leur offre un autre destin . Ici, ce sont des toiles de lin provenant de sacs à pain destinés aux hôpitaux militaires, munies d’oeillets en métal pour les fermer. Remis à plat, ils sont un support imprévu d’une belle qualité. Très jeune, Chompré a décidé que l ’économique ne devait pas entraver son désir de créer. D’où le choix de la toile libre, sans chassis. Bien lui en a pris, car, à la réflexion, cette toile qui se plie et se roule, qui se transporte aisément, qui peut suivre tous les déplacements de l’artiste sans problème de place et de manutention, est d’un certain confort et correspond à l’idée de nomadisme, de nouveaux lieux à occuper. Créer, bouger, ne pas se laisser enfermer par les problèmes matériels. Simplicité, économie, la pénurie, le manque obligent à l ‘inventivité . « Les gens de ma génération se sont intéressés au problème du support souple de la peinture. J’y ai ajouté le caractère nomade et pliable. La peinture peut ainsi m’accompagner dans mes déplacements et permettre à mon travail d’être présenté » Respectueux du support, il organise son dessin selon les pliures de rangement du tissu. Ceci crée une géométrie imparfaite, brouillée à base de carrés et de rectangles. La partition de la surface s’anime de graphismes linéaires, fins, répétés, rompus parfois par une courbe aléatoire provenant d’un faux pli ou inventée.. .Réalisés avec des batons de paraffine ou de cire ils repoussent les encres qui vont imprègner les vides. Daniel Chompré teint plus qu’il ne peint ! Le dessin posé, la toile est imbibée d’encres, souvent de brou de noix qui donne des tons chauds de terre et d’ocre. Ou bien, la couleur est frottée, mainte fois frottée sur la toile jusqu’à obtenir une patine.. Placée sur des supports rugueux, la matière épouse les aspérités, les couleurs se mèlent et ainsi, une unité chromatique de tons rabattus irise la surface. Parfois les cires sont ramollies avec un diluant ce qui a pour effet de mélanger les teintes, de les assourdir, de les étaler en petites taches mobiles et orientées...Le jeu serré du « gras » et du « maigre » crée un effet de moirage, des reflets chatoyants. La toile qui ondule devient une tenture évoquant d’autres cultures, d’autres pays, d’autres civilisations comme le peintre aime tant les découvrir à travers la collection de textiles que réalise son épouse Tuulikki. Les papiers sont traités de manière différente. Leur fragilité –consistance du buvard, ils « boivent »l’encre et la peinture -nécessite un marouflage sur contreplaqué. La feuille est divisée en plusieurs rectangles horizontaux et chacun d’eux reçoit plusieurs couches de couleurs, passées les unes après les autres à travers une tarlatane. L’arrachement produit des lacunes qui laissent voir les dessous. Il se produit un effet de matière qui brouille les teintes, choisies pour leur complémentarité ou leur parenté. On dirait un vieux mur peint et repeint, usé par le temps, qui s’est écaillé dont on découvre les couches accumulées. Usure, usage, palimpseste, le travail de Chompré porte la trace de gestes anciens. Il ne renvoie pas à une identité , ni à une imitation, ni à une ressemblance, mais permet au regardeur de s’inventer de nouveaux territoires. Anto Alquier |
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Exploitation pédagogique de l'exposition
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De quelle origine êtes-vous ? Je suis né à Paris dans la banlieue et j’avais toute ma vie depuis vingt ans envie de m’enfuir, donc je pensais être marin mais c’était une rêve, on m’a fait voir la réalité et je suis rentré à l’Ecole des Beaux-Arts. Depuis quand faites-vous ce métier ? J’ai dû commencer vers l’âge de 25ans. Quel outil utilisez-vous le plus ? La cire en forme de bâton. Après je passe un jus dessus à base de brou de noix. Quelle est votre couleur préférée ? J’aime beaucoup le bleu mais ce n’est pas pour cela que je peins tout en bleu, Est-ce que vos voyages vous ont influencé dans votre travail ? Un peu sans doute, mais je n’ai pas vu tant de pays que ça, je voyage beaucoup dans ma tête. Avez-vous des enfants qui pratiquent la peinture ? Non, nous avons un fils qui est batteur de rock. En quels pays avez-vous exposé vos oeuvres ? En Finlande, au Japon, en Arabie, là où on m’ invite. Avez-vous déjà peint avec un autre artiste ? La peinture est une activité très solitaire généralement, il y a des artistes qui peignent à quatre mains mais je ne l’ai jamais fait. Connaissez- vous des artistes qui travaillent comme vous ? On se croit tous unique il peut y avoir des similarités dans mon travail et celui d’une autre personne sur cette planète, mais je ne connais pas personnellement quelqu’un. A quel moment de la journée préférez-vous peindre ? Le matin, j’aime la lumière du matin, je suis un lève-tôt. Pourquoi choisissez-vous de travailler sur du tissus ? Les peuples nomades ont utilisé les tissus ou les tapis car ils pouvaient les rouler afin de les emporter et cette idée de liberté de mouvement me plaît. J’ai commencé à peindre sur du tissus quand j’étais étudiant car je n’avais pas les moyens de payer des toiles sur châssis. Mon professeur de peinture était choqué de me voir peindre sur de la toile libre ; je n’ai jamais compris son étonnement. Où trouvez-vous vos tissus ? Cela dépend, parfois dans un marché aux puces en chinant et parfois c’est ma femme Tuulikki, qui est collectionneuse de tissus, qui les trouve pour moi. Travaillez-vous debout ou assis ? Je travaille debout devant une table car je dois tirer la toile vers moi afin de leapeindre progressivement, c’est très fatigant. Comme j’utilise beaucoup de matériaux très liquides je dois peindre à plat pour ne pas que ça coule. Pourquoi utilisez-vous des couleurs sombres ? En fait j’utilise des couleurs très vives en forme de bâtons à la cire comme vous quand vous étiez à l’école maternelle, mais après je passe le brou de noix dessus qui assombrit la couleur et j’aime cette douceur. Je ne fais pas de la publicité, je ne vends rien, je ne veux pas du fluo, j’aime vieillir ainsi mes toiles. Combien de temps mettez-vous à faire vos oeuvres ? C’est impossible de répondre avec précision car c’est variable, je peux passer tout une vie en reprenant un tableau afin de travailler dessus encore et encore ou parfois l’oeuvre est finie en peu de temps. Quels sont les peintres qui vous ont le plus marqué ? Un artiste du XVème siècle qui s’appelait Fra Angelico qui était un des premiers artistes à utiliser très peu de couleur. Il a réalisé des fresques pour ses apprentis moines, dans chacune de leur cellule, avec trois couleurs seulement, parfois trois gris. Il y a aussi Philippe de Champaigne, un peintre du XVIIème siècle que j’apprécie beaucoup, et en peinture contemporaine j’aime le travail de Marc Rotko. Pourquoi y a-t-il autant de géométrie dans votre travail ? Il y de la géométrie partout autour de nous, parfois quand j‘étale les tissus il y a des plis très marqués qui restent donc ces plis jouent un rôle dans la composition. Je travaille avec eux au lieu de les annuler, j’accepte les choses telles qu’elles se présentent, c’est une sorte de paresse si vous voulez. Quelle est votre oeuvre préférée ? Je n’ai pas de préférée je les aime toutes, ce sont comme mes enfants je ne peux pas en aimer une plus qu’une autre. A Riscle le 21 février 2014 |
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